Le Loup de Wall Street
–
Les critiques pleuvent sur la réussite du Loup de Wall Street. Comment et pourquoi ce dernier film de Martin Scorsese déchaîne autant les foules? Mise en scène, acteur, scénario? Quel est l’ingrédient mystère qui fait de ce film une réussite? Sur vent de crise financière, posons-nous quelques minutes sur ce film.
Martin Scorsese à la réalisation, c’est d’abord une valeur sûre. Avec plusieurs grands films à son actif comme Les Affranchis, Gangs of New York, Les Infiltrés ou encore Shutter Island ; rares sont les films inintéressants. Cette fois, dans Le Loup de Wall Street, on revient sur un sujet contemporain : les déviances de la finance. Leonardo DiCaprio y joue Jordan Belfort un courtier en bourse dans les années 80 et 90. Au moment de l’ouverture de la finance et des capitaux aux Etats Unis, il monte son entreprise, Stratton Oakmont. C’est à cet instant que commencent les déviances. Porté par une expansion exponentielle de son business, il dérive sur la consommation de drogue à outrance, mais joue également avec la prostitution et la corruption. Il terminera alors derrière les barreaux du FBI.
Alors pourquoi ce film est-il aussi intéressant ? Et bien d’abord par sa simplicité. En effet, Le Loup de Wall Street se regarde très bien, malgré ses 3 heures de film. On ne voit pas le temps passer, porté par les événements et la fluidité de leurs enchaînements. De plus, nous avons la découverte d’un monde méconnu du grand public. Bien souvent le monde de la finance, spécialement à cette époque, est un grand mystère, un monde codifié et fermé du quidam moyen. Le choix de cette intrigue égaille notre curiosité. Le Loup de Wall Street est clairement dans une immersion et une fascination du spectateur.
Mais c’est également dans la réalisation même que l’on trouve un intérêt pour ce film. Tout dans ce film est en excès. On a du mal à imaginer la part de réalité et celle de fiction. D’un côté par les talents de Scorsese, et de l’autre par la mince frontière entre l’imaginaire et le réel. Bien souvent d’un côté ou d’un autre, les films nous apportent l’imaginaire qui ne peut exister ou un reflet de la réalité pour nous documenter. Il y a bien ici une fusion des deux thématiques, bien souvent impossible à transposer ensemble dans le même film. Quelle est la part de vérité dans cette histoire? La réponse n’est pas si simple, tellement les extravagances qui, dans un autre contexte seraient totalement improbables, sont ici plausibles. En effet, elles en sont accord avec la situation et on se demande même si elles ne sont pas une infime partie de l’iceberg réel de cette époque. Lancé de nain, prostitution au travail, drogue, alcool et j’en passe, tous s’inscrivent parfaitement dans le récit du Loup de Wall Street.
Enfin, comme indiqué plus haut, la fluidité du film vient surtout de sa construction. Au-delà du jeu d’acteur excellent et de la réalisation, c’est aussi dans l’avancée inexorable de la fin préméditée de Jordan Belfort. Centré sur ce personnage, on comprend dès le début du film que la fin va arriver, sans savoir quand. Des petites scènes d’enquêtes à l’arrestation du FBI à la fin du film, on a ce sentiment d’emprisonnement sur le personnage. On est tenu et retenu par l’intrigue et la tension alors créée par l’agent responsable de l’enquête.
Le Loup de Wall Street est une réussite, de par sa réalisation et son jeu d’acteur. Mais c’est surtout par l’application de principes simples tels qu’un univers méconnu, dans lequel des déviances extravagantes y sont présentées. A la frontière entre la fiction et le réel, on se plonge totalement dans la vraisemblance du récit. La fin inexorable et prémédité nous tient en haleine pendant tout le film et nous fait oublier rapidement ces 3 heures. Martin Scorsese nous signe, une fois encore, une belle œuvre cinématographique avec Le Loup de Wall Street.
- Très bons acteurs. Leonardo DiCaprio porte ce film avec brio.
- Martin Scorsese nous montre la voix à suivre pour réussir un film.
- Un Matthew McConaughey en retrait.