Lolo est le sixième long-métrage de Julie Delpy, qu’elle a co-écrit avec Eugénie Grandval. Une histoire d’amour et de famille comme elle les affectionne, avec Vincent Lacoste dans le rôle-titre. La semaine de sa sortie (le 28 octobre), le film est passé en tête du box-office français et pourrait être le plus gros succès populaire de l’actrice-réalisatrice. Quels sont les secrets de ce joli démarrage ? Lolo va-t-il séduire la France entière ?
Violette (Julie Delpy), parisienne pur jus de 45 ans est directrice artistique dans la mode. En thalasso à Biarritz avec son amie Ariane (Karin Viard, La Famille Bélier), elle fait la connaissance de Jean-René (Dany Boon, Supercondriaque) un informaticien, dont la beaufitude s’étend du prénom à la garde-robe. Contre toute attente, ils s’entendent à merveille et leur relation devient sérieuse. Mais, c’était sans compter Eloi, alias Lolo (Vincent Lacoste, Hippocrate), 19 ans, le fils de Violette, bien décidé à faire fuir Jean-René par tous les moyens. Car le jeune homme, longue silhouette enveloppée dans un perfecto de cuir et des slips colorés, cache sous ses sourires enjôleurs une personnalité diabolique.
Eloi attaque d’abord à grand coup de microcosme parisien. Un grand classique ! Il sourit à Jean-René mais rit de ses origines et de son incapacité à s’adapter à la vie citadine. Le Biarrot est en effet incompatible avec les soirées parisiennes, les vernissages et les jeans à la mode. De son appartement à sa cravate trop large, tout est bon pour rejouer le match Paris/Province.
Autre tactique employée : la reconquête du territoire. Le jeune homme revient vivre chez maman pour mieux pourrir la vie de tout le monde. Mais Lolo n’est pas Tanguy. Il est parfaitement capable de vivre seul. C’est un enfant-roi, comme nous le montre le générique, un film d’animation où le personnage central se promène sans quitter sa couronne. Il règne sur son petit univers et surtout sur sa mère. Beaucoup de thèmes sont abordés dans Lolo, avec une causticité habilement adoucie.
Vincent Lacoste, aka Lolo, que Julie Delpy avait dirigé en 2011 dans Le Skylab (avec Karin Viard également), crève l’écran en manipulateur possessif, adorable et machiavélique à la fois, savant mélange de sourires hypocrites et de douce nonchalance. Sur l’affiche il est présenté comme une Lolita au masculin, le regard coquin au dessus des lunettes ultra-branchées. Il séduit les jolies filles mais celle qu’il embobine le plus, c’est sa maman chérie. Sa victime préférée dans le film, Dany Boon, complète le casting. Et la popularité de notre ch’ti national n’est peut-être pas étrangère au succès de Lolo. Son personnage de provincial mal fagoté est naïf mais pas idiot, maladroit mais touchant et sait se faire discret. Un bon point pour l’acteur.
Côté personnages féminins, celui d’Ariane est bien écrit et sied à Karin Viard, qui débite des répliques ultra-crues derrière ses lunettes strictes. Violette, archétype de la bobo parisienne névrosée suscite l’agacement et l’empathie. Comédie piquante et plus acerbe qu’il n’y paraît, Lolo brille grâce à ses acteurs et un bon sens de satire familiale et sociale. Le film connaît malheureusement des baisses de régime. Vers le milieu du film, on a cette impression de tourner un peu en rond, en attendant la prochaine vacherie du petit brun en blouson de cuir.
Lolo est une comédie efficace, originale, où l’on retrouve les thèmes chers à Julie Delpy tels que le sexe, la famille et les affres de la vie de couple. Les fans de la réalisatrice vont adhérer, même si l’ensemble n’a pas le charme de Skylab.
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