Un an après sa première édition, le BGF a de nouveau posé ses valises au Parc des Expositions de Bordeaux du 14 au 16 mai dernier. L’association Mandora, principal organisateur d’évènement pop culture de l’agglomération avec son festival de l’Animasia, a vu les choses en grand.
L’édition 2016 à l’heure de l’e-sport
Nouvelle édition, nouvel espace. Changement de Hall pour accueillir cette deuxième édition du BGF. Avec cette année un espace bien plus grand que le Hall ayant accueilli l’évènement l’an passé, Mandora s’est lancé un défi : accueillir autant, si ce n’est plus, de visiteurs sur trois jours que l’année dernière sur quatre. Pari réussi, puisque le BGF a rassemblé plus de 25 000 curieux et adeptes de la pop culture pour son édition 2016.
Cette année, l’accent a été mis sur le jeu vidéo avec un espace dédié à l’e-sport, dès l’entrée du Hall. Sur toute la durée du festival, plusieurs tournois ont défilé sur une scène dédiée. D’abord, la Bordeaux Métropole Cup, une compétition de foot sur le jeu PES, organisée à l’occasion de l’UEFA Euro 2016. Le tournoi se déplace sur plusieurs semaines autour de Bordeaux. Il a commencé le 2 avril lors de la petite édition printanière de l’Animasia au Haillan, et le BGF est une étape majeure dans la phase de qualification. Rendez-vous les 25 et 26 juin, place des Quinconces pour la grande finale. Bientôt, le e-sport n’aura rien à envier au « vrai » sport ! Le BGF a cette année porté haut les couleurs du e-sport, avec des tournois de plusieurs autres célèbres licences, comme Street Fighter 5 ou Counter Strike : Global Offensive, mais aussi les stars de chez Nintendo : Mario Kart le samedi 14 mai, puis Super Smash Bros le dimanche, les deux sur leurs éditions Wii U. Ces deux rendez-vous ont été organisé avec l’aide du TCT, le Tagazoo Club de Talence, une communauté de joueurs existant depuis 2008 et dont ce fut une première en convention. La compétition fit rage (j’ai moi-même été éliminée au premier tour des poules sur Smash Bros), mais le spectacle fut à la hauteur. Enfin, le Lundi 16 mai, dernier jour, la scène e-sport retransmet sur écran géant la grande finale du tournoi de THE jeu du moment : le MOBA League of Legends, pour lequel les équipes ont pu se qualifier sous les yeux des visiteurs tout le long du week-end, les matchs étant retransmis autour de son espace consacré. Entre les tournois et l’espace free-play Just-Dance, Heartstone, Halo 5 et autres, une belle promotion de joueurs passionnés a défilé pendant tout le BGF, offrant la belle part du spectacle à la discipline du e-sport, qui commence enfin à se développer en bonne et due forme.
Mise à part le bel espace e-sport, l’agencement du reste du Hall 1 n’a pas été aussi enchantant. Celui-ci a été organisé de manière plus optimisée qu’ergonomique. La scène de spectacle principale n’est plus positionnée au centre, comme l’an dernier, et est donc moins accessible, si bien qu’il a été plus difficile de pouvoir assister aux concerts, quizz et traditionnel concours de cosplays. L’espace dédié aux jeux de plateau est cette fois-ci situé à côté de l’entrée principale et a vu sa place raccourcie comparé à l’an passé. Un point négatif, car l’endroit est désormais proche du passage de la foule, donc plus bruyant, ce qui ne m’a pas empêchée de refaire une partie du jeu Reflets d’Acide en compagnie de JBX, présent une nouvelle fois. Néanmoins, pour les rencontres avec les personnalités invitées, notamment le youtuber LinksTheSun, l’espace dédicace se trouvait dans un autre Hall juste en face – celui de l’an dernier ! – un endroit plus approprié à la rencontre avec leurs fans. C’est d’ailleurs dans ce même Hall que se sont déroulées les diverses conférences.
Il était une fois Batman et Star Wars
Le principe des conférences consiste, pour l’organisateur, à proposer aux visiteurs des moments d’échanges avec des spécialistes de certains domaines et, pour les visiteurs comme moi, à planifier toute leur journée autour des conférences à ne pas manquer. Rappel de l’an passé, j’avais pu ainsi rencontrer Marcus Hearn, auteur d’une bible sur la série britannique Doctor Who. Cette année, le programme des conférences était moins foufou, mais celles auxquelles j’ai décidé d’assister ne m’ont pas déçue, puisqu’il s’agissait juste du super-héros le plus bad-ass de la Création et de la plus grande série de films de science-fiction de tous les temps. En toute objectivité, voici un petit compte-rendu de ce qu’il s’est dit lors des conférences sur Batman et Star-Wars.
La conférence Batman s’est déroulée le dimanche 15 mai en présence de deux dessinateurs de comics, Alvaro Martinez et Alessandro Vitti, tous deux ayant signés les illustrations pour la série Batman Eternal. N’ayant pas de ligne conductrice particulière, la conférence a tourné autour de tout ce qui fait l’originalité du personnage dans la grande famille des super-héros, que ce soit chez DC ou chez Marvel. Les deux artistes ont chacun leur tour donné leur vision du personnage, ce qui les attire dans son univers, ou encore en quoi celui-ci est particulièrement intéressant à dessiner. Dans l’ensemble, chacun s’accorder à dire que la richesse de Batman vient de sa psychologie torturée, ayant été de plus en plus développée par les auteurs sur les quelques 75 ans de publication du personnage. Sa richesse émane de ses adversaires – Alvaro et Alessandro étant tous les deux d’accord pour dire que le meilleur ennemi de Batman est le Joker – qui, même s’ils ne sont pas particulièrement impressionnants à la base, se révèlent toujours être une menace réelle, grâce à la dimension que les auteurs réussissent à leur donner. Parmi les illustres ouvrages cités lors de la conférence, les deux illustrateurs ont mentionnés Batman Year One ou encore Batman : Dark Knight Returns, des pierres angulaires dans le développement du personnage. A l’évidence, lors des questions des visiteurs, impossible d’éviter la question concernant Batfleck, le dernier Batman cinématographique en date ayant divisé la critique avec Batman V Superman, de même que la série Gotham. Et c’est avec beaucoup de sagesse que nos experts ont conclu la conférence en expliquant qu’un film ou une série ne pourra jamais retranscrire l’intégralité d’un livre, et que la comparaison n’avait donc pas lieu d’être. Une conclusion pleine de sagesse que je valide mille fois.
Quant à Star Wars, la conversation a évidemment tourné autour de l’épisode VII, Le Réveil de la Force, sorti en Décembre dernier. Ce débriefing a repassé le film de J.J. Abrams sous toutes les coutures, pour comprendre tout ce qui va, et surtout ce qui ne va pas, notamment par comparaison avec l’épisode IV. Hommage assumé ou peur de prendre des risques, l’audience est restée divisée, malgré les explications de Jean-Luc Sala, scénariste de bande-dessinée et spécialiste de la saga de George Lucas. Quelques anecdotes de tournage ont été dévoilées, comme les soucis pour amener Harrison Ford au casting – réglés à coups de billets verts – et les problèmes de scénario, dont l’écriture n’a duré que cinq mois là où Lucas prenait son temps pour peaufiner les détails. Enfin vint le moment des spéculations et diverses théories quant à l’avenir de la saga. Qui est véritablement la famille de Rey ? Côté lumineux ou obscur, que nous réserve le sort de Kylo Ren ? Qui va perdre un bras dans l’épisode VIII, dont voici un premier teaser, ou encore quel Sith se cache derrière le mystérieux Snoke ?
Les théories autour de Snoke ? Rien n’est vrai. J.J. Abrams l’a confirmé, ce n’est pas Dark Plagueis. Tout le monde sait que Dark Plagueis est en réalité Jar Jar Binks.
Un festival de nouveautés
Côté nouveauté, le BGF a mis en place un stand de SFX make up, c’est-à-dire de maquillage d’effets spéciaux (proche de l’émission Face Off, pour ceux à qui ça parle), avec un concours organisé dès le samedi après-midi. Un grand bravo aux divers artistes, qui ont pu mettre leur talent à profit lors de la traditionnelle Zombie Walk, où zombies et militaires se pourchassent dans les allées du festival. Sur les stands concentrés autour des sciences et des nouvelles technologies, Cap Science accueille un nouveau voisin, le centre de recherche Inria, donc les travaux s’orientent autour de l’optique et du numérique. Trois démonstrations étaient disponibles sur leur stand, une autour de l’optique, une avec un bac à sable numérique connecté à un Oculus, masque de réalité virtuelle, et une autre plutôt autour de la réalité augmentée, où l’on peut interagir avec la lumière projetée pour faire apparaitre sur la table forme et couleur : la caméra reconnaît et la forme carrée et la couleur verte de la brique de Lego, et à mesure que l’on déplace cette dernière, un « jardin » numérique apparait. Pas encore d’hologrammes, mais ces recherches qui, pour l’instant, servent à développer les technologies de reconnaissance de mouvement et de projection pourront un jour, être appliquées dans divers domaines, maison connectée, aérospatial, ou jeu vidéo qui sait ? Une affaire à suivre.
Enfin, je suis allé à la rencontre de plusieurs artistes dont les conventions sont encore pour eux une petite nouveauté. D’abord, l’original Mr. Garcin, le super-héros masqué du collage. Depuis 2010, ce passionné de bande-dessinée originaire de Montpellier découpe minutieusement de nombreux volumes de BD franco-belge, comics américains ou manga japonais, choisissant de recréer un personnage en se concentrant particulièrement sur ses codes couleurs pour coller au plus près de son univers visuel. Son idée, c’est de retracer l’histoire du ou des héros en faisant apparaitre dans ses collages l’ensemble de leurs versions imaginées de leur création à ce jour. Ainsi, des dizaines de Spider-Man et de son antagoniste Venom se sont vus découpés et ré-assemblés pour reformer le contour de l’œil de l’homme-araignée, une affiche choisie par Marvel pour la couverture du 700ème volume de The Amazing Spider-Man, publié l’an dernier. Un honneur qui a valu à Mr. Garcin de rencontrer le saint des saints Stan Lee. L’artiste a aujourd’hui décliné son concept à de nombreux personnages de comics, comme Batman ou Hulk, mais aussi des mythes de la culture populaire comme Astérix (mon coup de coeur !), Homer Simpson ou la fameuse vague d’Hokusai. Des collages qui vont en scotcher plus d’un. Enfin, un stand aux allures de joaillerie a attiré mon attention. Dans des vitrines, les Chevaliers de Zodiaque rencontrent les Avengers, mais aussi les héros de jeu-vidéo Samus Aran ou Master Chief. Il s’agit ici du travail de l’équipe Nous Sommes des Héros, menée par Maxime Macchi, créateur d’une gamme de bijoux unique. Fabriquées à la main, leurs créations sont faites en Galaxium, un alliage inoxydable ayant le super pouvoir de supporter l’épreuve du temps, et prennent principalement la forme de très belles bagues, entièrement personnalisables via leur e-shop. De jolies rencontres, comme une parenthèse créative permettant de s’évader quelques instants.
En conclusion, j’ai apprécié les diverses nouveautés proposées pour ce second Bordeaux Geek Festival, particulièrement l’espace e-sport, qui mériterait de s’agrandir encore à l’avenir. A terme, ce festival pourrait peut-être devenir une plaque tournante de cette discipline qui, à l’évidence, suscite l’enthousiasme du public, qu’importe le jeu proposé. Difficile de ne pas faire la comparaison entre cette édition du BGF et celle de l’année dernière, sans doute plus riche en émotions. Cependant, le rendez-vous pop culture de l’association Mandora semble encore avoir de beaux jours devant lui.
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