Critique – En Equilibre

Des chevaux, Albert Dupontel et Cécile De France : notre critique de En Equilibre, le dernier film de Denis Dercourt

En Equilibre, librement adapté du roman de Bernard Sachsé : Sur mes Quatre jambes, nous raconte l’histoire de Marc Guermont (Albert Dupontel), grand cascadeur équestre dont la réputation n’est plus à faire. Lors du tournage d’un film, il est grièvement blessé et perd l’usage des ses jambes. L’espoir de remonter un jour à cheval s’envole et c’est en fauteuil roulant qu’il arpente sa propriété de Loire Atlantique. Son destin est brisé. Sa compagnie d’assurance lui met la pression et charge la charmante Florence (Cécile de France) de s’occuper de son dossier. La jeune femme, chignon strict et tailleur pantalon, fait son travail sérieusement mais ne semble pas s’émouvoir du sort de Marc. Pourtant, cette rencontre, a priori sans conséquences particulière, va bouleverser leur vie. Pour le meilleur ?

Les acrobaties du cœur

Avec En Equilibre, Denis Dercourt signe son 9ème film et il s’offre pour l’occasion des acteurs de premier choix dans le paysage cinématographique français : Albert Dupontel et Cécile de France (sublime avec les cheveux longs). Et, comme à son habitude, le réalisateur fait la place belle à son autre métier : la musique. En effet, on doit, entre autres, à ce professeur d’alto La Tourneuse de Pages (son succès le plus notable), avec Catherine Frot en pianiste de renom, ou encore Mes Enfants ne sont pas comme les Autres avec Richard Berry en père musicien tyrannique. affiche du film en équilibre avec albert dupontel et cécile de franceIci, l’intrigue discrète derrière le destin tragique de Marc Guermont, c’est la passion de Florence pour le piano. Dans sa jeunesse, elle caressait l’espoir d’être pianiste professionnelle. Mais elle s’est découragée suite à un concours raté. Entre le cascadeur en fauteuil et la jolie femme qui a renoncé trop vite à ses rêves, on voit venir une belle harmonie et une histoire où les personnages se sauvent mutuellement la vie, à l’instar de De Rouille et d’Os d’Audiard. L’affiche du film, où les deux acteurs, cheveux au vent, regardent dans la même direction, nous avait déjà laissé cette impression d’équilibre retrouvé.

La métaphore inachevée

De nombreux thèmes sont abordés dans En Equilibre : le handicap et l’autonomie, les rêves remisés au placards, la relation entre le cavalier et sa monture et la liberté de devenir ce que l’on est. Denis Dercourt se contente de les effleurer. On ne rentre véritablement dans aucune intrigue ni aucun sujet ici, et même l’accident de Guermont nous laisse de marbre. Il intervient trop tôt, ou trop tard, et ne constitue pas le ressort émotionnel attendu – voire espéré – par le spectateur. Le réalisateur ancre son scénario dans le réel et le quotidien : aménagement de la maison de Marc Guermont , voiture à commandes au volant et problèmes d’assurance. Pas de potes qui tiennent de longs discours larmoyants sur la chance d’être en vie. Dercourt refuse que son film soit un mélodrame sucré à la sauce sortez vos mouchoirs – et c’est très louable. La sobriété est une grande qualité. Poussée à l’extrême c’est un vilain défaut. En Equilibre est une jolie métaphore. Mais si on en comprend toute la portée symbolique, on peine à trouver dans le film la richesse qu’elle promet.

La relation entre Marc et Othello, son cheval, est tout juste survolée. Donc, si vous vous attendiez à une belle complicité homme-animal comme dans L’Homme qui murmurait à l’oreille des Chevaux  ou Jappeloup, pas la peine de faire la queue pour un ticket. Comme on l’entrevoit dans la bande-annonce, une histoire d’amour naît entre les deux protagonistes. Elle arrive comme un cheveu sur la soupe, sans montée de sentiments ou de déchirements intérieurs. Elle est là pour meubler. Tout comme les dialogues entre Florence et ses proches, peu élaborés et qui n’apportent rien au déroulement de l’histoire. Seul un échange est touchant, lorsque Cécile de France, un peu blasée, dit : « on ne fait pas ce qu’on veut dans la vie », Dupontel répond « ben si ». Et c’est là le vrai sujet, le cœur d’En Equilibre : la volonté d’accomplir son destin coûte que coûte quels que soient les obstacles que la vie mettra sur le parcours. Il trouve malheureusement peu de place ici.

Un duo charismatique

En Equilibre est sauvé de la catastrophe par ses têtes d’affiche. Et en plus, ils se sont tous deux beaucoup investi pour ce film. Albert Dupontel fait lui-même ses cascades – oui, c’est bien lui dans la scène de voltige du début – et Cécile de France a appris à jouer du piano. A l’image des personnages, les acteurs se sont surpassés, leurs performances faisant écho à celles de Marc et Florence. Ils sont solaires, charismatiques et justes. Le reste du casting est plus en retrait, les rôles étant très creux et superficiels. Les personnages secondaires sont un autre point faible d’En Equilibre et semblent n’avoir été créés que pour remplir les images. Quelquefois, il vaut mieux sortir son mouchoir que regarder sa montre.

Pour en savoir plus sur En Equilibre, c’est par ici, et pour écouter Cécile de France nous parler du film et de la musique, c’est par .

Critique - En Equilibre
En Equilibre est un film bien bancal qui ne va pas au bout de ses idées.
Acteurs
Scénario
Mise en scène
Image et Son
On aime bien
  • Les deux acteurs principaux
  • Deux belles images de cascades
On aime moins
  • Le vide sidéral du scénario
  • Les personnages secondaires inutiles
  • Les dialogues : au secours !
1.9Note Finale
Note des lecteurs: (2 Votes)