Critique – Nous trois ou rien

Kheiron nous raconte le destin de ses parents dans Nous trois ou rien, son premier film. Notre avis.

Nous connaissons Kheiron, humoriste du Jamel Comedy Club et acteur dans la série Bref. Avec Nous Trois ou Rien, nous le découvrons metteur en scène. D’un petit village d’Iran à la banlieue parisienne, il retrace le parcours hors du commun de ses parents, Hibat et Fareshteh, qui ont fui la dictature de Khomeni avec leur tout jeune fils. Un film plein de sourires, d’espoir et de force. Un sans faute ?

Le Shah et la souris

Hibat Tabib (Kheiron) vit en Iran entouré de ses 11 frères et sœurs. Il est bon élève et veut devenir avocat. C’est un idéaliste qui s’intéresse très vite à la politique et n’adhère pas au régime mis en place par le Shah (Alexandre Astier, Une Rencontre, Astérix : le Domaine des Dieux) . Etudiant fougueux, il entre dans l’opposition, ce qui lui vaut d’être emprisonné – et accessoirement torturé – pendant plus de 7 ans. Un dictateur chassant l’autre, c’est Khomeny qui accède au pouvoir en 1979, après la révolution. Hibat épouse la belle Farishteh (Leïla Bekhti, L’Astragale), qui dans un climat de terreur, donne naissance à leur fils. La situation devenant dangereuse, Hibat et sa famille décident de fuir et partent pour la Turquie, puis la France. Un long périple qui se termine en région parisienne, où leur courage et leur dévouement vont être mis au service d’autres causes.

A l’instar de Roberto Begnini dans La Vie est belle , Kheiron prend le parti de l’humour pour raconter la tragédie, les sacrifices et les destins brisés. Le moment des repas dans la famille d’Hibat devient un jeu de stratégie et dans la prison où il sera enfermé plus tard, nous avons des scènes qui ressemblent à des sketches comiques, comme celle de la sacoche qu’il faut dérober au gardien ; ou encore des répliques dignes de blagues de stand up.

La très grande évasion

Nous trois ou rien comporte deux grands chapitres : l’Iran et la France, lié par le petit interlude de la Turquie. Dans le premier, plus politique, Hibat et ses camarades se battent pour une démocratie qui semble ne jamais vouloir arriver. Si l’émotion est là, elle est pudiquement couverte par les sourires des protagonistes et la caméra sensible de Kheiron. La présence d’acteurs de comédie – comme Kyan Khojandi (de la série Bref) – pour jouer les ayatollahs est une autre façon de détourner ce biopic du mélodrame. Les grands drames de Nous Trois ou Rien se jouent dans la discrétion, et le message d’espoir et de courage délivré par le film n’en est que plus fort. Il y a très peu de scènes où la violence est crue, tout est suggéré, les larmes d’un enfant pour un père décédé, les photos d’un bandeau blanc pour un camarade exécuté.

L’arrivée en France prend une tournure plus sociale et les combats mené par Hibat et sa famille se portent désormais sur la vie associative dans la cité des Poètes de Pierrefitte. Les majestueuses et menaçantes montagnes d’Iran ont laissé place aux sinistres barres d’immeuble et à un bonheur tout simple, celui d’être ensemble et en sécurité. L’humour est moins décalé, certains échanges sont un peu téléphonés et le récit menace de de basculer dans le sentimentalisme facile. Mais la bienveillance de Kheiron, son enthousiasme et le regard qu’il pose sur le destin de ses parents permettent à Nous Trois ou Rien de garder son cap.

Pour un autre article sur Nous Trois ou Rien , c’est sur Oblikon.

Critique - Nous trois ou rien
Un film touchant, réalisé avec bienveillance et sensibilité.
Acteurs
Mise en scène
Scénario
Images et son
On aime bien
  • L'humour sensible et décalé
  • Le message d'espoir
  • Le regard de Kheiron sur ses parents
On aime moins
  • On est à deux doigts de la mièvrerie à la fin
4.0L'avis
Note des lecteurs: (1 Vote)