Youth est le nouveau film du réalisateur napolitain Paolo Sorrentino à qui l’on doit La grande Bellezza, présenté au festival de Cannes cette année et retraçant des histoires de famille, d’amour et d’amitié. L’amitié est illustrée par les deux personnages principaux : Fred Ballinger (Michael Caine) un chef d’orchestre à la retraite et Mick Boyle (Harvey Keitel) un réalisateur refusant d’admettre qu’il est dépassé. Les autres personnages se rattachent à cette amitié, lui conférant un caractère central dans le film. Youth est une réflexion sur le temps qui passe, l’altercation entre les jeunes et les plus âgés et la mélancolie éprouvée par ces derniers.
La musique occupe une place importante dans Youth, tout d’abord parce que Fred Ballinger, le personnage principal, était chef d’orchestre mais aussi pour continuer dans cette vision orchestrée du paysage qui entoure les personnages. La plupart des scènes sont parfaitement gérées grâce à des slow motions, des zooms ou encore un son amplifié et travaillé, tout cela créant une ambiance rassurante. Fred Ballinger est prié de mener l’orchestre pour la reine d’Angleterre et il est torturé par cette décision tout au long du film, apprenant des évènements autour de lui.
Certaines scènes sont absolument drôles, toute la blague autour de la vieillesse des deux amis Fred et Mike livre un comique de situation agréable.
Les acteurs sont si naturels dans leurs rôles respectifs que l’on ne peut s’imaginer un autre casting, la révélation de Youth étant Paul Dano qui interprète impeccablement un acteur californien blasé mais très mature et observateur. Notamment dans la scène finale de son personnage qui est assez hilarante, ce jeune acteur gagne en présence scénique dans ce rôle intéressant et cynique loin des clichés (qu’il a su éviter habilement au long de sa carrière).
Racheil Weisz, qui assurait également la promo du film The lobster pendant le festival cannois, change pleinement de registre dans Youth avec un rôle plus ingénu et fragile qui lui réussit puisqu’elle arrache quelques rires.
On retient également le caméo de l’actrice Jane Fonda, superbe allégorie du temps qui passe dans un rôle à la fois taquin mais très authentique, grâce à qui est introduit une scène très émouvante à la mise en scène géniale où Mike fait face à son héritage cinématographique. Le personnage interprété par Jane Fonda se veut également sincère face à l’industrie du cinéma, sûrement une opinion partagée par le réalisateur Paolo Sorrentino, puisqu’elle délivre un dialogue honnête et direct à propos de la carrière de son ami de longue date.
Le manque de rythme est cependant présent, les scènes ne sont parfois pas liées de façon fluide ce qui gêne un peu la transition de l’intrigue mais c’est surtout la lenteur de la plupart des dialogues qui ralentit le film. Avec le traitement de sujets très sérieux, cette lenteur aggrave la thématique et n’en alourdit que plus les dialogues. C’est dommage car Youth propose une intéressante réflexion sur la mélancolie et le temps qui passe en général.
Cependant, la mise en scène et toute la partie esthétique du film est si bien travaillée que le film reste un plaisir à voir. Néanmoins, étant donné qu’il a divisé le public cannois pendant le festival, il est justifié de se créer sa propre opinion sur Youth, un film décidément controversé.
Une autre critique du film par Le figaro.