The November Man : un James Bond fané ?
Dans The November Man, Peter Devereaux (Pierce Brosnan) est un ancien un instructeur à la CIA qui fut en charge des futures recrues sur le terrain. Alors qu’il avait en responsabilité l’agent Mason (Luke Bracey), ce dernier n’obéit pas à un ordre et cause la mort d’une enfant civile. Après cette mission désastreuse, il décide de prendre une retraite bien méritée et fuit en Suisse pour ouvrir un restaurant. Alors qu’il coule des jours paisibles, Devereaux est contacté par Hanley, un ancien collègue. L’agent apporte des nouvelles alarmantes au retraité : sa copine, infiltré auprès du probable futur président Russe, est en mauvaise posture car elle détient des informations pouvant bouleverser le destin de celui qui se voit déjà au Kremlin. Si Devereaux ne reprend pas du service, pour cette mission que son collègue veut top secrète, il sera perdant deux fois : il perdra sa copine et laissera un pourri mettre en péril la sécurité mondiale. Et ça, le November Man, surnommé ainsi car il est froid comme l’hiver, ne peut l’accepter. Seulement, les choses ne vont pas se dérouler comme Devereaux l’avait prévu…
The November Man était attendu par les fans de Pierce Brosnan (si, ça existe) comme un retour vers l’espionnage, dans la droite lignée de James Bond. Il faut dire que l’acteur Irlandais apparaît comme étant le dernier 007 en accord avec le flegme et la classe légendaire de l’agent secret, son successeur étant plus porté par une mise à jour dictée par le succès d’autres films, La Mémoire La Peau en tête. Malheureusement, les premiers visuels ont vite douché les espoirs d’un 007 sans licence, mais ont mis l’eau à la bouche de ceux qui voulait voir, dans The November Man, un Brosnan bien burné.
The November Man ne fait pas que marcher sur les traces de La Mémoire dans la Peau, il en reprend quasiment tous les ingrédients, les tics de réalisation. Dès le début, via une introduction à la fois expéditive et d’une banalité confondante, on est frappés en pleine poire par le copier/coller en règle des codes visuels de la licence des Jason Bourne. Les dialogues calmes filmés caméra au poing, les lois élémentaires de montage transgressées sans aucune justification, des plans dépassants rarement les cinq secondes et résultants sur une impression de l’action plutôt que sa description. N’en jetez plus, ce The November Man n’est pas destiné aux amateurs d’un cinéma traditionnel, qui mettait en avant la force narrative. Non, ici, tout va vite, très vite, trop vite.
Et on peut le comprendre, tant The November Man n’est pas gâté par son contenu. Le scénario, insipide et jamais étonnant, n’a absolument rien d’un film d’espionnage. Il ne suffit pas d’une séquence technologique, aussi impressionnante soit-elle et il y en a dans ce film, pour faire d’un film d’action autre chose que ce qu’il est. En l’occurrence, The November Man est bel et bien un actioner. Et, dans le style, plutôt bourrin. Le genre de l’espionnage contient de nombreux codes, le réalisme humain en est un et il faut voir, ou revoir, le récent La Taupe pour s’en convaincre. Alors, par exemple, voir Brosnan rentrer dans la tanière du méchant Russe aussi facilement qu’une clé USB dans un PC, c’est quelque chose d’assez symptomatique. Quand au personnage incarné par la sublime Olga Kurylenko, il termine de rendre le tout très peu crédible. Se débarrasser d’une tueuse à gage sur-entrainée en un coup de pelle, avec bruitage de Tex Avery, fallait oser. The November Man déçoit complètement du côté espionnage.
Seulement, The November Man trouve des forces dans un domaine où on ne l’attendait pas. Non, ce n’est pas un hommage à la licence James Bond, mais plutôt aux films d’action des années 80-90, ces bonnes vieilles séries B efficaces. Les innombrables clichés sur l’Europe de l’Est et la Russie, le côté dur à cuir de Brosnan, quelques punchlines bien rigolotes (« j’ai la main assez profondément enfoncée dans son cul que je fais bouger ses lèvres, Peter ! »), un machisme tellement décomplexé qu’il en devient inoffensif… Dommage qu’aucune séquence de grand spectacle ne soit assez mémorable pour faire passer le film dans la catégorie des réussites. Comme dit plus haut, le scénario est plat, peine à surprendre, connaît un milieu très poussif, et surtout ne sait pas trop comment se dépatouiller avec son affrontement. Ce combat, plus ou moins à distance, entre le maître et l’élève avait de quoi être excitant. Malheureusement, ce concept vieux comme le monde (coucou le cinéma de Hong-Kong) n’est jamais transcendé, peine à trouver un véritable intérêt. Et le duel ne devient qu’un ressort scénaristique pour la fin d’un The November Man décidément décevant.
- Le ton, très années 80/90.
- Un Pierce Brosnan badass.
- Visuellement chaotique.
- Le côté espionage raté.
- Le scénario sans surprises.