The Game est une série de 6 épisodes d’une heure, diffusée sur BBC America en 2014. Elle est créée par Toby Withouse, connu, entre autre, pour avoir créé Being Human (UK), une série très agréable qui a eu un remake américain du même nom. The Game se déroule en 1972 à Londres. Elle met en scène une cellule du MI5, services secrets agissant sur le territoire britannique.
Un militaire soviétique, le colonel Arkady Malinov (Marcel Lures), trahit son pays et parle de l’opération secrète Glass au MI5. Elle consiste a recruter plusieurs agents secrets soviétiques dormants sur le territoire britannique. Le rôle de ces agents va être découvert au fur et à mesure, ainsi que leur finalité. Une cellule du MI5 va enquêter sur cette opération qui se révèle avoir une connexion personnelle avec le protagoniste de la série.
Le héros de The Game est Joe Lamb, un agent de terrain interprété par Tom Hughes. Joe est un jeune et brillant agent qui a perdu sa fiancée lors d’une mission où il a manqué de trahir son pays. Il est accompagné par un policier, Jim Fenchurch (Shaun Dooley – Exile), au début très dubitatif sur l’éthique des services secrets. Tous deux sont aidés par Sara Montag (Victoria Hamilton), une agent de terrain et analyste, son mari Alan (Jonathan Aris – Sherlock), spécialiste en technologies et Boby Waterhouse (Paul Ritter – Harry Potter et le prince de sang mêlé), chef du service de contre-espionnage.
Le MI5 est dirigé par Daddy (Brian Cox – X-men Days of future past).
L’intrigue de The Game est très classique, les rebondissements prévisibles. Il y a de plus un vrai problème de rythme : les épisodes sont presque tous des standalones, des épisodes où il y a une intrigue par épisode, ce que je trouve assez inintéressant. L’intrigue principale, quant à elle, est résolue dans le dernier épisode, qui lui, plus dense et plus original, m’a bien plu.
Les dialogues sont quant à eux très inégaux : on passe de répliques proprement ridicules à des répliques vraiment géniales. The Game est inégale ainsi aussi bien dans son scénario que dans ses dialogues.
Les personnages de The Game, à une exception près, sont tous bien développés.
Daddy est amateur de ballet et sa relation avec une danseuse étoile est particulièrement touchante. Brian Cox est absolument excellent. Il donne au personnage un côté paternel mais également imposant et inquiétant.
Bobby est un homme célibataire, peu sympathique, qui vit chez sa mère, une mégère acariâtre En voyant comment le traite sa mère, j’avoue avoir eu de la peine pour lui. Paul Ritter est très bon ; il arrive à nous agacer et à nous émouvoir en même temps. Sa mère, très bien interprétée par Judy Parfitt est drôle et odieuse.
Alan et Sara sont très intéressants, les codes sociaux étant ici inversés : on voit Sara, agent dur de terrain, défendre son mari, gentil, brillant, non violent, de la moquerie d’un chef. La réponse d’Alan, est également charmante. Cela ne le dérange pas de se faire défendre par sa femme. Il a juste peur que cela entrave la carrière de cette dernière. Ces deux personnages sont absolument adorables ! Leur interprétation est là aussi très juste, Victoria Hamilton convaincante dans son rôle d’agent à qui on ne la fait pas. Jonathan Arris joue très bien le côté intelligent, maladroit et gentil d’Alan.
On ne sait pas grand chose de Jim Fenchurch, c’est l’un des personnages qu’on ne voit pas en dehors du travail. C’est un policier compétent qui a de l’expérience. Ce qui est intéressant c’est son développement : il passe d’associé qui aide au début de la série, à un personnage indispensable aux compétences reconnues à la fin. Shaun Dooley est un acteur que j’apprécie beaucoup ; il effectue cette transition en un clin d’œil. Les scènes où il interroge les personnes montrent la qualité de Jim Fenchurch en tant que policier mais aussi la subtilité du jeu de Dooley.
Enfin il y a le personnage de Joe Lamb. Et c’est là que les problèmes commencent. On nous vante les qualités de cet agent, « a man of obscure and formidable talents » (« un homme aux talents mystérieux et exceptionnels » – quand je vous parlais de dialogue ridicule), mais ses qualités et talents ne sont jamais développés. On nous dit qu’il est capable lire les gens, de savoir ce qu’ils pensent. On n’en a aucun exemple. De plus, c’est un agent que l’on voit très peu en dehors du travail. On a juste quelques flashbacks sur sa relation avec sa fiancée. Mais on ne sait pas pourquoi il a voulu trahir son pays et sa relation amoureuse ne nous en apprend pas plus sur qui il est. Le mystère autour du personnage est voulu certes, mais l’interprétation ne nous aide pas à donner corps à un personnage qui, de mystérieux, passe à complètement vide de substance. Tom Hughes n’est pas mauvais mais il n’est pas bon non plus. Il a du mal a nous intéresser à son personnage. Le dernier épisode donne plus de matière au personnage et le jeu de Hughes en est meilleur.
La photographie de la série est belle, la lumière a une tonalité sépia légère qui nous aide à plonger dans les années 70. L’image est propre.
Le problème vient de la musique, une musique originale d’espion qui sur le coup fait trop vieillotte. Elle est de plus trop présente et devient insistante aux moments clés, ce que je trouve particulièrement agaçant : comme si la musique nous spoilait en disant : « attention moment dangereux ! « . Des chansons originales des années 70 auraient été plus judicieuses, elles auraient fait le lien entre notre époque et la série.
J’ai pris plaisir à regarder The Game car je suis très bon public devant les séries d’espionnage. Mais à l’heure où des séries comme Spooks (MI5) ou The Americans sont produites, j’en attendais plus. Le personnage principal manque de substance. The Americans nous a montré qu’on pouvait ne rien savoir des personnages et leur donner du corps. Le rythme est trop inégal ; tout se passe dans le dernier épisode et la réalisation est propre mais vieillotte. The Game est ainsi une série inégale à tous les niveaux.
The Game a été annulée ; il n’y aura donc pas de seconde saison. C’est dommage pour les séries d’espionnage qui ne sont pas nombreuses en ce moment mais elle ne me manquera pas.
The Game sur Rotten Tomatoes – en anglais.