Nouvelle collaboration entre le réalisateur Noah Baumbach et sa compagne – l’actrice et scénariste Greta Gerwig –Mistress America est l’histoire d’une jeune étudiante qui fait ses armes à New York. Entre les images qui peuplaient son imagination et la réalité de la Grosse Pomme, il y a des différences irréconciliables qu’elle peine à accepter. Sa rencontre avec sa future sœur par alliance va complètement changer la donne. Enfin, la ville devient lumineuse, glamour et vraiment cool. Et l’entente entre les deux jeunes femmes est presque trop belle pour être vraie.
Tracy (Lola Kirke, Gone Girl) vient d’entrer à l’université à New York. Mais rien ne se passe comme elle l’espère. « On ne dirait même pas New York » confie-t-elle d’ailleurs à sa mère au téléphone. Sa colloc’ a le capital sympathie d’un Marcheur Blanc, le garçon qu’elle convoite, Tony (Matthew Shear), se case rapidement avec une certaine Nicolette, parano et d’une jalousie maladive, et elle se voit refuser l’admission à un prestigieux club de littérature. Sa mère lui conseille de contacter Brooke (Greta Gerwig, The Humbling), qui sera bientôt sa sœur.
En effet, le père de Brooke et la mère de Tracy doivent bientôt convoler en justes noces. Entre les deux jeunes femmes, le courant passe. Douze ans d’écart, c’est l’idéal pour que Tracy idolâtre et envie Brooke, la trentaine dynamique et super-hype, qui lui montre le New York de ses rêves. Elle a un appart’ original, plein de jobs complètement dingues, connaît du monde et a même créé une héroïne style personnage de comics, Mistress America. Et Brooke va devenir l’idole de Tracy, sa Mistress America et sa meilleur amie.
Comme il l’avait fait pour Frances Ha, Noah Baumabach dessine dans Mistress America le portrait de deux femmes avec beaucoup de sensibilité et d’humour. Pas de romance à l’horizon – et d’ailleurs, peu de conversation sur les relations amoureuses en général – mais une rencontre et une amitié fusionnelle. Tracy étant la narratrice, le spectateur va être aussi fasciné qu’elle par Brooke, longue fille toujours en mouvement et au sourire inaltérable. Impulsive et entreprenante, elle complète l’univers un peu bancal de sa sensible petite sœur.
Lola Kirke, peu connue du grand public, est une véritable révélation. Face à elle, Greta Gerwig incarne à merveille une femme un peu fofolle. La caméra de Baumbach suit les pas de ses deux héroïnes à travers une ville bouillonnante qu’on ne se lasse pas de voir au cinéma. La mise en scène de Mistress America est très intéressante car on a l’impression d’être au théâtre, et, pour les scènes se déroulant chez les amis de Brooke, dans une comédie de boulevard. On passe en un clin d’œil d’une pièce à l’autre et il y a même une petite estrade où les filles présentent un projet. Côté dialogues, ça fuse dans tous les sens – parfois, ça va vraiment très vite ! – et si on rit très souvent, les situations et les thèmes abordés sont touchants et universels : la fin de l’adolescence, toutes les questions que l’on se pose sur notre place dans la société et la fragilité de celle-ci.
Mistress America est une belle réussite, l’un des meilleurs films du réalisateur, où l’on retrouve sa mise en scène élégante et soignée, son humour et son talent pour raconter les femmes. Pour le voir, il faudra patienter jusqu’au 6 janvier et jusqu’au 8 pour se procurer la magnifique Bande Originale signée Dean Wareham et Britta Phillips.
Pour un autre article sur Mistress America, jetez un œil sur Rotten tomatoes.
http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19554176&cfilm=234193.html