C’est une histoire que l’on croirait d’un autre siècle. Free Love (en V.O Freeheld) raconte le dernier combat de l’inspecteur de police Laurel Hester (Julianne Moore, Still Alice) qui se meurt d’un cancer et voudrait que sa jeune compagne Stacie (Ellen Page, Inception) puisse toucher sa pension. Dans le Comté de l’Océan où vivent les deux femmes, les droits des couples homosexuels ne sont pas les mêmes que pour les autres et la requête de Laurel se heurte au conservatisme local. Un drame politique et sentimental écrit par Ron Nyswaner, un scénariste engagé qui avait déjà signé le script du cultissime Philadephia. Free Love est-il le film vibrant que l’on attend ?
Nous sommes au début des années 2000 – ne vous fiez pas au brushing « Farah Fawcett » de Julianne Moore – et Laurel est une brillante inspectrice de Police du New Jersey. Discrète sur sa vie privée, elle n’a dit à personne, pas même à son partenaire et ami Dane Wells (Michael Shannon, Take Shelter), qu’elle vivait avec Stacie Andree,une jeune mécanicienne. La rencontre entre les deux femmes est naturelle, facile et assez banale. Un couple normal, qui rêve d’avoir une maison, un chien et une vie tranquille. Peter Sollett veut l’authentique plus que le sensuel (Free Love n’est pas Carol). Le réalisateur marque sa volonté de coller à la réalité, de nous montrer que, malgré la discrimination dont elles sont victimes et les gens qui pointent du doigt leur prétendue singularité, elles se fondent dans le paysage.
Peu de temps est accordé au développement de la romance puisque, rapidement, on en arrive à l’enjeu crucial de Free Love : le combat de Laurel Hester contre le cancer et surtout contre les lois qui régissent son comté de résidence.
Cet aspect plus politique et plus militant de Free Love est aussi le plus dense. Malgré cela, les deux actrices principales gardent la même extrême sobriété dans leur jeu. Pas de transport d’émotion et si peu de larmes dans leurs yeux. Si peu de passion dans leurs paroles (constat valable également pour leur histoire d’amour). Un contraste saisissant face à l’intensité de Michael Shannon et le militantisme haut en couleur du personnage interprété par Steve Carell (Foxcatcher, The Big Short). Ce dernier met sa folie et son enthousiasme au service de son personnage d’activiste gay qui prend beaucoup d’épaisseur, et le pas sur notre protagoniste.
C’est peut-être ce qui va décevoir dans Free Love. Une héroïne en retrait. Ainsi qu’une mise en scène sans envergure qui ne parvient pas à rendre hommage au destin incroyable de cette femme courageuse. Si la reconstitution des faits est soignée, le réalisateur semble avoir négligé l’aspect purement cinématographique de son film. Le rendu final un peu timide comparé à l’importance du sujet traité.
Pour un autre article sur Free Love, c’est par ici : Studiocinelive.