Critique – El Club

Notre avis sur El Club, Ours d’Argent à Berlin en 2015, qui sort le 23 mars en DVD et VOD.

El Club est le cinquième long métrage du Chilien Pablo Larrain, remarqué en 2012 à Cannes avec No, sur le referendum de 1988 au Chili. Nous quittons ici la sphère politique pour entrer dans une demeure aussi mystérieuse qu’austère où vivent quatre vieux prêtres et une religieuse. Que font-ils enfermés ici, dans une petite ville sordide et trop calme pour être véritablement en paix ? Le réalisateur va nous ouvrir les portes de la boîte à secrets la plus terrible de l’Eglise Catholique avec un style sans concession.

La fine équipe

Le décor est froid et triste alors que défilent les premières images de El Club. On croirait presque sentir les embruns glacés. Personne ne parle, la plage est déserte, hormis ce groupe mal assorti qui fait faire de l’agility à un lévrier (il faut bien se distraire un peu). Ils sont quatre hommes et une femme et  vivent tous dans une maison jaune au bout d’un village de pêcheurs battu par les vents. Nous découvrons bientôt qu’il ne s’agit pas de vieux potes en goguette à la mer mais de prêtres mis au ban de l’Eglise, et d’une nounou-religieuse qui veille sur eux et au respect des règles en vigueur dans l’établissement.

El Club

L’arrivée d’un nouveau pensionnaire qui se suicide immédiatement ou presque (remarquez, vu l’ambiance…) et d’un enquêteur dépêché par l’Eglise, le père Gracia (Marcelo Alonso), vont bouleverser la routine et faire ressurgir les démons du passé. C’est là que les âmes sensibles vont devoir se boucher les oreilles ou avoir une furieuse envie de regarder quelque chose de plus distrayant, comme Zootopie. Délinquance, collaboration avec la dictature, pédophilie et trafic d’enfants. Délivrez-nous du mal, si c’est encore possible.

Un film qui secoue

 Il y a quelque chose de beau dans la laideur des images du film de Larrain ; un malaise palpable dans les silences et les plans serrés sur la petite maison. El Club est filmé comme un huis clos. On suffoque devant notre écran, comme un écho au trop plein de secrets qui étouffe les personnages et leur petite vie bien à l’abri de la justice. El Club est un film engagé, qui souligne les différences entre l’Ancienne et la Nouvelle Eglise (celle du pape François) et surtout dénonce l’immunité quasi-totale des membres du Clergé. Le propos glace le sang, d’autant que des maisons de ce type existent réellement et pas seulement au Chili.

Larrain a rejeté la haute définition et préféré filmer en lumière naturelle. On reconnaît son style et le grain si particulier des ses images. Les gros plans sur les visages des protagonistes mettent en lumière leurs visages fermés où plane l’ombre de la culpabilité. Culpabilité qu’aucun d’entre eux ne semble pourtant ressentir. El Club est un drame grinçant parfois teinté d’humour noir qui bouscule les consciences et met le spectateur mal à l’aise. Tout est ambigu ici,  la situation des prêtres, leur attitude, celle de l’Eglise, le discours d’un jeune villageois autrefois abusé par un religieux, le visage de Soeur Monica (Antonia Zegers) qui exprime à la fois la béatitude et le vice profond. Le style de Larrain est brutal et cru et, si je reconnais sa maîtrise, je n’y suis pas sensible. El Club est plus un document qu’un film pour le cinéma.

Pour un autre article – et un autre point de vue, c’est sur Telerama.

Critique - El Club
Un film engagé au discours sans concession.
Acteurs
Mise en scène
Scénario
Images et son
On aime bien
  • Le réalisateur a un vrai style
  • Le mystère qui auréole les personnages
On aime moins
  • Trop cru
  • C'est plus un "essai" filmé qu'un film
  • Je salue le style mais je n'adhère pas
2.6L'avis
Note des lecteurs: (0 Vote)
  • Titre : El Club
  • Année de sortie : 2015
  • Style : Drame
  • Réalisateur : Pablo Larrain
  • Synopsis : Dans une ville côtière du Chili, des prêtres marginalisés par l’Eglise vivent ensemble dans une maison. L’arrivée d’un nouveau pensionnaire va perturber le semblant d’équilibre qui y règne
  • Acteurs principaux : Alfredo Castro, Roberto Farías, Antonia Zeger
  • Durée : 1h37