Peaky Blinders, ou quand Gangs of New York rencontre Boardwalk Empire à la sauce Incorruptibles : cela donne-t-il une énième série à l’arrière goût prohibitionniste ou un vrai bon scénario original qui mérite le détour ? Avec son côté suranné, ses femmes passant de mains en mains, ses costumes tachés par la boue omniprésente et ses chicots pourris, Peaky Blinders a tout l’air au premier abord d’un Deadwood moderne. Tour d’horizon de la prochaine pépite qui sera diffusée sur Arte d’ici quelques mois.
Au niveau du scénario, Peaky Blinders reprend effectivement les thèmes de ses « prédécesseurs » sur le genre : Londres, 1919. Les Peaky Blinders, gang qui a pris la douce habitude de cacher des lames de rasoir dans la casquette de ses membres, font régner l’ordre dans leur quartier (entendre par là racketer tout le monde et tenir les rênes des paris illégaux locaux). C’est dans ce monde post-Première Guerre traumatisante pour nos gangsters que débarquent Chester Campbell, Inspecteur en chef mandaté par les plus hautes autorités, et ses façons à la Elliot Ness : ruse, fourberies et autres bonnes vieilles tortures lui permettent de tenir tête aux malfrats les plus coriaces avec une efficacité redoutable..
Au-délà de cette reconstitution d’époque, c’est bien d’un casting brillant, et en particulier du duel au sommet entre le chef de gang et l’inspecteur, que proviennent tout le charme et la tension de Peaky Blinders. Car les deux nemesis recrutées par les créateurs de la série ont tout d’une trouvaille réussie : le chef de gang à l’accent à couper au rasoir et au regard halluciné et troublant est incarné par Cillian Murphy (Transcendance, également inénarrable Epouvantail de The Dark Knight), tout simplement excellent, juste, et fascinant. Son plus grand ennemi est incarné quant à lui par l’immense Sam Neill (Jurassic Park, La Leçon de Piano…), impeccable en policier inflexible, faisant preuve d’une audace et d’une violence aussi inattendues que passionnantes..
L’attention particulière portée à l’image de toute cette saison de Peaky Blinders participe par ailleurs véritablement à l’immersion dans l’époque. Car l’image léchée magnifiant les giclées de sang d’empoignades musclées aussi bien que les lumières brumeuses du petit matin dans ce Londres post-révolution industrielle finit d’attacher le spectateur à cette mini-série de 6 épisodes qualitative et sans prétention, qui vaut vraiment le détour.