Test – Infinity Runner

Infinity Runner, un calvaire sans fin.

Infinity Runner prend place dans un immense vaisseau, le plus grand construit de mains d’Hommes. L’Infinity mesure 150 miles de long (241 kilomètres) pour 30 miles de large (48 kilomètres), alors évidemment ça force le respect. Et c’est dans cette bâtisse spatiale titanesque, sensée être paradisiaque, que l’humanité prouve encore une fois qu’elle ne peut pas s’empêcher de faire régner le chaos. Certains des habitants sont fait prisonniers et deviennent des cobayes, d’autres sont massacrés sur-le-champ. C’est donc un joyeux bordel, quand un des sujets se fait réveiller par une mystérieuse voix, qui semble vouloir le faire sortir de cette situation critique. Le prisonnier commence alors une course effrénée vers sa liberté, il devient l’Infinity Runner.

Infinity Runner devrait vous parler si vous êtes, ou avez été, un fervent joueur sur smartphone, donc un connaisseur du genre « endless runner » auquel il appartient. Un style de base on ne peut plus simple : l’avatar court automatiquement, accélérant plus ou moins, et le joueur se contente d’éviter les embûches dressées sur le chemin. Ces petits jeux, parfaits pour des sessions très courtes, sur des supports portables utilisables par exemple dans les transports en commun, connaissent un succès surprenant et certains vont même jusqu’à être véritablement de bons petits jeux. On pense notamment au très ambiancé Canabalt, ou encore à l’explosif Jetpack Joyride. Mais c’est surtout le succès exceptionnel de deux endless runner, Temple Run et Flappy Bird, qui a fait de ce genre une sorte d’Eldorado pour les plus humbles des studios indépendants. Le jeu en présence prend le parti d’élever les débats, de proposer une dimension plus spectaculaire au genre, notamment en le faisant passer à la vue FPS et en donnant dans l’avant-garde : Infinity Runner est conçu pour le fameux casque de réalité virtuelle, l’Oculus Rift.

Infinity Runner part donc à l’abordage avec plein d’envie. Une générosité qu’on retrouve dans le menu principal, blindé en menus : histoire, arcade, multi, des défis (qui sont en fait des succès/trophées internes au jeu), un tableau de classement, les éternelles options, une petite galerie d’artwork à débloquer. Mais les soucis pointent très vite le bout de leur triste nez dès qu’on rentre dans le cœur de Infinity Runner. Débutons par le mode histoire, inhabituel dans ce genre de production qui se contente, normalement, de donner simplement du gameplay, sans narration. Soyons clair, l’histoire restera très secondaire, c’est débile à souhait mais c’est maîtrisé par les développeurs qui ne cherchent jamais autre chose que la franche déconne. Des loups-garous dans l’espace, imaginez donc ! Bref, on se réveille d’un profond sommeil, on voit un visage féminin nous intimer des ordres (en anglais et sous-titré dans la langue de Shakespeare), un peu sur le même modèle que le génial Dead Space. Bon, contrairement à Infinity Runner, cette corde scénaristique était justifiée dans le jeu d’Electronic Arts, mais passons : on n’est clairement pas là pour profiter d’une histoire sensationnelle. L’avatar se met donc en marche, ou plutôt en course. Et là, on déchante un peu. C’est pas super laid, mais ça picote beaucoup et le niveau se rapproche de ce que pourrait donner une Playstation 2 lissée en haute définition. Et, pour peu que vous jouiez sur un PC bas de gamme (test effectué sur un ordinateur portable AMD Dual-Core E1-2500, AMD Radeon HD 8240, 4 GB DDR3), vous devrez faire le choix de perdre en qualité technique afin de trouver la fluidité indispensable à Infinity Runner.

Car Infinity Runner réussit au moins à être impressionnant de rapidité. Vous parcourez des couloirs à l’ambiance science-fiction, en tentant d’éviter les pièges que recèlent le jeu. Des lasers à éviter, des gouffres à franchir d’un bond, des flammes ou matières nocives à éviter, des ennemis à tabasser, et plein d’autres embûches plus ou moins impressionnantes sont au programme. Le duo clavier et souris, ou les contrôles à la manette sont disponibles, les deux sont tout à fait recommandables pour se débarrasser des difficultés, même si on peut rager sur le manque de finition des commandes, qui parfois ne se déclenchent pas comme on le voudrait. Pour mieux comprendre les pièges, Infinity Runner propose un didacticiel intégré, et c’est à saluer tant la prise en main est parfois compliquée. En effet, la vue FPS, si elle est une idée géniale sur le papier pour rendre au mieux l’impression de vitesse, se révèle être parfois imprécise. Pour bien se rendre compte, on est sur un rail au niveau du mouvement, mais pas de la vue, donc la course épouse les mouvements de notre avatar. On sent chaque secousse d’enjambée, avec une grosse dose de « body awareness », ces mouvements du corps visibles à l’écran, comme ce qu’on a pu voir dans Mirror’s Edge. Un choix dicté par l’envie de faire du jeu un des softs adaptables à l’Oculus Rift, mais le joueur s’en fiche un peu : il veut un soft lisible pour la machine sur laquelle il l’a acheté. Malheureusement, ce n’est pas toujours le cas avec Infinity Runner, notamment dans ses phases de sauts.

Infinity Runner n’est pas non plus horrible à jouer. Les quelques niveaux du mode histoire s’enchaînent assez vite, le soucis est que ça se passe dans une certaine indifférence. L’ambiance visuelle se renouvelle, mais l’univers est tellement banal dans son design, voir conventionnel, qu’on avance presque sans passion. La première transformation en loup-garou est un bon petit moment, même si dans les faits c’est juste une sorte de mode berserk ultra rapide et tellement remuant que certains joueurs pourront ressentir une petite nausée (true story pour votre humble serviteur) en jouant à Infinity Runner. Mais à part ça, rien de bien folichon, on récupère des items à collecter sans trop savoir à quoi ils servent avant de s’apercevoir qu’ils ne sont liés qu’aux défis à débloquer, une fois par niveau on croise un objet spécial qui débloque un artwork à la qualité douteuse, le tout baigné d’une musique tellement cheap qu’elle en devient sympathique. Et ce ne sont pas les modes de difficulté qui vont changer quelque chose, même s’ils proposent un véritable challenge : en mode facile vous disposez de cinq essais par niveau, en mode difficile vous en avez deux. Ce n’est pas cette donnée qui fera de Infinity Runner un jeu passionnant.

Une fois le mode histoire bouclé, que reste-t-il à Infinity Runner ? Son mode arcade est en fait une sorte de course infinie dans le vaisseau, l’équivalent de ce qu’on trouve dans les autres endless runner : une quête au meilleur score, au meilleur temps. Ça n’efface pas les soucis de visibilité et de précision, mais il faut dire que ce retour à la valeur sûre est une petite surprise tant on revient au plaisir simple de pouvoir bien figurer dans les classements en ligne. Plus on court, mieux on est noté, et, pour nous aider, quelques objets sont cachés ici ou là, comme un aimant à item, des vies supplémentaires ou des transformations en loup-garou. Agréable, même si ce genre de jeu bien casual a plus sa place sur un téléphone que sur un ordinateur. Quand au mode multijoueurs, on aurait aimé pouvoir le tester mais l’absence de joueurs en ligne ne nous a pas permis de s’y frotter. Dommage, car le concept de battle est intéressant, jouable jusqu’à 32 joueurs et nul doute que ça apporte une petite valeur ajoutée à Infinity Runner.

Donc, Infinity Runner devient un petit jeu sympathique quand il revient à une dimension adaptée au genre de l’endless runner. Le gros soucis, c’est que le prix moyen de ce genre de jeu se situe aux alentours de 3€ tandis que, pour pouvoir jouer à Infinity Runner, vous devrez débourser 10€ sur Steam. Tout simplement impensable, surtout que la durée de vie est loin d’être infinie. Difficile de la quantifier exactement, mais sachez qu’il vous faudra quarante minutes pour venir à bout du mode histoire. Après, rien ne vous empêchera de vouloir rentabiliser la somme investie en essayant de remporter la poignée de défis, ou en vous lançant dans le mode arcade pour des parties aussi longues que votre talent pourra le permettre. Mais, on ne va pas se mentir, cet Infinity Runner vous laissera un drôle de goût, celui d’un jeu mal mal fini et pensé pour un système qui n’est pas celui sur lequel on joue…

Retrouvez d’autres tests de Infinity Runner, notamment chez Game Side Story ou Gamespot (en Anglais). Et pour l’acheter, c’est sur Steam.

Test - Infinity Runner
Infinity Runner est bien trop cher pour l'expérience qu'il propose, mal finie et mal pensée.
Graphisme
Durée de vie
Ambiance
Gameplay
On aime
  • Des loups-garous dans l'espace : lol.
  • Ca part d'une bonne intention...
On aime moins
  • Gameplay et graphismes mal finis.
  • Cette musique...
  • Mode histoire très décevant.
1.3Note Finale
Note des lecteurs: (1 Vote)