Zero Theorem clôture le « tryptique orwellien » du réalisateur. Une saga commencée il y a bien des années qui se termine par une satire acidulée de notre société actuelle. Zero Theorem nous donne à réfléchir mais que pouvons-nous tous saisir de cette critique ?
Terry Gilliam ne se présente plus. Ce réalisateur qui a su faire parler de lui dès 1975 avec Monty Python : Sacré Graal !, pour enchainer sur entre autre : Brazil, L’Armée des douze singes ou Las Vegas Parano. Avec ce bagage impressionnant, il est difficile de croire en une pomme pourrie dans le lot. Si sa filmographie comporte de nombreux films magnifiés, certains recevront des avis mitigés de la part du public. On pense souvent à sa dernière production en 2009, L’Imaginarium du docteur Parnassus qui fera apparaitre Heath Ledger pour la dernière fois sur le grand écran. Toujours dans la hantise des échecs successifs à son adaptation de Don Quichotte, nous attendions Zero Theorem au tournant, pour savoir si le trouble maestro allait nous captiver encore.
Zero Theorem se passe dans un futur indéfini. Qohen Leth (Christoph Waltz – Big Eyes, Comment tuer son boss 2), un informaticien vivant reclu du monde extérieur se voit confier par son « Management (Matt Damon – Monuments Men, Elysium) » la tâche de résoudre le « Zero Theorem ». Ce projet vise à résoudre une problématique complexe, à savoir si la vie à un sens. Dans sa tâche ardue, il est perturbé par Bainsley (Mélanie Thierry) et Bob (Lucas Hedges), le fils surdoué de Management.
Si ce plot peut paraître simple, il demande néanmoins beaucoup d’explications. Alors que la mise en scène est précise, le décor et les costumes sont travaillés, inspirés. C’est dans la compréhension du personnage de Qohen que va se jouer la trame de Zero Theorem. A l’instar des Wachowski (Jupiter : Le Destin de l’univers, Cloud Atlas), Terry Gilliam demande au spectateur une pleine attention pour déceler tous les sujets abordés et les interprétations que possède le film.
Zero Theorem termine ce que le réalisateur appelle le « tryptique orwellien » commencé par Brazil puis L’Armée des douze singes (à noter une adaptation en série de ce dernier). Cela permet de voir ici la critique soulevée par George Orwell et le maintenant célèbre concept du Big Brother. Sa prise de position est clairement kafkaienne, qu’elle soit au niveau de la publicité, des caméras omniprésentes ou de la vision de la vie. C’est une vue mordante de notre quotidien, d’une société hypocrite et dictatrice, l’interdiction de la plénitude de la vie ou, également, de la technologie qui renvoie à la solitude et l’isolement (superbe mise en scène de la soirée où tout le monde est connecté à sa tablette et ne discute avec personne). Gilliam décide de partir sur une conception d’opposition des genres.
Le personnage principal pourrait être qualifié de fou car rappelons-nous que « Dans un monde de fous, seuls les fous sont sains d’esprit », le caractère unique du personnage qui tente de faire face au communautarisme. Le chemin psychologique est complexe, intéressant et donnera sens au film une fois compris. Si cette approche peut être appréhendée comme vieillotte et dépassée de la part du réalisateur, il y aura ici beaucoup à débattre. Je me permets néanmoins d’exposer mon avis.
Zero Theorem semble un film pour simplement illustrer que la vie n’a pas de sens. Au-delà, il mettra en scène une critique sur l’isolement, la folie et la peur du quotidien, maux de notre société ou, plus simplement, de la vie elle-même. Terry Gilliam ne nous donnera pas LA réponse à la grande question déjà posée dans « H2G2 : le guide du voyageur galactique » mais nous donnera des pistes, assez difficiles à exploiter au premier abord pour tenter d’y répondre personnellement.
Si vous voulez en savoir plus sur Zero Theorem de Terry Gilliam, je vous conseille les liens suivants :
http://www.telerama.fr/cinema/films/zero-theorem,492186.php
http://www.avoir-alire.com/zero-theorem-la-critique-du-film