Dans Injustice tome 1, écrit par Tom Taylor, le super-héros devient cruel et déloyal !
La série de comics Injustice, dont le premier tome est ici critiqué, est un projet très intéressant sur bien des points. Et le plus important est sans aucun doute le fait que ce cycle soit pensé pour donner des clés de compréhension au jeu de baston Injustice. Voilà le genre de concept qui ne pouvait qu’attirer les regards, vu la mauvaise presse qu’ont ce genre d’œuvres transmédia auprès des ayatollah geeks. Pour resituer en quelques mots Injustice tome 1, le soft dont il est issu est sorti en 2013, sur PS3, Xbox 360 (puis sur à peu près toutes les plateformes existantes) et s’avérait être une grosse surprise tant la qualité était au rendez-vous. Pris en charge par NetherRealm Studios, Injustice était plaisant à jouer, et même s’il souffrait de quelques déséquilibres entre les personnages, on tenait enfin un jeu de super-héros convenable sur nos consoles. Mais ce n’est pas tout, car le jeu Injustice proposait une situation scénaristique pour le moins surprenante, exposée dans un mode solo de qualité. Injustice tome 1 vient donc pour commencer à expliquer en profondeur le comment du pourquoi de l’histoire révélée dans l’opus vidéoludique. Avouons qu’effectivement, les dérivés de jeux-vidéo ont tendance à être moyens voir convenables (au hasard, Resident Evil tome 4). Injustice tome 1 change-t-il la donne ?
Naissance d’un régime totalitaire.
Injustice tome 1 débute alors que Superman déborde de bonheur : sa Loïs est enceinte. Mais dans l’univers de DC Comics, rien n’est jamais aussi simple et agréable qu’il n’y paraît, et ce n’est certainement pas le Joker qui avancera le contraire. Ce parfait psychopathe met à exécution, dans Injustice tome 1, l’un de ses plans les plus furieux, motivé par l’envie d’enfin trouver une victime facile à atteindre. C’est ainsi que Superman, manipulé et trompé par le gaz de l’Épouvantail, tue Loïs, persuadé que celle-ci est le dangereux Doomsday. Ce double meurtre, puisque l’héritier à moitié kryptonien ne survit pas, déclenche aussi une tête nucléaire, relié au rythme cardiaque de Loïs : Metropolis est rayé de la carte. Fou de rage, le Superman d’Injustice tome 1 applique la loi du talion sur le Joker, contre l’avis de Batman. Wonder Woman conseille alors à Superman de mettre en place une paix mondiale, de force, quitte à installer abusivement un véritable système fasciste et arbitraire. La situation d’Injustice tome 1 dégénère vite, entre oppressions et persécutions, alors que les drames s’accumulent.
Injustice tome 1 débute donc sur un véritable drame, une remise en cause de l’univers entier de DC Comics. Car si on peut parfois être un peu déçu par des promesses non tenues dans les univers parallèles chez certains éditeurs (on ne donne pas les noms, bon OK Marvel), cet Injustice tome 1 commence en bouleversant tellement d’acquis qu’on ne peut qu’avoir les yeux écarquillés. Et une certaine bave aux lèvres car, avouons le, voir Superman littéralement péter les plombs dans Injustice tome 1, devant une situation qui échappe à son contrôle, a quelque chose d’étrangement… agréable. Le voir en difficulté a toujours été savoureux, et Tom Taylor (auteur de pas mal de Star Wars et actuellement responsable du Superior Iron Man) l’a merveilleusement capté avec cet Injustice tome 1. Très propre sur lui, le surhomme kryptonien a le potentiel, aussi bien physique que moral, pour être un véritable dictateur de la bonne pensée, du bon comportement. Quoi de plus naturel dès lors que sa réaction irréfléchie décrite dans Injustice tome 1, face au plan atrocement machiavélique, mais pas si compliqué, du Joker ?
Le trop est l’ennemi du bien.
Mais Injustice tome 1 a l’intelligence de ne pas être grossièrement manichéen. Après une entrée en matière pour le moins agitée et tragique, l’auteur d’Injustice tome 1 nous ravit en étalant une foule de conséquences à la problématique initiale. Si, au début de Injustice tome 1, on peut tout à fait comprendre la rage de Superman, tout en se disant que la cible de cette colère l’avait bien cherchée, on doit dès lors faire face aux répercussions. Superman décide dans Injustice tome 1, conjointement avec une Wonder Woman secrètement amoureuse et surprenante de fourberie, d’instaurer la paix mondiale, quitte à user de la force. Une intention qui part d’un bon sentiment mais qui, prise à cœur par des surhommes très émotifs, peut très vite devenir une menace pour les libertés individuelles. On ne connaît que trop bien ce genre de valeurs exposées dans Injustice tome 1, par le biais de Superman, qui ne débouchent que sur de la haine mutuelle, et c’est un véritable bonheur que de voir l’évidence prendre forme dans un comics. En filigrane, c’est notre situation géopolitique qui est discutée dans Injustice tome 1, et pour une fois c’est très bien traité, sans volonté de donner à telle ou telle voix une importance plus grande qu’une autre. Injustice tome 1 se contente de décrire la décadence d’un état d’esprit trop protecteur, trop régularisé, trop tout. Notamment lors d’un passage assez violent, où un fan des super-héros se fait briser la colonne vertébrale pour avoir osé tenir tête au camp de la gentillesse. Injustice tome 1 tape très juste dans son analyse.
Torchons et serviettes.
Injustice tome 1 n’est cependant pas, comme prévenu plus haut, simplement une remise en cause d’un état d’esprit dégoulinant de bons sentiments. Car ne nous trompons pas, ceux qui, comme Batman, voient en l’action de Superman la naissance d’un régime fasciste ne peuvent que côtoyer certains fous furieux. Là aussi, Injustice tome 1 est excellent, car l’album ne tombe pas dans la psychologie de bazar en voulant faire de salopards autre chose qu’ils ne sont. Ce n’est pas parce qu’on n’est pas en accord avec un état d’esprit qu’on doit être fraternel dans la lutte contre celui-ci, et là encore Injustice tome 1 est tout à fait d’actualité. Ainsi, hors de question pour Batman de s’associer, dans Injustice tome 1, avec Double-Face, Killer Croc, Zsasz, et encore moins avec une arme de destruction massive comme Solomon Grundy. Tous ces tristes drilles apparaissent de fort belles manières dans le récit d’Injustice tome 1, bien caractérisés, mais hors de question que ces tarés ne deviennent la seule résistance aux pacificateurs fascisants. Batman se constitue une équipe tout à fait respectable, faite d’âmes prévoyantes et pas nées de la dernière pluie, et on sent que le combat tout juste entamé dans cet Injustice tome 1 va être dantesque sur les prochains numéros. Sur ce premier album en tout cas, on ne peut nier un plaisir quasi total, que seuls quelques dessins pas super soignés viennent entamer un chouïa. Malgré cette toute petite retenue, Injustice tome 1 est sans doute l’un des comics les plus marquants de ces dernières années.
Injustice tome 1, les bonus.
Comics Bazar a ouvert son antenne à Julien Huggonart Bert, encreur sur Injustice tome 1, dans ce podcast.
N’hésitez pas à lire d’autres critiques de Injustice tome 1, notamment chez DC Planet et Xapur.
- Les thèmes abordés.
- Le scénario plein de surprises.
- Les personnages bien utilisés.
- Certains dessins.