Tom McCarthy n’est pourtant pas le réalisateur auquel on aurait pensé dès le départ. Habitué à des comédies, il s’attaque avec Spotlight à l’envers du décor du journalisme en adaptant un scénario qui figurait dans la Blacklist depuis 2013, une liste des meilleurs scénarios qui n’ont pas encore de producteurs. Cette histoire, inspirée de faits réels, permet de mettre en valeur des problèmes de sociétés qui touchent la population. Spotlight vaut-il le coup ? Voici notre avis sur le film !
C’est avec l’arrivée d’un nouveau rédacteur dans le Boston Globe que le film commence. Avec une baisse de popularité pour le journal, il souhaite que Spotlight, une équipe de journaliste investigateurs, dirigé par Walter Robinson (Michael Keaton qui revient en force à Hollywood après Birdman) avec Michael (campé par un très bon Mark Ruffalo), Sacha (Rachel McAdams qui montre encore son talent après la saison 2 de True Detective), dévoile au grand jour un scandale qui pourrait affecter l’Eglise sur une affaire de pédophilie. Ils vont réaliser que leur enquête n’affecte pas seulement l’Eglise mais va également atteindre les fondements de la justice et du journalisme, ce qui mettra à mal leurs visions de la société. Cette enquête ô combien difficile leur permettra d’obtenir le prix Pullitzer et de mettre à jour un énorme réseau de pédophilie dans le monde.
Spotlight possède ce que peu de films peuvent obtenir : la puissance sans en dévoiler. Tout le film repose sur l’enquête et sur la quête des informations pour découvrir la vérité et dévoiler au grand jour la conspiration qui se joue de la population. Il était facile de tomber dans le choquant et dans la facilité avec une histoire pareille mais Spotlight choisit de jouer la carte de la subtilité et de toucher à travers les dialogues et l’implication des personnages. On suit cette équipe unie dans laquelle chacun va voir sa vision de la société chamboulé par autant de révélations. Et c’est à cause de ses révélations que Spotlight arrive à atteindre le spectateur. Le film aborde plusieurs questions sociales qui nous font perdre nos repères sur les instances sociétales car on ne sait plus sur quoi se reposer. Entre l’Eglise et ses abus de confiance, la justice et ses avocats avides, les journalistes et leurs problèmes de responsabilités, on ressent un certain malaise en voyant le film. Spotlight joue avec notre regard et tente de le détourner, afin de nous faire prendre conscience qu’il existe des monstres dans notre société, même là où l’on s’y attend le moins.
Ce sentiment de malaise que procure Spotlight est confirmé par une réalisation bien maîtrisée. Tom McCarthy ne se préoccupe pas d’apporter des effets de styles bien spécifiques mais se contente avec le montage et la direction photographique d’apposer une ambiance et un rythme non-linéaire qui permettent de suivre agréablement les personnages. Une mise en scène efficace, accompagné par des dialogues incisifs qui nous permettent de nous immerger naturellement dans l’œuvre. On notera également une très belle musique, à la fois mélancolique et dramatique, qui accompagne la désillusion des héros face à leur découverte. Spotlight est un film qui maîtrise son sujet et qui sait où il doit aller. Il utilise les bons moyens pour faire passer ces idées, d’où sa force et sa virtuosité.
Spotlight n’est cependant pas dénué de défauts. C’est le problème de ce genre d’histoire et de direction prise. Car pour qu’une enquête, inspirée de faits réels, soit vraiment rendu réaliste pour les yeux du public, l’enquête peut piétiner. Il y a beaucoup d’interrogations sur la responsabilité du journal pour la publication de l’article, certains éléments ne peuvent pas être confirmé d’où la poursuite de l’enquête. Autrement dit, il y pas mal de longueurs. On comprend aisément ce qui passe, le film est assez accessible sur ce point mais il est vrai qu’il y a des moments où l’on décroche car ça devient linéaire et long. La réalisation et les révélations viennent dynamiser l’ensemble mais les longueurs ne sont cependant pas excellemment bien exploités et viennent vraiment ralentir le rythme du film.
Car oui, le problème avec Spotlight, ce sont les personnages. Les acteurs sont tous très bons (en particulier Mark Ruffalo) mais c’est plutôt sur leur profondeur et sur leur psychologie que le film dévoile ses faiblesses. On sent que l’équipe est soudée et également marquée par leur enquête mais on n’apprend presque rien leurs motivations, sur leur vie et sur leurs opinions. Spotlight nous montre des personnages affectés mais on a du mal à s’attacher à eux car on ne comprend pas et on nous montre pas pourquoi ils sont autant impliqué dans le projet. On devine qu’ils veulent démasquer au grand jour ce réseau pour éclairer la population mais on aurait pu ressentir une implication personnelle plus poussée chez les personnages pour mieux s’y attacher. Spotlight se concentre sur l’enquête et survole la surface de ses personnages qui aurait pu apporter un impact encore plus grand au film, dommage.
Spotlight est un très bon film qui se repose sur des valeurs sûres pour raconter une histoire forte et qui ne vous laissera pas de marbre. Il ne tombe jamais dans la démesure et peut se vanter d’apporter une vision puissante et subtile sur cette histoire vraie. Mais quelques défauts viennent noircir le tableau entre ses longueurs mal exploités et ses personnages qui manquent de profondeur. Toujours est-il que Spotlight aura sans doute un très beau parcours lors des Oscars pour sa maîtrise et son accessibilité.
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