La jeune Riley a dû quitter sa ville natale dans le Mid-Ouest pour venir s’installer à San Francisco, à cause du travail de son père. Elle essaie de s’habituer à cette nouvelle vie, guidée par ses émotions : la Joie, la Peur, la Colère, le Dégoût et la Tristesse. C’est depuis le Quartier Général, le centre de contrôle de l’esprit de Riley, que ses émotions la conseillent dans la vie de tous les jours.
Avant de vous parler du film, je vais aborder quelques notions du philosophe Descartes. Il est l’auteur de l’un des premiers traités philosophiques sur les émotions et les identifie en six émotions simples : Admiration, Amour, Haine, Désir, Joie et Tristesse. A l’heure actuelle, les psycho-sociologistes n’arrivent pas réellement à se mettre d’accord mais Paul Ekman – pionnier dans l’étude des émotions – décrit que les émotions de base sont la Joie, la Tristesse, le Dégoût, la Peur, la Colère et la Surprise. Le reste des émotions, comme l’amour ou la honte, ne sont que des émotions mixtes ou secondaires, un mélange des émotions primaires. Vice-Versa enlève la surprise, mais les autres émotions sont présentes.
Vice-Versa aborde la thématique des émotions. En réalité c’est même tout le contexte du film, vu que l’on rentre dans la tête de Riley et que le spectateur suit son évolution en fonction des siennes. Avant d’aller plus loin, je tiens à vous mettre en garde : la bande-annonce ne parle pas réellement du film et toutes les personnes avec qui j’en ai discuté m’ont dit la même chose : on s’attend à voir une sorte d’échange entre les individus, sous le contrôle des émotions, comme on peut le voir dans la bande-annonce. Rien de tout cela. Vice-Versa plonge le spectateur dans la tête de Riley et uniquement la sienne – sauf deux ou trois passages où l’on est dans la tête des parents, mais cela ne dure pas.
La tradition chez Pixar veut qu’un petit film d’animation précède le film. Ici, il se nomme Lava et parle de l’histoire d’amour entre deux volcans. Pixar sait jouer avec nos émotions et Lava met dans l’ambiance avant la diffusion de Vice-Versa : les yeux commencent à transpirer (parce que non, je ne pleure pas !). Et comme dans tous les films des studios Pixar, il y a plusieurs niveaux de lecture et je ne suis pas certain d’en avoir saisi toutes les nuances.
Aborder un thème aussi complexe que les émotions peut-être relativement casse-gueule si cela est mal mis en scène, surtout lorsqu’on le traite avec humour. Et c’est bigrement bien réussi. Les conflits entre les différentes émotions, Colère, Peur, Joie, Dégoût, Tristesse sont assez cocasses, comme par exemple lorsque Dégoût, Colère et Peur essayent d’imiter Joie. Pixar aborde avec doigté le passage de l’enfance vers l’âge adulte par la complexification – parfois conflictuelle – des émotions. Encore une fois, c’est une notion complexe à transcrire à l’écran.
Vice-Versa parle de ce qui se passe dans notre tête : la mémoire, l’imagination, le rationnel, etc… Tout est géré par les émotions et les spécialistes sont plutôt d’accord là-dessus. Je ne m’étendrais pas sur le sujet, trop glissant et surtout, je ne suis pas psychologue.
Dans la version française de Vice-Versa, de nombreux acteurs français ont prêté leurs voix pour faire vivre les émotions. Joie est doublée par Charlotte Le Bon (ex-miss météo de Canal+), Colère par Gilles Lelouche (La French), Dégoût par Mélanie Laurent (Insaisissables), Pierre Niney dans le rôle de Peur (Yves Saint Laurent) et enfin Tristesse par Marilou Berry (Vilaine, Joséphine). Ils sont plutôt bons et sont arrivés à m’émouvoir, comme seuls les studios Pixar savent le faire. Je me rappelle encore de Là-Haut, du Monde de Némo, de Wall-E, Monstre et Cie, etc. Tous les films sont riches en émotions et faire des émotions avec des émotions était une idée originale.
Comme je le disais, Vice-Versa centralise tout sur les émotions des émotions et c’est très réussi ! Ce qui cloche, c’est que les décors autour des « personnages » s’en trouvent très vides et répétitifs. Ok, c’est bien animé, mais j���aurai préféré plus de variété qu’un bête copier/coller. Avec le recul, je me rends compte que c’est un problème récurrent chez Pixar et que l’on a tendance à se concentrer sur l’histoire et des personnages.
Pour finir, heureusement que ce n’est pas une des filiales du studio qui s’est occupé de Vice-Versa, comme ce fût le cas pour Planes 2 ou Cars 2. Et c’est tant mieux car Vice-Versa est une réussite autant technique que scénaristique, même si je regrette que certains sujets ne soient pas abordés (comme le passage à l’adolescence) avec plus de profondeur. Vice-Versa n’est pas le meilleur film de Pixar mais il reste un petit succès que vous saurez apprécier par sa fraîcheur.