Westerado vient allonger la liste de jeux dont le thème n’est autre qu’un genre cinématographique : le western. Relancé avec l’excellent, le culte, le génialissime, l’inoubliable Red Dead Redemption (Rockstar, une suite vite !), le genre n’est pas né d’hier. Impossible de savoir avec exactitude quel fut le premier jeu à profiter de cette ambiance américaine, mais on peut remonter sans problème au fameux Outlaw d’Atari, sorti en 1975, un soft de duel évidemment minimaliste. Les éditeurs japonais ont tout de suite senti la bonne affaire. En effet quel meilleur contexte que le western pour profiter d’une situation purement en action ? C’est ainsi que Shérif, signé Nintendo, et Bank Panic sortirent avant les années 1980. Wild Gunman, lui aussi signé Nintendo et que les cinéphiles connaissent bien pour être apparu dans Retour vers le futur 2, continue de populariser le thème. D’autres titres viendront surfer sur la mode, comme le nanardesque et désopilant jeu de tir Mad Dog McCree, l’incroyablement difficile Gunsmoke de Capcom ou encore Sunset Riders, le très joli shoot’em up de Konami. Puis, la fin des années 90 a (malheureusement) été synonyme de lassitude, notamment des développeurs. On a bien vu sortir Outlaws, premier FPS western, signé Lucasarts, mais sorti en catimini sur PC alors que sa qualité n’était pas remise en question. Il fallu attendre quasiment dix ans pour que le thème revienne sur le devant de la scène avec Red Dead Revolver, un jeu au développement chaotique, commencé par Capcom, abandonné, puis récupéré par Rockstar. C’est un succès, avec plus d’un million de ventes, et l’arrivée de nouvelles générations de consoles (Xbox 360 et PS3), beaucoup plus soutenues par les éditeurs américains, permet au western de revenir, de temps en temps, sur le devant de la scène. Deux jeux, Call of Juarez et Gun, les amateurs sont contents et si on ne peut pas parler de hype, on sent tout de même un frétillement. Et, aujourd’hui, cet intérêt nouveau donne dans le néo-rétro avec Westerado.
Westerado vous met dans la peau d’un jeune cow-boy qui travaille paisiblement dans la ferme familiale. Les jours coulent aussi paisiblement que possible, quand l’horreur frappe. Alors que notre personnage est parti récupérer le bétail, sa famille est exécutée, et sa ferme brûlée. Le frère nous indique avoir aperçu un mystérieux desperado, qu’il commence à décrire, avant de succomber de ses blessures. Ni une, ni deux, vous vous lancez à la poursuite de l’ignoble meurtrier, dans un jeu de piste qui vous fera rencontrer et aider bien d’autres âmes en peine.
Westerado est un alléchant mélange de monde ouvert et de néo-rétro, le tout assaisonné de Qui est-ce ? Décrit comme ça, on pourrait avoir le vertige, mais rassurez-vous car rien n’est compliqué dans Westerado, même s’il vous faudra comprendre un anglais de niveau poussé. Aucune traduction n’étant prévu, vous devez être prévenu et réfléchir à deux fois avant de vous lancer dans cet achat, car la barrière de la langue peut s’avérer être un obstacle infranchissable tant Westerado fait la part belle aux dialogues, mais aussi aux jeux de mots.
Une fois prévenus, lançons-nous dans une partie de Westerado. On est agréablement surpris par l’aspect complet de l’expérience proposée. Les menus, clairs et complets, se découvrent avec un certains plaisir. La carte paraît assez étendue pour offrir l’enivrement de la découverte, plaisir qu’on ressent d’ailleurs assez longtemps. Le menu des missions est d’une simplicité étonnante, et le menu d’options propose tout ce qu’on attend de lui. Le dernier menu, celui du portrait-robot, est celui qui nous fait prendre conscience de la trame principale : une enquête qui, à chaque détail donné par un témoin, s’affinera et conduira tout droit vers lui. Mais rien n’est simple pour notre avatar, car les terres sont vastes, et les PNJ nombreux. Chacun d’entre eux peut être accusé par vos soins, donc c’est à vous d’arriver au portrait-robot le plus précis possible, afin de ne pas descendre un pauvre quidam dans un duel sans fondement. Dans Westerado il va vous falloir aborder les gens puisque les indices se récoltent en venant en aide à certains PNJ. Westerado vous fera voir du pays, et vous donnera du charisme à revendre. En effet, certains personnages feront appel à vos services, mais attention : rien ne vient signaler ces âmes en détresse. Dans Westerado, c’est vous qui décidez de parler ou pas aux personnages peuplant les décors. Vous serez poussé par le besoin d’affiner votre portrait-robot, mais vous pouvez très bien vous lancer dans un massacre de masse en tuant tout le monde. Mais attention, car vous n’êtes pas la seule gâchette de l’Ouest, et tous les PNJ sont armés, et dangereux.
On en vient aux combats de Westerado, qui ont de quoi décevoir. On vous conseille d’ailleurs de jouer à la manette, celle de Xbox 360 est totalement supportée. En soi, rien de bien compliqué : une première pression gâchette pour dégainer, une deuxième pour mettre en joue, une troisième pour tirer. Les balles sont infinies, et vous devez faire attention à bien recharger pour ne pas tomber en rade dans une fusillade. Le problème vient de la visée, assez ridicule. Pour toucher un ennemi, celui-ci doit être en face du bras de notre personnage. Ce qui provoque, donc, le calcul de devoir ne pas aligner les personnages, mais l’arme. Ce choix des développeurs de Westerado n’est pas heureux, et occasionne des situations pas très fines.
Heureusement, le travail sur l’ambiance de Westerado permet de passer outre ce gameplay décevant. On compte beaucoup de missions secondaires, des situations prenantes, et de véritables choix à effectuer. Vous pourrez aider un fermier à organiser un petit syndicat en l’aidant à réunir d’autres travailleurs, avant que ceux-ci soient utilisés pour prendre d’assaut un magnat local, dont la garde rapprochée n’aura aucun mal à vous balayer, définitivement pour vos compagnons (et aussi pour vous si vous avez choisi l’option de game over définitif). Ces camarades peuvent être utilisés autrement, dans d’autres missions secondaires. Et vous pouvez même devenir un homme de main du magnat bien entouré. Tout est selon la décision du joueur de Westerado. Signalons un système d’énergie très malin, symbolisé par des chapeaux : trois chapeaux, trois coups à encaisser. Mais ces couvre-chefs peuvent aussi avoir des effets bien utiles, comme éclairer les décors sombres d’une mine. On le voit, Desperado est certes néo-rétro, mais propose une expérience fondamentalement intéressante.
De par cet aspect de choix total, Westerado pousse à la rejouabilité. Tant mieux, car le tueur que le joueur recherche change à chaque nouvelle partie. Celle-ci pouvant durer une poignée d’heures, une durée de vie très conséquente donc, qui ne peut pas, à elle-seule faire passer la pilule du prix : quinze euros sur Steam. Ca fait beaucoup pour un jeu de type néo-rétro, nous vous conseillons donc d’attendre des soldes qui se chargeront de proposer un tarif convenable. Un mot sur le rendu technique, qui ne déçoit pas, et peut même conférer au magnifique. Le pixel art est décidément idéal pour travailler l’imagination du joueur, sur le même modèle que l’art figuratif. Évidemment, le style fait en sorte que Westerado est parfaitement jouable sur les plus humbles des machines (test effectué sur un PC portable AMD Dual-Core E1-2500, AMD Radeon HD 8240, 4 GB DDR3). Quand aux musiques, elles nous laissent un goût amer. Trop répétitives, thèmes pas assez nombreux, on regrette surtout le rendu trop gai de l’ensemble. Retourner sur le lieu du massacre initial, par exemple, laisse perplexe tant le morceau utilisé ne s’accorde absolument pas à ce qui est décrit. Un autre regret pour ce Westerado, loin d’être parfait mais dont l’aspect monde ouvert convainc totalement.
Au départ, Westerado était un jeu flash gratuit. Rendez-vous chez Adult Swim pour y jouer.
N’hésitez pas à lire d’autres test de Westerado, notamment chez Gamelove.
Visitez le site de Ostrich Banditos, le développeur allemand de Westerado.