Si les grands espaces et le Far West australien vous tentent, si vous avez envie de découvrir la première enquête d’un flic métissé, relégué à la brigade du bétail, Morceaux de choix est pour vous.
Tout commence dans le nord de l’Angleterre, le pays du football. Nous sommes en 1973, la Coupe du monde est retransmise à la télévision, un homme tue sauvagement sa femme enceinte et son enfant alors qu’ils étaient blottis l’un contre l’autre, regardant le match. Chargé de l’enquête, Stuart Miller cherchera en vain le coupable. De l’Angleterre à l’Australie, il n’y avait qu’un pas, que dis-je ? Un océan à traverser. Nous voici propulsés en Australie, trente-cinq ans plus tard. Une joggeuse découvre les restes d’un être humain sur la plage que les requins ont déchiqueté. Impossible à identifier, ce macchabée rejeté par l’océan sera baptisé « Flipper » par les quelques flics en charge de l’enquête. Pour suppléer aux absences de ses collègues, Cato Kwong, un flic mélomane et désabusé, métisse chinois, relégué à la brigade du bétail, autrement dit, mis au placard, va être appelé à la rescousse. Direction Hopetoun, petite ville de pêcheurs en pleine essor. La police locale est dirigée par Tess Maguire dite « Tess la Taser », ex-compagne de Cato Kwong. L’enquête nous conduira de la plage à la mine de nickel où sont exploités des travailleurs émigrés, en passant par le quotidien de ces flics qui tentent de freiner les ardeurs du « roi de la gomme », le rejeton dégénéré d’une famille de tarés, ou encore les excès de la jeunesse alcoolisée et droguée. Tout se compliquera sérieusement lorsqu’un flic sera retrouvé le crâne explosé par l’impact d’une pierre de la taille d’un ballon de football. Tout va alors s’accélérer, s’entremêler, s’emmêler.
Si Morceaux de choix est déroutant, ce n’est pas par son suspense, ni par sa construction. Morceaux de choix est déroutant car, à vouloir mener deux enquêtes de front et à s’évertuer à brouiller les pistes, Alan Carter perd en crédibilité et n’arrive qu’à une chose, nous donner le tournis et nous larguer. Côté intrigue, l’auteur connaît les codes du thriller et les applique sans réelle surprise, ni originalité. Quant à l’écriture, rien d’extraordinaire. Alan Carter lâche de ci, de là, quelques pointes d’humour, histoire de rendre ses personnages sympathiques. Rien de transcendant non plus. Les protagonistes ont besoin de s’étoffer et de s’affranchir de quelques clichés. Lorsque la dernière page est tournée, on comprend que Morceaux de choix va permettre à Cato Kwong de reprendre du service ailleurs qu’auprès du bétail. Espérons simplement qu’Alan Carter peaufinera ses personnages et qu’il nous livrera une intrigue plus crédible et moins déroutante. Rappelons que Morceaux de choix n’est que le premier thriller d’Alan Carter, tous les espoirs sont donc permis.
Morceaux de choix est paru aux Editions Bragelonne, que nous remercions pour leur confiance.