Chorus est le sixième long métrage du Québecois François Delisle. Il a été présenté au festival de Sundance ainsi qu’à la 65ème Berlinale et a déjà reçu les éloges des critiques. Le film nous raconte l’histoire de Christophe et Irène qui vivent à des milliers de kilomètres l’un de l’autre depuis la disparition de leur fils, il y a dix ans. Christophe vit de petits boulot au Mexique tandis qu’Irène est restée à Montréal, où elle chante dans une chorale. Chorus c’est le destin qui réunit ces deux êtres séparés par un terrible drame. Comment le réalisateur s’en est-il sorti sans tomber dans le pathos ?
Chorus nous prend à revers. En effet, l’enlèvement de l’enfant – qui aurait pu être le point de départ de l’histoire – a eu lieu il y a dix ans. Ce sont les aveux du kidnappeur qui ouvrent le film. Ce qui intéresse le réalisateur ici, c’est le couple et leur façon de réagir, de se reconstruire après l’événement. Et pas la résolution d’une enquête policière.
Christophe (Sébastien Ricard, comédien et également chanteur du groupe Loco Locass) vit au Mexique, avec le strict nécessaire. Une petite maison toute simple, un matelas par terre, des plongeons dans l’océan où les vagues l’entourent de leur force. C’est une vie solitaire et silencieuse, un point commun avec celle d’Irène (Fanny Malette, Les 7 jours du Talion), malgré la musique qui rythme sa vie. La réalisation sans fioriture et les images en noir et blanc viennent appuyer la frugalité de ces deux existences. Un coup de fil de la police va faire revenir Christophe à Montréal, à ses souvenirs, à son ancienne vie. Chorus va suivre les quelques moments d’un couple encore endeuillé et dont la reconstruction ne semble jamais vouloir se terminer.
Le sujet de Chorus est d’une dureté extrême. La déposition du coupable est crue et sans filtre (oreilles sensibles, éloignez-vous de votre écran !). François Delisle raconte une histoire bouleversante et triste sans jamais verser dans la sensiblerie. Pas de grand déballage de haine ou de propos larmoyants, mais beaucoup de sobriété. Ce qui frappe d’ailleurs tout de suite, c’est le calme qui règne sur Chorus. Peu de musique et pas de long discours, même lorsque la douleur est là, violente et brutale. On observe les deux protagonistes, qui sont deux âmes brisées et gardent le visage sombre et la parole rare. Malgré la distance – propre et figurée – qui les sépare, ils gardent en tête le même refrain, qui revient comme un poème.
Les retrouvailles entre Christophe et Irène sont une parenthèse qui recrée des liens enfouis sous le deuil et le chagrin – encore une chose qui fonctionne à l’inverse de ce à quoi on est habitué. Dans Chorus, l’amour est bien présent, dans les regards et les non-dits, et tisse la toile ténue d’une relation fragile et pourtant bien ancrée dans le cœurs des deux héros.
Si vous voulez lire un autre article sur le film Chorus, c’est sur Cinoche.com.