Critique de La jeune épouse d’Alessandro Baricco : nous nous sommes tant aimés !
La jeune épouse est le treizième roman d’Alessandro Baricco dont j’avais apprécié Chateaux de la colère et adoré le splendide Soie. Alors un nouveau coup de cœur pour ce nouvel opus du célèbre romancier italien?
Une étrange histoire
La jeune épouse arrive le jour de ses dix-huit ans dans La Famille du Fils pour se marier avec lui, chacun de ces membres étant nommés par leur fonction, un peu comme dans le jeu des sept familles. On ne connaîtra pas ni leurs noms, ni leurs prénoms. Mais le Fils n’est pas là. Il est en voyage d’affaires en Angleterre, cette riche famille italienne du début du XXème siècle qui a fait fortune dans le commerce des laines et des tissus. Ce n’est donc pas dans une famille comme les autres que débarque la jeune épouse, et ce d’autant plus que tous ses membres meurent la nuit. C’est pour cela que le petit déjeuner est le repas le plus important de la journée, comme la célébration d’un sursis.
Séparés par l’obligation du sommeil, nous nous réformons en tant que famille et confluons dans la grande salle des petits déjeuners, au rez de chaussée, telle une rivière souterraine qui aurait jailli au grand jour et annoncerait la mer. Le plus souvent, nous le faisons en riant.La jeune épouse, p.13
Une interminable attente pour la jeune épouse et pour le lecteur
Une fois le décor campé avec moult détails baroques sur cette étrange famille qui apparaissent souvent comme une apparence d’originalité (Modesto, leur fidèle serviteur ne s’exprime souvent que par des raclements de gorge dont la famille maîtrise désormais la grammaire), eh bien on va attendre le retour du fils que Baricco, qu’on a connu plus enchanteur dans ses récits, va tenter plus ou moins bien de mener à son terme, à travers d’inévitables mais de prévisibles rebondissements, au fil d’un récit au style un brin chic qui manque de fraîcheur et laisse le lecteur pantois devant la faiblesse de l’intrigue et le manque de force de l’ensemble du roman. Et ce ne sont pas les quelques allusions ampoulées au passé de cette famille qui sauve La jeune épouse ni les réflexions sur le livre en train de se faire qui tiennent un peu du procédé. Par conséquent une fois le livre refermé, on se dit : What else? Une déception ! Alors un conseil, relisez Paulina 1880, un roman de Pierre Jean Jouve qui se passe en Italie et qui conte avec chair et style les amours de Paulina. Autrement plus fort et intense!
Pour un avis différent sur La jeune épouse : http://www.motspourmots.fr/2016/05/la-jeune-epouse-alessandro-baricco.html
- Une scène érotique
- L'histoire pas assez vraisemblable
- L'interminable attente et donc l'ennui