It Follows fait appel à une peur qui vous tiendra aux tripes très longtemps : imaginez être poursuivi par une créature invulnérable qui, peu importe où vous irez, vous poursuivra comme si vous aviez un mouchard sur vous. Imaginez ne pas pouvoir dormir car vous devez être toujours attentif à ce qui vous entoure et dans la crainte d’une mort violente. Voilà dans quel état est le personnage principal d’It Follows. Et votre état à la fin du film sera proche de la paranoïa !
It Follows est le deuxième long métrage de David Robert Mitchell après The Myth of the American Sleepover : la légende des soirées pyjamas (2010). Il raconte l’histoire de Jay (interprété à la perfection par Maika Monroe qui joue également dans Last Days of Summer ou Bling Ring), une personne comme les autres qui a le malheur d’avoir couché avec une personne qui lui refile une sorte de malédiction. En effet, suite à cette relation, Jay va se faire poursuivre par une créature invincible qui la pourchassera sans fin à la manière d’un T-600 (Terminator) ou de Michael Myers (Halloween). Il existe toutefois un moyen de se débarrasser de cette créature. En effet cette malédiction est une MST (Malédiction Sexuellement Transmissible); il suffit donc de coucher avec une autre personne, et cette créature s’en prendra au nouveau malchanceux, puis une fois qu’elle l’aura tué elle reviendra vers sa précédente victime.
Ce scénario n’a pas l’air très original. En effet, sur le papier, on dirait un simple Slasher movie, mais It Follows est tout le contraire. En effet les personnages sont loin d’être stupides, hormis un peut-être, mais les autres se creusent les méninges en permanence et la stratégie finale est loin d’être bête. De plus ceux-ci sont très profonds, la relation entre chacun est vraiment très bien menée. Un point plutôt appréciable est qu’il n’y a qu’un seul personnage menacé à la fois. Cela permet de faire une pause entre chaque scène de forte tension lorsque la camera s’intéresse à un personnage secondaire. Je trouvais qu’It Follows mettait trop de temps à démarrer en s’attardant trop sur les personnages pour un film d’horreur avec un scénario si classique. Mais au final c’est une bonne chose car une fois que It Follows démarre vraiment, on craint réellement pour la vie de Jay. Une chose que j’aime beaucoup avec It Follows est que pour une fois on n’a pas d’allusion à la religion (avec une créature qui tue des personnes ayant commis le péché de chair, ça aurait pu être tentant). De plus on ne développe pas le « spectre » à l’instar du Joker dans Batman de Nolan, on ne sait pas d’où il vient et on ne veut pas le savoir, car cela le rend bien plus flippant.
It Follows fait-il peur ? Oui ! En plus de faire appel à la peur viscérale d’être suivi par une créature invincible, It Follows arrive parfaitement à vous faire ressentir la détresse et la panique de Jay. Une scène a même éveillé un puissant sentiment de terreur panique chez moi. La tension est très bien gérée, il n’y a que très peu de jump-scare et ils sont très bien utilisés. La créature changeant d’apparence en permanence, on ne sait jamais comment et où elle apparaîtra. D’ailleurs It Follows s’en amuse à l’aide de répliques comme : « Vous voyez tous cette femme ? » Ah oui, car j’ai oublié de vous dire que le scénario a ajouté un élément, histoire de rendre ce « spectre » bien plus flippant : il n’est visible que par ses victimes. Cette idée de génie stagne dans la tête de David Robert Mitchell depuis un cauchemar d’enfant. Une chose est sure, je n’aimerais pas être dedans !
Une chose que vous remarquerez dès le début de It Follows, c’est sa musique. Je dirais même qu’elle est trop présente au début, mais au final cela passe très bien. L’ambiance sonore accompagne parfaitement les scènes de tensions. Les notes de synthé passant d’une oreille à l’autre sont accompagnées par un thème puissant, marquant, angoissant et même envoûtant (l’effet très fluide du son passant de droite à gauche de votre tête aide beaucoup à cet effet). J’ajouterai une chose qui m’a marqué : la ressemblance entre certains thèmes plus « posés » de It Follows et des musiques de Terminator et vraiment ça passe super bien. J’aime beaucoup le lien que cela crée entre les deux univers. Bref vous l’aurez compris de ce côté-là, c’est une pure réussite également. L’image est vraiment super bien travaillée, la créature (qui change d’apparence en permanence) est très bien rendue, chacune de ses apparitions étant plus magnifiquement réussie. Certains plans de It Follows sont vraiment sublimes. Toute la scène de la piscine est juste parfaite, magnifique et vraiment très bien filmée. Du grand art !
Vous aurez compris je vous recommande chaudement ce film. Mais n’y allez pas dans le même état d’esprit que pour un Saw, car il n’y a aucun moment qui pourrait prêter à sourire, allez-y plutôt comme devant un Conjuring ou un Insidious. Dans tous les cas allez-y !
Si vous voulez d’autres critiques de It Follows, vous pouvez aller ici ou là.
