Lancée sur Netflix l’an dernier et aujourd’hui également diffusée sur Showtime, Penny Dreadful revient avec une seconde saison, cette fois-ci pour dix épisodes au lieu de huit. On y retrouve Vanessa Ives, incarnée à l’écran par Eva Green, toujours en quête de réponses face aux démons qui la tenaillent. De Dorian Grey à Ethan Chandler, ses alliés restent à ses côtés, mais révèlent également chacun leur part de mystères.
A l’image de la première saison sortie l’an passé, cette seconde orbite toujours autour du personnage de Vanessa. Les démons de son enfance dorénavant apaisés, Vanessa Ives s’en est retourné vers Dieu, notamment grâce à Sir Malcolm (interprété par Timothy Dalton) et Ethan Chandler (Jash Harnett). C’est d’ailleurs autour de ce dernier que s’ouvre la saison 2, avec le massacre de l’Auberge du Mariner dont Ethan semble être le seul survivant. Habité par une créature lycanthrope bien célèbre des contes fantastiques, Ethan gagne en ampleur dans cette saison en restant auprès de Vanessa pour la protéger. Celle-ci est en effet prise pour cible par de mystérieuses sorcières, Vanessa voit son destin basculer à nouveau et les choix qui s’offrent à elle ne la conduisent qu’un peu plus loin vers les ténèbres. Pendant ce temps, le Docteur Frankenstein continue à jouer au Créateur, et perd le contrôle de ses œuvres.
Dans cette saison deux de Penny Dreadful, on peut remarquer un intéressant thème sous-jacent dans l’écriture de plusieurs personnages principaux : celui d’une sorte de jeu de double visage. Pour Vanessa, par exemple, il s’agit de son passage de l’ombre à la lumière centré autour de sa croyance religieuse et des choix qu’elle doit faire pour faire face à ces mystérieuses nécromanciennes. Sans trop spoiler, on remarque que la première saison se conclut alors que Vanessa entre dans une église pour prier, alors qu’à la fin de la saison deux, elle fait plutôt le choix inverse de tourner le dos à sa foi. Pour Ethan Chandler, sa dualité est plus classique, puisqu’il s’agit de son fléau d’homme-loup. Cette angle de double visage s’applique néanmoins de manière plus intéressante pour Victor Frankenstein car pour lui, chaque trait serait incarné par une de ses créatures, le néfaste John Clare et la douce Brona, ressuscitée en Lily. Ici, la comédienne britannique Billie Piper (vue dans Doctor Who) a le luxe d’incarner un tout nouveau personnage, purgé de ses souvenirs, dont on suit l’évolution tout au long de la saison. On apprécie ce coup de frais sur la représentation de la Créature de Frankenstein – et aussi le fait que Billie Piper ne doive plus simuler un piètre accent américain. Bien que la multitude de sous-intrigues continue à donner des longueurs à l’histoire principale, cet angle d’écriture permet de restituer ce côté addictif que la première saison présentait déjà.
Si plusieurs acteurs font leurs premiers pas dans Penny Dreadful, d’autre n’en sont plus à leur coup d’essai. Avec respectivement plus de 40 et plus de 20 ans de carrière, Timothy Dalton et Helen McRory sont des habitués, que ce soit du petit ou du grand écran. Dernièrement on a d’ailleurs vu Helen McRory dans Peaky Blinders et Les jardins du roi. Côté débutants, la brochette d’acteurs de Penny Dreadful offre néanmoins un très bon jeu, à commencer par Rory Kinnear, aperçu dans The Casual Vacancy et Imitation Game, qui incarne John Clare, la première Créature de Frankenstein. Mais l’actrice qui crève l’écran est indéniablement Eva Green. Très certainement l’actrice française la plus vue au box-office mondial (cocorico, ce n’est pas Marion Cotillard !), on l’a dernièrement vue dans des films comme le deuxième volet de 300 : la naissance d’un empire ou encore de Sin City : J’ai tué pour elle. Pour Penny Dreadful, Eva Green affiche l’éventail de son talent, notamment dans les scènes où Vanessa est prise de transes hallucinatoires ou de prières compulsives. A ses détracteurs, attention, elle pourrait bien vous jeter un mauvais sort.
Avec cette deuxième saison, Penny Dreadful continue sur sa lancée en recréant à merveille le climat d’élégance de l’époque Victorienne. Ainsi s’enchaînent les superbes costumes pour plonger le spectateur dans cette atmosphère à l’aube de la modernité, ici travaillé en version sombre, glauque voire sanguinolente – version fidèle aux nouvelles « penny dreadful » du XIXème siècle. Cette saison deux se démarque de la première grâce à une nouvelle couche sordide : au revoir les vampires revisités de la première saison, bienvenue à la famille de nécromanciennes démoniaques menée par Evelyn Poole (sous le nom de Madame Kali dans la saison 1), interprétée par Helen McRory, aussi effrayante qu’envoutante, particulièrement lors des scènes avec ses effroyables poupées vaudous. Un lieu particulier marque la saison deux de Penny Dreadful : la salle de bal de chez Dorian Grey. Personnage encore secondaire, celui-ci gagne en importance dans cette seconde saison (son plus grand secret est notamment enfin révélé), principalement parce que c’est chez lui que deux scènes marquent l’ambiance et l’empreinte visuelle de cette saison deux de Penny Dreadful. La première dans l’épisode six « Glorious Horrors », où Dorian Grey organise une réception virant à une véritable vision d’horreur pour Vanessa : une averse de sang s’abattant sur les couples en train de valser ; la deuxième dans le dernier épisode, où un autre couple danse seul dans la salle de bal, uniquement éclairée aux chandeliers, en laissant sur le sol une trainée écarlate (une scène à la photographie superbe dont je vous garde secret la découverte des protagonistes !).
Plus encore que la photographie, on apprécie les thèmes musicaux écris par Abel Korzeniowski, qui signe une composition de qualité loin de la mode « Zimmerienne » actuelle. Plus encore que pour simplement coller à l’ambiance, la musique accentue la noirceur du climat dans ces deux saisons de Penny Dreadful.
Du glauque, du sang, il en faudrait moins que ça pour repousser les plus réfractaires au genre. Mais Penny Dreadful va plus loin en proposant de revisiter les mythes fantastiques populaires tels que Dracula (pour la saison 1), Frankenstein ou le loup-garou, tout en offrant une atmosphère superbe et un casting quatre étoiles. Que demande le peuple ? Une saison trois bien sûr, déjà commandé chez Netflix !
Pour un autre avis sur cette seconde saison de Penny Dreadful, voici la critique de chez Braindamaged.