Kung Fury, le court métrage qui fait le buzz sur la toile, démontre le pouvoir du financement participatif. Une communication rodée et une plénitude de stéréotypes cinématographiques. Explication du phénomène !
Des T-rex aux yeux lasers, des nazis, des Vikings, du kung-fu, une prophétie, on pourrait se croire dans Iron Sky 3. Que nenni, Kung Fury est un bel exemple de la capacité productive de financement participatif sur le net. Le résultat ? Un court métrage qui est disponible gratuitement à la fin de cet analyse sur le phénomène.
Un nouveau genre de financement
Le financement participatif est un nouveau genre de financement. Plus souvent appelé crowdfunding, cet outil de transaction financière connait un essor important depuis l’apparition des réseaux sociaux. En effet, il a pour moyen de permettre à tous de participer de façon symbolique par une simple somme, mais qui, cumulées par tous les donateurs, permettent de rassembler une somme importante. Un très bon exemple est celui d’Iron Sky qui, grâce à la plateforme indiegogo.com, a pu réunir ses fond pour la pré-production.
Kung Fury passera par la plateforme Kickstarter.com pour réunir les $630.019 $ pour soutenir ce projet grâce à 17713 contributeurs. En décembre 2013, la production Laser Uniconrs commence l’élaboration de Kung Fury : états d’avancement partagé sur les réseaux sociaux, goodies, extraits et clips vidéo, voilà une communication bien pensée pour Kung Fury.
Un style rétro assumé jusqu’au bout
« Kung Fury is a visually spectacular action comedy that has its foundation in 80s cop movies. – Kung Fury est un film d’action comédie au visuel atypique qui prend ses sources dans les films policiers des années 80 »
Kung Fury, c’est un court métrage de 30 min qui met en scène un policier, transformé en élu d’une prophétie de Kung Fu qui se doit de retourner dans le passé pour tuer une version ninja d’Hitler : Kung Führer. Il est aidé par un hacker du temps : Haskerman, de femmes viking, d’un policier tricératops, d’un T-Rex et du dieu Thor.
Alors lu comme çà, ce résumé peut vous sembler assez délirant et vous avez raison. Kung Fury est une parodie / hommage à bon nombre de films et stéréotypes de films des années 80. Mélangé savamment, ce n’est pourtant pas un chaos total qui sort de cette demi-heure de plaisir visiophonique.
Une bande sonore ciblée pour faire revivre le bon son des années 80. Non sans rappeler l’album de Kavinsky ou de Daft Punk, il y ici une volonté de porter l’action par une musique présente. Un thème musical pour le héros, une autre pour le méchant, nous retrouvons les codes des bons films de nos jeunesses. Le début des boîtes à rythme avec un synthétiseur reproduisant cet air simple et entraînant, voilà une application réussie de nos saveurs passées. On note également le support dans le projet de David Hasselhof, un acteur à la carrière plus que terminée de nos jours mais qui reste attaché à une époque, celle d’Alerte à Malibu ou de K2000, il représente, avec sa coupe de cheveux inchangée, une image de ces années 80. L’acteur nous proposera le teasing du film dans un clip vidéo où, talent de chanteur à part, nous retrouvons l’ambiance de nos clips délavés.
Pour le visuel, ici encore son réalisateur / acteur principal, David Sandberg fera fleurir les filtres pour nous retrouver sur nos bonnes vieilles VHS. Images qui saccadent et couleur délavées seront biens présentes, parfois trop ? Mais bien au-delà de la bande sonore et de l’imagerie, la réussite se trouve dans la mise en scène et le « scénario ». Nous découvrons un mélange de codes qui sont normalement pas présente ensemble : le sauveur, élu de kung-fu, le policier qui perd son coéquipier noir, remplacé par un collègue non désiré, un tricératops ? Ce sont aussi les débuts de la technologie, du stéréotype du hackeur aux cheveux gras et aux grosses montures qui tape des lignes de codes. Surnommé Hackerman, il est capable de hacker le temps ! Pour combattre un ennemi classique : le nazisme et leurs technologies basées sur la vapeur et la machinerie comme dans IronSky. Quant aux lasers Vélociraptor, les femmes vikings aux physiques généreux, je crois qu’il faut arrêter de réfléchir et juste acquiescer à ce délire.
Une raison derrière ce projet ?
Kung Fury est disponible gratuitement. Il n’est pas d’avis que les revenus soient clairement dans les droits d’auteur. L’idée est toute autre. Faire connaitre la maison de production, avec plus de 11 millions de vues en moins d’une semaine, vous pensez bien que Laser Unicorns qui est derrière le projet ne va maintenant pas s’arrêter là. La notoriété et les possibles retombées publicitaires vont propulser le petit groupe derrière le projet. Ce sont aussi des goodies : musiques, t-shirts, affiches, vinyles ou jeu vidéo, ces produits très peu coûteux à mettre en place vont sûrement se vendre très facilement à la base de fans qui ont suivis le Kung Fury depuis ses débuts.
Une critique de Kung Fury
Kung Fury est un parfait exemple d’une production financée par la participation populaire. Attaché à son temps par un réseau social travaillé, entouré de personnalités et avec un business model réfléchi, ce court métrage réussit à nous replonger dans les années 80 par sa musique, ses codes et ses images dignes des plus mauvaises VHS. Les codes sont maitrisés, utilisés suffisamment sans être abondants ou omniprésents. J’aime beaucoup le personnage de Hackerman et son gant de maître pour passer en « mode uber ». La musique correspond à la thématique années 80: Miami Vice ou K2000. A mon avis, le seul petit bémol à déplorer n’est pas au niveau du scénario ou de l’invraisemblance générale totalement assumée du court métrage, mais dans l’excès parfois de filtres d’image qui ressemble plus à Instragram qu’à une vielle cassette. Cet aspect est à mon sens mineur et ne dénature en rien la qualité générale de Kung Fury.
Kung Fury est à découvrir dans sa totalité ici :
Si vous voulez en savoir plus sur le projet King Fury et Laser Unicorns, je vous conseille les liens suivant :
http://www.kungfury.com/
http://www.clubic.com/mag/culture/actualite-768538-kung-fury-film-reconcilie-financement-participatif.html
- La musique, l'image des années 80
- Le délire totalement assumé
- L'aspet "faux", trop poussé parfois de l'image
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