C’est avec un fan-film du jeu vidéo Portal que Dan Trachtenberg s’est fait remarquer et a tapé dans l’oeil de J.J Abrams. Pour son premier film, le jeune réalisateur s’attaque à un univers que tout le monde attendait et que personne n’aurait soupçonné. Après une annonce discrète il y a 3 mois et une campagne publicitaire rudement bien menée pour garder le mystère autour du film, 10 Cloverfield Lane sort sur les écrans pour le plus grand bonheur des fans de la première heure. Mais cette nouvelle vision satisfait-elle ? Voici notre avis sur 10 Cloverfield Lane.
Les bandes-annonces ont été faites pour garder un maximum de mystère autour de l’histoire. L’écueil a été facilement évité. C’est après un accident de voiture que Michelle (Mary Elizabeth Winstead qui s’est fait connaitre avec la saga Die Hard) se retrouve dans un bunker avec beaucoup de questions en tête. Elle est accompagné d’Emett (John Gallager Jr) et de l’hôte du lieu, Howard (John Goodman qui revient sur les écrans après Monuments Men), qui vont l’accueillir et s’occuper d’elle. Mais elle va réaliser que le monde qu’elle connaît n’existe plus et qu’elle va devoir cohabiter avec ces hommes mystérieux dans une atmosphère pesante.
Alors qu’on soit précis avant de commencer la critique, 10 Cloverfield Lane n’est pas réellement une suite à Cloverfield. On peut parler ici de Spin-off car cela reprend l’univers introduit par Cloverfield tout en changeant les personnages, le format et les thèmes. Car oui, alors que Cloverfield prenait le parti d’un found footage qu’il a remis au goût du jour, 10 Cloverfield Lane est un huis-clos entre 3 personnages qui veulent survivre pendant une attaque inconnue pour eux. L’aspect horrifique reste présent mais avec des tournures différentes notamment avec une ambiance oppressante et omniprésente entre les protagonistes. Le huis-clos est mené avec brio, que ce soit au niveau de l’atmosphère, de la mise en scène ou des personnages. Le virage à 180° que prend 10 Cloverfield Lane avec la franchise est rudement bien mené. Les producteurs ne sont pas tombés dans l’amalgame de refaire une suite insipide en found footage pour partir sur une dimension différente.
Car qui dit huis-clos dit enjeux différents. Alors que le premier film partait sur un film de monstres, 10 Cloverfield Lane part sur un film de science-fiction horrifique où le danger extérieur n’est que secondaire. Malgré le peu de personnages cloisonnés dans ce bunker, c’est de l’intérieur que va venir la menace. Howard, interprété par un John Goodman qui montre encore son excellence, est un personnage très énigmatique et assez violent. Les trois personnes vont essayer de cohabiter malgré leurs personnalités et leurs visions du monde. Malgré ce bunker aux allures de paradis, il cache de nombreux secrets que Michelle souhaite percer pour comprendre ce qui l’entoure et pour retrouver les siens. 10 Cloverfield Lane, malgré son format de huis-clos, nous offre une histoire bien rythmée avec beaucoup de suspense et de surprises qui vous feront trembler sur votre fauteuil.
Malheureusement, le film possède quelques défauts qui l’entachent et qui ne le met pas au niveau de la puissance du premier Cloverfield, malgré sa maîtrise. 10 Cloverfield Lane prend ainsi le parti pris d’un thriller horrifique mais ce retour aux sources à l’horreur classique s’accompagne de nombreux clichés perturbants et qui sortent le spectateur du film. La structure globale du film, malgré les révélations choquantes, reste assez classique, les personnages font exprès de ne rien dévoiler et certaines situations donnent une impression de déjà-vu (je ne vous en dis pas plus de peur de vous spoiler l’intrigue). Ces clichés ne sont pas trop présents mais cela entache un peu l’expérience.
Un autre problème aussi dans 10 Cloverfield Lane, c’est le traitement du personnage principal. Nous n’avons pas énormément d’informations sur Michelle, le traitement psychologique des personnages est bien travaillé mais pas assez poussé non plus. Et quand on voit que Michelle possède des capacités de survie, de défense et d’intuition vraiment hors normes, on se dit qu’il y a un petit souci. Elle est dépeinte comme une super-héroïne qui sait absolument tout faire. Beaucoup de choses sont justifiées mais certaines paraissent vraiment invraisemblables. On peut se dire que c’est sous le coup de l’adrénaline ou sous le feu de l’action mais ça reste assez incohérent. Cela ne m’aurait pas dérangé jusqu’à que 10 Cloverfield Lane aborde sa fin. Et c’est là où ce petit défaut m’a vraiment offusqué. Je vous laisse découvrir le film pour en juger mais le coté super-héroïne américaine est vraiment mis en avant et surtout « clichesque ».
Il m’est impossible de vous en dire plus, je préfère préserver le mystère pour que vous puissiez voir le film. Mais 10 Cloverfield Lane réussit son coup pour prôner le retour de la franchise, sous ce nouvel angle inattendu et rempli de surprises. Avec cette ambiance horrifique, ces nombreux thèmes qui vous feront réfléchir et avec cette histoire convaincante, vous passerez un agréable moment malgré les défauts cités. En espérant que, suite au succès du film, ils ne feront pas l’erreur de produire une suite directe mais d’aborder l’univers une nouvelle fois sur un angle différent pour créer quelque chose d’innovant.
Si vous voulez une autre critique de 10 Cloverfield Lane, nous vous invitons à regarder celle d’Ecran Large.