Entre deux films de Terrence Malick – Knight of Cups et Weightless – Nathalie Portman (Thor : The Dark World) prend le colt et le stetson pour Jane Got a Gun, un western signé Gavin O’Connor, que l’on connaît surtout pour le superbe Warrior sorti en 2011. Une histoire de vengeance à l’ancienne, avec une femme dans un rôle qu’aurait pu tenir Clint Eastwood à l’époque, ça laisse espérer beaucoup de bonnes choses. Pourtant, Jane Got a Gun était mal parti : Lynne Ramsay, qui devait au départ le réaliser, a démissionné, suivie par plusieurs acteurs. Ensuite, c’est le distributeur qui a fait faillite. Tous les ingrédients du film maudit. Finalement, comment s’en sort ce film qui a failli ne jamais rencontrer un grand écran ?
Le mari de Jane, Bill Hammond (Noah Emmerich), revient chez lui après une longue absence. La joie de sa femme est de courte durée car il est gravement blessé. Il a échappé de peu au gang des Bishop Boys, mené par John (Ewan McGregor – vous aurez un peu de mal à la reconnaître) qui sont un peu navrés de ne pas lui avoir fait la peau.
Plutôt que de s’enfuir devant cette bande de hors- la-loi qui ont les chicots aussi pourris que leurs âmes, Jane décide d’aller chercher de l’aide auprès de Dan Frost (Joel Edgerton, Exodus), un voisin – c’est comme ça qu’on appelle le gars qui vit à une heure de cheval de chez vous – et de rentrer chez elle attendre les malfrats, bien décidée à les tuer jusqu’au dernier.
En ce début d’année, le western a le vent en poupe. Après les étendues neigeuses des Huit Salopards, c’est l’aride Nouveau-Mexique qui s’étend à perte de vue dans Jane Got a Gun. Cactus, poussière et saloon : les bonnes vieilles recettes fonctionnent bien en général. Si le décor est impeccable , le scénario semble ne pas soulever bien haut les nuages de poussière. Les histoires de vengeance sont un grand classique du genre mais on espérait un scénario moins prévisible et plus de peps. Certains attendaient un film féministe – héroïne courageuse oblige – j’attendais surtout que le film prenne un chemin plus défini. On suit l’histoire sans s’ennuyer – grâce à un joli dernier acte – mais sans être passionné pour autant. Les dialogues sont en dent de scie, les clichés et autres flashbacks à l’eau de rose s’invitent souvent au menu et on remarque pas mal d’incohérences qui seraient passées inaperçues (en tout cas, qui nous auraient moins sauté au visage) avec une intrigue plus palpitante.
Les bandits sont patibulaires à souhait avec leurs visages constellés de cicatrices ou de tatouages. Oui, vous aurez aussi du mal à reconnaître le beau Rodrigo Santoro (Che, Love Actually) dans la peau de l’un d’entre eux. Ils sont si bien grimés qu’ils ne font même plus peur. Notre héroïne est belle, fine et fragile au milieu de ce monde plein de testostérone et de crasse. Et pourtant.
L’acteur qui brille dans Jane Got a Gun n’est pas Nathalie Portman comme on l’attendait, mais Joel Edgerton. La comédienne, oscarisée pour Black Swann en 2011, campe un personnage en retrait, contrairement à ce que laissait présager l’affiche du film. L’identification à Jane est difficile, malgré un courage et un sang-froid à toute épreuve et les généreuses doses de malheur qui l’accablent. C’est l’histoire de Dan Rush qui va nous émouvoir, de façon inattendue. Un personnage à l’image de son interprète qui reste discret malgré une filmographie ultra-remplie.
Pour un autre article sur Jane Got a Gun, je vous conseille celui de culturebox.