Le Maître de haut château (The Man in the High Castle) est une série uchronique. Dans cette uchronie, les allemands ont gagné la guerre et les Etats-Unis d’Amérique sont séparés en trois zones : Le Reich allemand, l’Empire japonais et une zone neutre. L’époque de la série se situe quelques temps après la guerre et les tensions diplomatiques entre les deux empires sont à leurs maxima, d’autant plus que le Führer Adolf n’est pas au mieux physiquement. Au milieu de cette mêlée, un groupe de résistants tente de mettre en sécurité un film secret The Grasshopper Lies Heavy (Le Poids de la sauterelle en français), créé par The Man in the High Castle. Tensions, peurs, meurtres, suicides, et trahisons, beaucoup de superlatifs peuvent être utilisés pour décrire l’ambiance de la série.
Ce qui est fascinant dans la série, c’est la capacité qu’ont eu les acteurs, producteurs, réalisateurs (etc…) pour mettre en place une trame fidèle au livre et qui ne ressemble à rien d’autre à la télévision. L’intrigue est comme je le rédige plus haut, captivante, mais aussi addictive. Après chaque épisode, on se pose tout un tas de questions : « Vont-ils être trahis ? Comment vont-ils s’en sortir ? Non, il ne va tout de même pas tuer ce personnage si important ? ». L’univers est très riche, très noir et le pilote promet beaucoup sur les qualités que possède la série.
L’autre point sur lequel j’aimerais m’attarder c’est la musique de la série. La musique d’un film, on en entend souvent parler. Celle d’une série, beaucoup moins (à part certains thèmes comme ceux de Dr House ou Game of Thrones). La musique de The Man in the High Castle est limpidement distribuée pour offrir une ambiance chaude, colorée et remplie d’ardeur. Je suis aussi d’accord avec nos confrères de cineseries-mag qui, dans leur critique du pilote, écrivent que les décors sont réussis. En effet, on sent les étasuniens oppressés (ce qui est rare dans des films et séries) sous la domination des nippons et des allemands. Je ne vais pas trop reprendre ce qu’écrivent nos collègues pour la partie analyse de la série mais je trouve qu’ils ont également raison d’écrire quelques mots positifs sur les costumes. Ces derniers sont également en parfait accord avec l’ambiance générale de la série.
J’entends d’ici venir les quolibets défenseurs de la cause : une adaptation doit être la parfaite image de l’original. Je renvoie ces personnes à lire la définition d’adaptation qui est : « Action d’adapter ». Ce qui nous amène à vous proposer de lire le passage B.2. de ce lien.
Outre cet aspect qui peut créer une polémique, l’œuvre proposée par Ridley Scott est une adaptation et forcément il y a des différences. Notamment, la zone neutre qui n’est pas si évidente dans le livre de Philip K. Dick l’est complètement dans la série de Ridley Scott. De plus, une grande partie du livre est traitée dès les premiers épisodes ce qui donne à la série une certaine liberté et, par conséquent, sa propre identité.
Avec peu d’acteurs très connus dans son casting, The Man in the High Castle aurait pu être une débandade, un peu à l’image de Revolution. L’actrice principale, Alexa Davalos offre de belles émotions et passe très bien à l’écran. Ruper Evans, qui possède une légère ressemblance avec Brad Pitt, est plutôt lisse alors que son personnage est un des plus contrastés. Rufus Stewell, interprète de John Smith, est d’une précision chirurgicale dans son jeu. Il porte véritablement les autres acteurs et apporte du caractère à la série. Enfin, une petite mention pour DJ Qualls, un artiste déjà mentionné dans notre critique sur la saison de la série Z Nation (à éviter !) et montre une nouvelle fois toutes ses limites.
Voilà une question que l’on est en droit de se poser. Avant de rédiger cette critique, j’ai lu pas mal d’avis sur l’adaptation en série de The Man in the High Castle et certains prétextaient (à juste titre ?) que le rythme est un peu lent. Je pense notamment à notre ami de l’évaluateur en séries tv. En réalité, deux propositions sont possibles concernant le rythme. La trame étant plutôt complexe et les détails de la série tellement abondants (les allusions sur les chambres à gaz, les exécutions, etc…) que son rythme ne peut aller forcément plus vite. C’est un pari qui était risqué, c’est certain mais la série tient vraiment la route. Il est tellement vrai que nous sommes dopés aux séries action/réaction/bastonnage/sexe que cela devient « lent » lorsqu’une autre prend son temps afin de placer sa trame. Cependant, il faut avouer que The Man in the High Castle soufre de quelques longueurs et le format d’une heure par épisode est à mi-chemin entre la série classique et les épisodes de Sherlock. C’est un peu long par moment.
En conclusion, vous l’aurez compris, The Man in the High Castle est une réussite. La mise en scène est maîtrisée et le scénario ne manque pas de rebondissements. Des libertés ont été prises par rapport au livre et je soutiens cette idée qu’une adaptation doit avoir sa singularité par rapport à l’œuvre originale. Cependant, son rythme très lent pourra rebuter les habitués des séries intenses.