Cela faisait quelques temps que nous n’avions pas entendu la jeune et insouciante voix de Jean-Louis Aubert, et bien il revient non sans culot en chantant Michel Houellebecq à travers son nouvel album : Les Parages Du Vide.
Rockeur dans l’âme, notre ami Jean-Louis a toujours pris les projets comme ils venaient, avec globalement une certaine réussite. On se souviendra qu’après son album Ideal Standard (2005) et une tournée applaudie des deux mains, Aubert s’était crée une place très confortable dans le paysage musical français, et avait pourtant décidé de repartir en tournée aussi sec avec une guitare dans le dos et une grosse caisse sous le bras. Aujourd’hui, c’est un peu l’histoire qui se répète : Après le gros succès de Roc’éclair (2010), Jean-Louis décide de revenir en adaptant des poèmes de Michel Houellebecq en chanson : Les Parages Du Vide. Il faut savoir qu’Aubert a toujours apprécié les beaux textes, pour avoir notamment repris quelques textes de Rimbaud par exemple, mais la rencontre avec ceux de cet album relève totalement du hasard, dans une librairie, au bord du comptoir, en voulant acheter son tabac !
En apprenant le concept de Les Parages Du Vide , on aurait pu penser que l’empreinte d’Aubert s’en trouverait atténuée… Et bien pas du tout, l’adaptation est très bonne ! Pour mieux se rendre compte de cela, je pense que l’écoute de Isolement convient, un morceau pop-rock qui fait un peu référence à son style du début des années 2000 (des albums tels Comme un Accord (2001) et Ideal Standard). C’est d’ailleurs le premier poème découvert par Aubert qui a été salué par Houellebecq, disant de lui : « C’est mieux que ce que j’ai écrit ». Lors d’une interview, Aubert déclarait que les textes du recueil l’avaient frappé instantanément, et il est vrai qu’en s’attardant sur certains textes, on pourrait croire qu’ils ont étés écrits par Aubert lui-même ! Il en ressort tout au long de l’album quasiment toutes les facettes de l’ex Téléphone. Côté douceur, on peut notamment citer le beau texte Novembre, le second poème découvert.
Malgré quelques morceaux acoustiques parfois un peu quelconques, on peut néanmoins repérer des compositions facilement reconnaissables, dont Ce Sera Toi, qui se veut très enjouée et solaire. Il y a aussi Lorsqu’il Faudra qui, outre le fait qu’elle soit également joué au piano, pourrait compléter l’histoire de sa prédécesseur : La première où l’on rencontre l’âme soeur, et la seconde où l’on doit la quitter… On peut repérer dans l’album plusieurs groupes de chansons associables par le thème ou l’ambiance comme Roi De Bohème et Le Second Secret, assez orientale (assez peu employé par Aubert), donnant une très bonne ambiance flottante mais également bien enrichie. Écoutées toutes deux à la suite, on ne remarque presque pas la transition.
Pour ma part, j’ai particulièrement apprécié les faces plus électriques de cet album, une face de Jean-Louis qui lui donnent toujours une énergie et une aura toute particulière, celle qui l’aura mené à ses plus hauts sommets par le passé. Il y a Reflets Du Vide (matière), qui assume avec fierté son riff rock un peu bluesy, et aurait très bien pu être composé bien avant… Ce côté plus rock apparaît également dans un morceau qui m’a un peu surpris au départ, mais qui s’est révélé payant est La Face B, dans un style un peu lourd avec un texte qui colle parfaitement au chant, plein de conviction, d’Aubert. Un ton présent dans plusieurs morceaux de l’album et qui réussit mieux à donner de la vie aux textes, y apporter un sens, une force. C’est le cas dans L’enfant Et Le Cerf-Volant, ma foi très complète, et un solo de guitare pas piqué des hannetons !
Pour conclure, Les Parages Du Vide contient certains morceaux trop flous par rapport à d’autres très affirmés, mais cela vient peut-être de la difficulté de mettre un texte en avant en particulier, ou non… Que sais-je ! En tout cas, l’ensemble des textes pris séparément collent parfaitement à leurs compositions respectives, et résultent bien d’une certaine compatibilité entre les deux artistes.