Dallas Buyers Club : l’histoire d’un homme d’exception
Considéré comme la « bête noire » du 20ème siècle, le sida est malheureusement toujours d’actualité sans solution miracle. Tiré d’une histoire vraie, Dallas Buyers Club est là, tel un rappel sur la gravité de ce sujet sensible et tabou qu’on a su mettre légèrement de côté ces dernières années.
Sexe, drogue, et rodéo, voilà à quoi se résume la vie de débauche que mène Ron Woodroof (Matthew McConaughey). Mais malheureusement, tout finit par chavirer lorsqu’il apprend sa séropositivité. Le temps qui lui reste à vivre ? 30 jours. 30 jours d’investissement et de révolte face à l’impuissance du monde médical. D’autres malades se joignent à lui dans son combat, dont un homosexuel nommé Rayon (Jared Leto), c’est alors que le Dallas Buyers Club voit le jour.
Dallas Buyers Club : un regard qui change la donne
Jean-Marc Vallée a eu l’art et la manière de décrire l’impact de cette maladie dévastatrice à travers un regard empreint d’une « pudeur dépravée ». Effectivement, Dallas Buyers Club se distingue par ses scènes de sexe particulièrement explicites. A contrario, une certaine retenue émane des scènes plus sensibles, le réalisateur allant même jusqu’à écourter un des passages les plus émouvants du film. C’est cette posture qui fait l’originalité du film. Cependant, cette pudeur sentimentale nous émeut, mais pas assez pour nous séduire complètement. Il nous manque ce « quelque chose » avec la petite larme à l’œil en prime, sans forcément tomber dans le grand mélo. On ressentira de plus une certaine frustration en raison de dialogues superficiels voire bâclés.
Dallas Buyers Club a eu aussi l’ingéniosité et le tact de mettre au premier plan ce que la majorité des gens passaient au second : l’hétérosexualité. Découvert sous le nom de « gay pneumonia » dans les années 70, le sida était associé à la population homosexuelle. Dallas Buyers Club a su se détacher de ce stéréotype en mettant en scène un personnage principal hétéro (un poil homophobe) étonné d’être séropositif. Cependant, Dallas Buyers Club n’a pu éviter le cliché de l’homo séropositif, mais a su l’évoquer joliment à travers un second rôle tout à fait réussi.
Dallas Buyers Club se lance dans le biopic de Ron Woodroof qui a contribué à faire avancer les choses pour les séropositifs, et c’est réussi ! Jean-Marc Vallée a su éviter tous les pièges qui pouvaient menacer son scénario en filmant tout simplement la chose la plus crédible : la réalité, à travers les métamorphoses physiques de ses acteurs.
Dallas Buyers Club : deux rôles, deux Oscars
Grosse moustache, teint cadavérique, joues creuses et regard vitreux, Matthew McConaughey (True detective, Mud, Killer Joe) se la joue à la « Christian Bale » (dans The Machinist) en perdant plus de 20 kg pour ce rôle ! Résultat : un Matthew McConaughey méconnaissable qu’on croit dur comme fer à l’article de la mort. Au-delà de cette transformation physique, l’acteur se livre à une prestation hors normes, mêlant colère et impuissance, passant du statut de cow-boy arnaqueur à celui de Saint Sauveur. Une nouvelle fois, Matthew McConaughey dévoile une facette insoupçonnée de son jeu d’acteur. L’Oscar lui est servi sur un plateau, coiffant au poteau un Leonardo DiCaprio (Le Loup de Wall Street, Django Unchained) malchanceux de ce côté-là depuis le début de sa carrière.
Absent du monde du cinéma depuis Mr Nobody (2010), Jared Leto (Requiem for a Dream) refait surface dans le rôle du transexuel affirmé, et son retour fait l’effet d’une tornade ! Grâce à un régime draconien (25 kg en moins), une beauté légèrement androgyne et un travestissement couronné par l’Oscar du Meilleur Second Rôle en 2014, Jared Leto était l’acteur parfait pour jouer le rôle de Rayon. Impliqué jusqu’au bout du bout dans ce rôle, Jared Leto ne quittait même plus son costume hors tournage pour vraiment rester dans la peau de son personnage. Une anecdote qui montre le réel investissement et le talent de cet acteur aux multiples facettes (il est également le chanteur du groupe 30 seconds to Mars).
Vous l’aurez bien compris, le film oppose la grosse brute hétéro à « la folle » sentimentale. La rudesse face à la douceur. Un duo de choc d’où semble néanmoins naître une osmose. Une amitié unique en son genre et l’une des plus fidèles et des plus sincères vues sur grand écran.
Dallas Buyers Club : une BO qui aurait pu couronner le tout
Nous avons tous en tête la fameuse BO de l’incontournable film Philadelphia, avec en prime l’Oscar de la meilleure chanson pour « Streets of Philadelphia ». Elle est signée Bruce Springsteen et c’est la petite touche finale de ce long métrage marqué par le duo incontournable Hanks/Washington. Dallas Buyers Club aurait dû faire de même pour clouer le spectacle. Cela aurait sans doute adouci la réalisation acrimonieuse du réalisateur et camouflé ce « manque sentimental » un peu trop marqué.
Au final, Dallas Buyers Club porte à l’écran d’une manière appropriée la biographie de Ron Woodroof et son combat contre le VIH. Mais c’est également une histoire d’amitié singulière entre deux personnages complètement opposés que seule la maladie a su réunir.
- le duo choc McConaughey/Leto
- Jared Leto en travesti
- l'histoire de Ron Woodroof
- des dialogues pas assez profonds
- l'absence de BO marquante