Sanseverino – Le petit bal perdu

Sanseverino a retrouvé le bal perdu, il était dans sa guitare

Une fois n’est pas coutume sur avisdupublic.net, nous allons aujourd’hui parler de variété française avec le dernier album de Sanseverino : Le petit bal perdu. Sanseverino s’essaie à un exercice de style auquel quelques artistes se sont frottés, avec des fortunes diverses : celui de reprises de classiques de la chanson française. Datant des années 30, ou beaucoup plus récents, les 13 titres écoutés au prisme de Sanseverino ne sont pas datés, loin s’en faut…

Sanseverino sur la scène musicale française, c’est pour beaucoup une petite brise, porteuse d’airs de jazz manouche et d’histoires de sale gosse passionné par la gratte. Et comme il n’y a pas que le jazz dans sa vie, il a su distiller dans ses compositions des influences diverses. En témoignent ses deux derniers albums, aux couleurs rockabilly pour l’un (Les faux talbins), et country pour l’autre (Honky Tonk).

Au final, la musique de Sanseverino n’est pas si caricaturale que l’on pourrait le penser, et l’un des rares enseignements que l’on peut tirer de sa discographie, c’est qu’il excelle dans sa capacité à adapter ses titres, ou ceux d’autres interprètes, avec des formations musicales parfois inattendues. Je pense par là à sa tournée durant laquelle il a surpris son public en revisitant son répertoire à l’aide de sa guitare et de deux (excellents) accordéonistes.

Insaisissable Sanseverino. Et lorsqu’il est invité au JT de France 2 et que la présentatrice lui fait très habilement remarquer qu’il semble avoir pris beaucoup de plaisir à revisiter le répertoire des “vieilles” chansons françaises, il rétorque avec sa gouaille habituelle “Ben en même temps si ca ne me plaisait pas, j’aurais fait autre chose”.

Sous ses airs de nonchalance totale, cette phrase en dit long sur le comportement de l’artiste. Il papillonne, et fonctionne à l’affect. C’est ce qui lui permet de reprendre des titres moins attendus que les standards repris il y a quelques années par Bruel. Oui, c’est facile de taper sur Bruel, mais le contraste est fort entre les deux démarches. Alors que “Patriiiiiiick” faisait du copier-coler de standards de la chanson française à l’orgue de barbarie, Sanseverino, sur des titres plus singuliers, n’hésite pas à casser les codes, les rythmiques, les arrangements. Et parfois à la masse !

Il apporte dans cet album le ton décalé et les qualités d’arrangeur qu’on lui connait, à l’aide d’un tas d’instruments différents. Il nous avait déjà offert, lors de ses précédents albums, quelques revisitations de très bonne facture de la chanson française (A Bicyclette, Nathalie), et qui semblent l’avoir satisfaites, en poussant maintenant le concept  en créant un album fait de toutes pièces par des reprises. Il a toujours montré son affection pour la chanson française, et ce côté “Douce France”, dont il s’est rapproché lors de sa dernière tournée (avec 2 accordéons). Il fait, certes, de la chanson française, mais avec une vraie construction derrière, une instru fleurie et colorée.

Grand adepte du répertoire de  Django Reinhardt ou encore de Chet Atkins, il nous dévoile ici tout son savoir sur la chanson française, en associant des artistes aux poésies totalement différentes : Brassens, Vian, Piaf, Perret… Des plumes et des dictions totalement différentes. Mélancolique, innocent, cynique, léger, poétique : Beaucoup d’émotions y sont présentes, sans pour autant que l’album se morcelle, il est au contraire très uniforme, et ce grâce à l’Univers musical de Sanseverino, également très diversifié.

Habituellement, des textes aussi fournis sont habillés de manière minimaliste. La richesse des reprises de Sanseverino, c’est d’y apporter un groove bien à lui. Quitte à rendre joyeuse un titre aux paroles tragiques (les roses blanches). Il se permet de prendre de la distance sur la diction de base de certaines chansons, et même de toucher à celle de Maître Brassens dans sa “masterpiece” : Supplique pour être enterré sur la plage de Sète ! (Et ce, sans désarticuler la rythmique)

Vous l’aurez compris, nous avons été séduits par le coup de pied que Sanseverino met dans la fourmillière de standards que certains qualifieront, à tort, de datés. Alors que tant d’artistes français se targuent de faire de la chanson “à texte” pour justifier le fait de n’y apporter que très peu d’habillage, Sanseverino fait preuve de maîtrise sur les deux plans. A titre personnel, à la fin de mon écoute de l’album, je le relance !

Sanseverino - Le petit bal perdu
C'est un bal perdu qui nous fait danser. Sanseverino en chef d'orchestre nous fait passer un bon moment.
Composition
Arrangements
Ambiance
On aime
  • La fraîcheur de l'interprétation
  • Des arrangements totalement nouveaux
On aime moins
  • C'est pas sympa pour Patrick
3.9Note Finale
Note des lecteurs: (1 Vote)