Critique du livre La fille de l’assassin, second tome du troisième cycle de l’Assassin Royal de Robin Hobb
Après avoir retrouvé Fitz et appris l’existence de sa fille Abeille dans Le fou et l’assassin, le voici de retour dans un épisode où Abeille prend une place considérable et c’est sans conteste une très bonne chose. Cependant, si La fille de l’assassin est un bon livre il n’est, à mon avis, pas exempt de reproches.
Abeille, une enfant, fille d’un assassin royal, parle comme une adulte
Le premier point que l’on peut reprocher à Robin Hobb c’est le passage ultra rapide sur la capacité à dialoguer d’Abeille. Elle est passée d’une petite fille à la limite de l’écervelée à une gamine parlant au même niveau que les adultes. Dans la version originale, le changement est encore plus abrupt car les deux livres sont réunis en un seul tome (Le fou et l’assassin et maintenant La fille de l’assassin). Autre point un peu facile concernant Abeille, c’est sa rapidité d’apprentissage. Une jeune fille qui apprend à monter à cheval et qui est capable, en plein stress, de galoper à grande vitesse est presque impossible. Toutefois, n’est pas la petite-fille de Chevalerie qui veut non ? Enfin, on apprécie la répartie dont elle fait preuve, notamment face à Evite.
Demoiselle Evite est la jeune femme que l’on rêve d’assassiner ! Si, si !
Ce personnage est véritablement détestable et, il faut l’avouer, on aime le détester. Attitudes vindicatives, à la limite de l’insulte, Evite brille par son manque de courtoisie envers ceux qu’elle estime inférieurs à son rang. La place qu’elle prend dans le récit grandit à chaque chapitre et permet de mieux comprendre le récit et l’écart entre la famille de Fitz et celles de Castelcerf. On peut rajouter dans ce paragraphe les quelques personnages poubelles qui meurent au bout de quelques apparitions et dont une existence plus longue aurait ouvert différents objectifs pour les tomes à venir.
Fitz l’éternel assassin incompris, même par sa fille …
Pauvre Fitz, il n’a vraiment pas de chance quand on y pense. Il sauve des royaumes, veut couler des jours paisibles et le voilà reparti pour devenir un assassin. La tension entre lui et Ortie est vraiment palpable. Cette partie de la trame est somptueusement menée et, dans les tomes à venir, on risque d’apprendre que les décisions de l’un et/ou de l’autre vont influencer grandement l’avenir de l’être qu’ils aiment : Abeille.
Robin Hobb est une tueuse
Sans contestation possible, la plume magistrale de Robin Hobb nous envoûte une nouvelle fois. Cependant, plusieurs critiques se justifient dans ce tome. En effet, la fin est, à mon avis, un peu bâclée et l’action aurait mérité un approfondissement. On aurait aimé observer un combat, des coups de poignard, des gens abréger les souffrances et non une simple décimation de quelques personnes. Comme il s’agit d’une introduction à un nouveau cycle, il est probable que ce poison stylistique ne sera plus présent dans la suite. On attend avec impatience que Fitz, avec l’aide de sa fille, assassine un peu plus et anéantisse toute forme de résistance. Autre petit point négatif, la présence du loup n’est pas claire et, plus particulièrement, l’interaction entre Abeille et ce dernier mérite à la fois un approfondissement et une meilleure caractérisation. Dernier petit reproche, l’épilogue de ce tome est vraiment trop simple et prévisible. Dès le départ on sent arriver la scène finale (à quelques détails près) et le fait que le scénario manque un peu de noirceur et de ramifications n’arrange pas les choses. Certains passages un peu longuets et non nécessaires auraient pu être supprimés pour laisser un peu de place à une trame tendue, mettant plus en avant l’héroïne d’enfant qu’est le rejeton de Fitz.
Le retour de l’enfant prodigue
Sans rentrer trop dans les détails, un personnage capital va rentrer en piste à la fin du récit. Son avis, sa gouaille et sa tournure épileptique des phrases vont probablement bouleverser l’univers du Catalyseur.
Conclusion sur La fille de l’assassin
Pour terminer cette critique sur La fille de l’assassin, Robin Hobb a posé les ficelles de sa marionnette afin que les éléments prennent une représentation théâtrale et annoncent d’ores et déjà une aventure palpitante. Cependant, en voulant probablement trop bien faire, elle a également négligé ce qu’attend un lecteur : de l’action, de la tension et des assassinats. Affaire à suivre et l’on espère que le prochain tome apportera un nouveau souffle et gommera les critiques apportées dans cet article.
Le mot de la fin engage le seul avis de l’auteur de cette critique. On souligne l’indélicatesse de Pygmalion de publier deux tomes différents alors qu’il n’y en a qu’un seul en anglais. Comme quoi, il n’y a pas de petits profits.
- Le style
- La mise en place
- Le retour d'un personnage important
- La fin trop rapide
- La lenteur du récit