Critique – The Grand Budapest Hotel

Critique – The Grand Budapest Hotel

Le meilleur qualificatif des films de Wes Anderson est certainement « ovni du cinéma ». The Grand Budapest Hotel est là pour nous confirmer cette réputation. Avec un cadre et une mise en scène réglés au cordeau, le tout agrémenté d’une extravagance, nous avons encore une fois les ingrédients magiques du style Anderson. Prenons une chambre au Grand Budapest Hotel!

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Wes Anderson est un réalisateur à part entière. C’est un univers et une mode cinématographique à lui seul. Je vous invite à regarder La Vie aquatiqueLa Famille Tenenbaum ou plus récemment Moonrise Kingdom. Alors que l’enfance est souvent le thème abordé par le réalisateur, le sujet est tout autre ici. Le décès de la responsable d’un grand hôtel et les soupçons de meurtre de son légendaire concierge M. Gustave dont l’acteur est Ralph Fiennes (Voldemort dans la saga Harry Potter). Le scénario n’a pas d’importance, puisqu’il est juste le support de la mise en scène excentrique si chère à Wes Anderson. The Grand Budapest Hotel est millimétré dans sa visualisation, on peut notamment citer quelques points omniprésents : une symétrie de l’image, des points de fuites, des placements d’acteurs ou de prises de vue. Tout est précieusement orchestré.

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C’est ici la patte du réalisateur. Utilisant avec brio différents formats d’images, il obtient un effet de parallélisme en format 4:3. Ce film étant le récit d’un récit et d’un troisième autre, le passage les différents récits s’effectue en changeant de format d’image. Pour les années 30, la majeure partie du film a utilisé ce format carré, rarement projeté de nos jours. Ce changement ne choque pas et ne sera pas remarqué pour les personnes qui n’y prêtent pas attention. Ces effets de mise en scène sont en adéquation avec le format proposé durant le film. A noter également, que une scène est en « motion-capture »,une des premières technique utilisée au cinéma. Elle consiste à prendre successivement une image à la suite des autres d’un objet en mouvement, pour l’animer. Cette scène s’intègre très bien dans le film et rajoute un coté humoristique. C’est assez intéressant de noter ce genre de technique dans l’accès au numérique est si facile. Voilà pour la technique du film.

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Mais The Grand Budapest Hotel, c’est aussi des acteurs. Nombreux sur l’affiche, il n’est porté que par Ralph Fiennes en son rôle de gentleman, bien habillé, parfumé, éduqué et qui forme son second, le groom Zero Moustafa interprété ici par Tony Revolori. A eux deux, ils portent le film avec beaucoup de classe et un standing propre à leurs rôles. Ils sont entourés par une multitude d’autres acteurs aux rôles plus ou moins importants : Saoirse Ronan (Les Chemins de la liberté), Mathieu Amalric (Quantum of Solace), Adrien Brody (Minuit à Paris), Willem Dafoe (Nymphomaniac), Jeff Goldblum (Jurassic Park), Harvey Keitel (Pulp Fiction), Jude Law (Sherlock Holmes), Bill Murray (SOS Fantômes), Edward Norton (Fight Club), Tilda Swinton (Snowpiercer, le Transperceneige), Tom Wilkinson (Mission impossible : Protocole Fantôme), Owen Wilson (Les Stagiaires), Léa Seydoux (La vie d’Adèle) et également Bob Balaban (Monuments Men). Oui, c’est une liste vertigineuse. J’ai pris le temps de vous la citer pour vous illustrer la capacité qu’a le réalisateur à nous époustoufler dans le casting de ses films, tout en vous laissant la découverte de leurs rôles respectifs. Avec des rôles plus ou moins importants dans The Grand Budapest Hotel, les classiques d’Anderson, Bill Murray et Owen Wilson sont tout aussi époustouflants. Avec le regret qu’ils y font des caméo, plus qu’autre chose.

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The Grand Budapest Hotel est inspiré de Stefan Zweig, un écrivain dramaturge, journaliste et biographe autrichien. Il a connu la montée du nazisme et s’en est inspiré dans nombre de ses oeuvres. Nous retrouvons dans ce film une illustration de l’arrivée de la guerre. Mais étant une fiction, celle-ci n’est pas présentée comme la seconde guerre mondiale. On ressent néanmoins l’apparition des codes nazis (grands drapeaux, habillement). Cette inclusion est très bien illustrée, ajoutant une pression à l’histoire, sans non plus s’y arrêter.

Ce film n’est pas, à mon sens, un film grand public. Du fait de cette codification et de cette mise en scène extrêmement calculée, The Grand Budapest Hotel peut être oppressent  à cause du manque d’échappatoires visuels. A vouloir pousser son style jusqu’à ses limites, on coupe accessibilité de l’oeuvre ce qui n’enlève en rien son intérêt.

Brody in The Grand Budapest Hotel

The Grand Budapest Hotel est l’expression poussée à l’extrême de Wes Anderson. Une mise en scène extrêmement travaillée dont les points forts sont : symétrie du cadrage, points de fuite, positionnement des acteurs, script, musique. Rien n’est laissé au hasard et c’est une réussite. Cette comédie est fine et recherchée mais, de part sa conception, non accessible à tous. Je vous invite à vous y arrêter si vous êtes intrigués par ce style, et à découvrir cet excellent réalisateur qu’est Wes Anderson.

 

Critique - The Grand Budapest Hotel
The Grand Budapest Hotel est l'expression poussée à l’extrême de Wes Anderson. Une mise en scène extrêmement travaillée: symétrie du cadrage, points de fuite, positionnement des acteurs, script, musique. Rien n'est laissé au hasard et c'est une réussite.
Acteurs
Scénario et mise en scène
Image et son
On aime bien
  • La mise en scène
  • Les acteurs
  • Le style incontournable Anderson
On aime moins
  • Pas d’échappatoire visuel
  • Caméos d'acteurs ne pouvant en profiter plus
4.4Note Finale
Note des lecteurs: (1 Vote)