Critique – Fargo – Saison 2

Après une première saison réussie et acclamée, Fargo, la série toujours coproduite par les frère Coen (auteurs du film original sorti en 1996), revient dans une saison 2 affichant des ambitions différentes.

Cette fois-ci il n’est plus question de reprendre le scénario originel pour le dilater et l’enrichir, il s’agit de faire dans l’original. Histoire inédite, nouveaux acteurs, nouveaux personnages. Oubliez tout, Fargo se réinvente, tout en restant fidèle à elle-même.

Nouveau scénario, même atmosphère

On pouvait se demander ce qu’allait donner cette nouvelle mouture, qui abandonnait les Martin Freeman, Billy Bob Thornton et autres Allison Tolman au profit de nouveaux venus comme Kirsten Dunst, Patrick Wilson ou encore Jesse Plemons. Le scénario, tout en étant résolument différent de celui qui a rythmé la saison 1, conserve néanmoins les principes qui font toute la saveur de Fargo : des gangsters, des gens abominablement banaux, des circonstances abracadabrantesques, des conséquences absolument pas maîtrisées, le tout baignant dans une douce bêtise, comme si le froid omniprésent gelait les cervelles. L’humour décalé est toujours bien présent, et l’ironie accompagne chaque scène, où se côtoient sans arrêt drame, drôlerie et imprévu. Fargo reste Fargo.



La série ne joue donc pas la carte de la continuité, et les liens avec la saison 1 s’affirment uniquement dans l’esprit et l’atmosphère. Il faut cependant noter qu’il existe un lien temporel : ainsi les évènements de cette saison 2 prennent place environ 25 ans avant ceux de la saison précédente (Lou Solverson, interprété par Patrick Wilson, est le père de Molly, jouée par Allison Tolman dans la saison 1). Concrètement, cette nouvelle saison met en scène une guerre des gangs, opposant la famille Gerhardt au syndicat de Kansas City, désireux d’étendre son territoire. Entre tension et négociations, un élément imprévu et ingérable va faire basculer la situation : le couple Ed et Peggy Blomquist (impressionnants Jesse Plemons et Kirsten Dunst), respectivement boucher et coiffeuse-esthéticienne, qui rivalise de bêtise et de malchance et se retrouve à la convergence de toute l’histoire… Chacun poursuit son propre rêve américain : jubilation garantie.

Techniquement impressionnant

Comme la saison précédente, celle-ci bénéficie d’une réalisation très soignée, dans la construction des plans, la beauté des images, la lenteur calculée qui met en exergue tout ce que la série a à offrir : le travail esthétique, la qualité des dialogues, des prestations des acteurs, de la bande-son. Il n’est pas si fréquent de parvenir à un tel niveau, à une telle identité de réalisation pour une sérieFargo la série, tout comme le film auparavant, parvient avec une remarquable habileté à jouer sur les contrastes de rythme et d’ambiance, à peindre un décor tranquille et figé qui se retrouve soudainement en proie à la violence, à la folie. Cela tient aux cadres fixes, aux lenteurs, à l’écriture même des personnages et de l’histoire, qui savent prendre appui sur le banal pour le transformer en fantaisie loufoque.

Le passage au scénario original est donc une franche réussite, et si l’on émettra quelques (petites) réserves sur un point de l’histoire qui bascule un peu vers le fantastique (mais on n’en dira pas plus), cette saison 2 est largement au niveau de la première, ce qui suffit à en faire une référence. Une saison 3 a d’ores et déjà été commandée pour 2016, et désormais une seule question demeure : la magie peut-elle se poursuivre ?

Pour un autre avis, un peu plus orienté scénario :

http://www.critictoo.com/critiques-serie-tv/fargo-saison-2/

Critique – Fargo – Saison 2
Fargo s'affranchit de son origine (scénaristique) cinématographique et vole de ses propres ailes. Pari réussi pour cette saison 2.
Acteurs
Images et son
Mise en scène
Scénario
On aime bien
  • L'atmosphère générale, mélange de drame et de drôlerie
  • Les acteurs
  • La qualité de la réalisation
On aime moins
  • Parfois un peu lent
4.6L'avis
Note des lecteurs: (1 Vote)