Critique Coldwater: un sujet tabou exposé au grand jour
Vincent Grashaw signe son premier long métrage avec Coldwater, un film qui vous fait froid dans le dos.
Coldwater nous plonge directement dans l’horrible ambiance brutale -pourtant réaliste- d’un camp de redressement. De façon plutôt glauque, le film débute par la capture de Brad Lunders (interprèté par P.J Boudousqué), tiré de son sommeil, comme un animal mis en cage. Dès lors, les spectateurs suivent le quotidien sanglant de cet étrange adolescent, avec quelques flashbacks sur son passé qui l’est tout autant.
Durant 1h48, ce thriller aux accents dramatiques nous sensibilise – sans pudeur – sur la dureté du gouvernement étasunien et l’insensibilité paranormale de certains hommes. Coldwater met l’accent sur le gore, mais réussit à ne pas trop en faire. A son juste milieu, il illustre à la perfection les violences physiques mais aussi psychologiques. Comment alors ne pas être touché par le film ? Comment ne pas s’identifier à un des protagonistes ? L’effet du réalisme est bien présent. Même si violence et haine s’entremêlent, Coldwater parvient à trouver quelques moments de répit, pour nous dévoiler (à la façon hollywoodienne) une tendre histoire d’amour et d’amitié à l’écran.
Pour certains cependant, Coldwater n’est autre que dérangeant. En effet, (hormis les scènes violentes déjà bien présentes), plusieurs moments sont pesants. Ces derniers accentuent le suspense, venant appuyer la caractéristique principale du thriller. Ces quelques instants, que le spectateur vit intensément, viennent combler le parfait tableau de la réalité sur grand écran. Ces longues minutes de silence ou de douleur, viennent insister sur la durée et la dureté de l’épreuve. Cela ne veut pourtant pas dire que l’on s’ennuie : au contraire ! L’enchaînement des scènes de Coldwater est plutôt bien réalisé : les retours en arrière sont très utiles et ne gênent pas la compréhension du film. Ainsi, nous parvenons sans peine à distinguer les différents espaces temporels, ainsi que les différents personnages. Coldwater insiste également sur chaque détail, comportant tous une symbolique, sorte de message implicite. Une société qui est critiquée, des faits réels qui sont relatés… Coldwater parvient à faire le parfait mélange entre documentaire et fiction.
Evidemment, sans le jeu de ses acteurs, Coldwater ne vaudrait pas grand-chose ! Il me semble essentiel de qualifier le jeu de P.J Boudousqué comme incroyable. Aux allures de beau gosse, et sous les traits d’un plus jeune Ryan Gosling, il se pourrait que P.J Boudousqué soit une toute nouvelle star du cinéma. Coldwater lui ouvre d’ailleurs une porte, lui permettant ainsi de faire ses premières preuves. Il se pourrait bien que le jeu de ce petit nouveau soit prometteur !
Dans Coldwater, c’est surtout la gestion des sensations des personnages qui est difficile à trouver. Pourtant, P.J Boudousqué maîtrise le sujet sur le bout des doigts. Il est juste dans chacune de ses émotions. Il parvient à incarner le « bad boy » sans trop de difficulté, le rebelle sans frôler le ridicule, et la violence avec un sang-froid implacable, faisant frissonner le spectateur. L’évolution de ce protagoniste est d’ailleurs assez impressionnante ! Personnage clé de l’intrigue, il est le reflet d’un groupe endoctriné, poussé à bout sous les ordres d’une secte, menant certains aux portes de la folie…
James C. Burns est tout aussi excellent dans le rôle du capitaine jeté. Apparemment, il est toujours plus simple de jouer les méchants, mais ici il faut bien avouer que la personnalité malsaine de ce dernier n’est pas vraiment à porter de main. Roi de ce petit jeu de rôle, il fait de ces pauvres adolescents de véritables pions, et mène à la baguette les rythmes endiablées du suspense et de l’action.
Vous l’auriez bien compris, Coldwater s’inscrit comme un thriller réussi !
Ici, une autre critique de Coldwater.
- P.J. Boudousqué
- Le réalisme du film
- Les flash back
- La violence qui peut déplaire certain(e)s