Initialement, L’étudiante et Monsieur Henri est une pièce de théâtre, créée par Ivan Calbérac en 2012. Son succès sur les planches le pousse par la suite à réaliser un film. L’histoire nous présente la rencontre de deux générations : Constance, une jeune étudiante, arrive à Paris et se heurte au problème que tous les étudiants, notamment parisiens, connaissent, celui du logement. Monsieur Henri, septuagénaire bougon, possède un appartement spacieux et un fils, Paul, qui décide de mettre en location une chambre dans l’appartement de son père. Paul, un quadra marié avec Valérie – catholique très croyante, vit une vie très carrée où l’inattendu n’a pas de place. Dans cette histoire, centrée sur la chambre à louer, chacun retrouve son intérêt. Paul attend que le locataire prenne soin de son père malade, Constance y voit un logement pas trop onéreux et Monsieur Henri trouve une occasion de bousculer la vie de son fils en le séparant de Valérie qu’il n’apprécie pas. Inutile de dire qu’un vrai chaos va se créer et impacter la vie de tous les personnages.
Personnellement, ce film a attiré mon attention uniquement grâce à la présence de Guillaume De Tonquédec dans le rôle de Paul (Barbecue), qui m’avait bluffé par son interprétation du premier trombone de l’Orchestre philharmonique de Radio France dans Le Prénom. Une fois de plus, cet acteur crève l’écran et manie les dialogues et les émotions comme un virtuose. Mais heureusement, L’étudiante et Monsieur Henri ne se résume pas à un seul acteur. Le casting entier est remarquable en commençant par l’impressionnant Claude Brasseur (Le Souper, La Colère du Tigre, entre autres) qui joue Monsieur Henri ou Frédérique Bel (Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu?) qui a le rôle de Valérie, épouse de Paul. Et même la jeune et encore peu connue Noémie Schmidt (Le Premier Eté), interprétant l’étudiante, a su s’imprégner du rôle et incarner au mieux la jeune fille un peu perdue dans sa vie.
En parlant de jeunes, c’est justement le temps de mentionner ma réserve concernant L’étudiante et Monsieur Henri. En effet, le seul point négatif que je trouve à ce film est l’image que l’on donne de la jeunesse d’aujourd’hui. Les jeunes sont perdus dans leurs vies, sans objectifs, sans envies, ils fument et boivent à tout va et même en solo dans leurs cuisines ; les jeunes couchent et mentent à droite et à gauche, incapables d’avoir un dialogue avec leur parents, …. Certes, tout ceci et même plus est complétement réel et existe beaucoup trop souvent, malheureusement, mais tous les jeunes ne sont pas ainsi et, surtout, on n’est pas non plus obligé d’accumuler tous ces vices. J’en connais des jeunes autour de moi qui se battent pour réussir de belles choses dans leurs vies, qui foncent malgré les obstacles de la vie vers les objectifs qu’ils se fixent.
Malgré ce bémol, j’ai passé un très bon moment devant L’étudiante et Monsieur Henri. Les dialogues sont malins, le texte est saupoudré d’humour, parfois noir et cynique et tant mieux. Le film est un peu sirupeux, très drôle, un peu dur et cruel et très réaliste. On passe du fou rire à la tristesse en permanence comme sur les montagnes russes. C’est intergénérationnel, ça parle aux ados qui se cherchent et cherchent une utilité à la vie, aux quadras tiraillés entre jeunesse partie et vieillesse qu’on ne veut pas voir arriver et aux « troisièmes âges », agacés ne serait-ce que par cette formule – troisième âge, et qui ont été mis par la vie devant le fait accompli de la vieillesse. C’est donc sans réserve que je vous souhaite de passer un bon petit moment en regardant L’étudiante et Monsieur Henri.