Critique- Gérontophilia

Critique Gérontophilia : quand différentes générations s’entremêlent

Bruce LaBruce, connu pour ses films gay au caractère très osé, revient avec sa toute dernière production Gérontophilia. Il nous entraîne cette fois-ci –à notre grande surprise- dans une « love story » plutôt singulière et déconcertante.

affiche Gérontophilia

Lake a 18 ans. Il vit chez sa mère, Marie, à tendance alcoolique et névrosée. Il sort également avec une fille de son âge aux allures excentriques. Mais petit à petit Lake se découvre une attirance plutôt particulière pour les personnes âgées. Travaillant dans une maison de retraite durant l’été, il va faire la connaissance de M. Peabody, un vieil homme âgé de 82 ans. De quoi bouleverser sa vie et ses repères…

Le mot Gérontophilia vient du grec « geron » qui signifie vieillard et « philie », amour. En d’autres termes, la gérontophilie c’est lorsqu’un individu est attiré sexuellement par une personne très âgée. Si cela va surement en repousser plus d’un à l’idée du sujet traité, Gérontophilia s’affirme tout de même comme une histoire plutôt originale au sujet délicat et à tendance polémique. Et nous le savons bien, le cinéma adore ça !

Si l’homosexualité est rentrée dans les mœurs, certaines attirances sexuelles sont encore loin d’être acceptées. Effectivement, voir un jeune homme embrasser un « vieux » (et plus si infinité), ça ne court pas encore les rues ! En bref, Bruce LaBruce avait un bon sujet, c’est certain (surtout lorsque nous savons que l’histoire est tirée de son vécu personnel). Cependant, Gérontophilia est malheureusement peu poussé en profondeur. En effet, le scénario de Gérontophilia reste assez plat et peu contenant. En 80 minutes peu de choses se produisent et nous n’avons affaire à aucun rebondissement. L’histoire de Gérontophilia se présente tel un long fleuve tranquille dont la trame est cousue de fil blanc. Le tout clôturé évidemment par une fin plus que classique en son genre.

Pier-Gabriel Lajoie et Walter Borden dans Gérontophilia

Si les relations entre les personnages sont plutôt réservées et effacées, la profondeur des sentiments ne l’est pas pour autant dans Gérontophilia. Et le jeu des acteurs y est forcément pour quelque chose. A commencer par Pier-Gabriel Lajoie avec un premier rôle au cinéma et par n’importe lequel: celui de Lake. En retrait et plutôt renfermé sur lui-même, Pier-Gabriel Lajoie a su maîtriser avec une extrême sensibilité, toute la remise en question de Lake sur sa différence et son mal-être. Walter Borden marque sa génération en jouant M. Peabody, un homosexuel de 82 ans. Il ose soulever le problème de l’époque : celui du tabou et du faux semblant que devaient s’infliger tous les homosexuels. Katie Boland (The Master), petite amie de Lake rentre parfaitement dans le rôle de l’adolescente en quête d’identité. Quant à Marie-Hélène Thibault, elle joue la mère « débauchée-dépressive » avec beaucoup de talent.

Si le scénario de Gérontophilia me semble peu approfondi, la mise en scène s’avère réussie. Avec Gérontophilia, Bruce LaBruce met la pornographie de côté pour nous offrir une histoire pudique remplie de tendresse (seuls quelques baisés sont dévoilés). Bruce LaBruce joue également sur la différence de génération : à l’hôpital, dans la voiture, dans un lit ou encore sur un comptoir de bar, plusieurs plans fixes sont focalisés sur Lake et M. Peabody insistant ainsi sur leur différence d’âge. Aussi, Bruce LaBruce accentue cette idée en passant par l’image du corps et s’attarde sur des gros plans. Effectivement, nous sommes exposés à plusieurs reprises aux dessins très explicites et réalistes de Lake représentant ainsi des corps nus de personnes âgées. De plus, Walter Borden se dévoile complètement nu devant la caméra avec beaucoup de classe et de grâce sous les yeux extasiés de plaisir de Pier-Gabriel Lajoie. Avec Bruce LaBruce, la peur de vieillir prend une toute autre tournure.

Gérontophilia, c’est avant tout une histoire d’amour à part, au-delà des barrières générationnelles et des principes. Bruce Labruce a su nous emporter dans une histoire décalée à travers des personnages atypiques et qui marqueront nos esprits par leur vécu personnel.

Ici et ici, deux autres critiques de Gérontophilia.

Critique- Gérontophilia
Gérontophilia, un film à la fois dérangeant et bouleversant.
scénario
mise en scène
acteurs
image et son
on aime
  • le sujet original
  • la mise en scène
  • le casting prometteur
on aime moins
  • le scénario trop plat
  • la fin prévisible
3.5Note Finale
Note des lecteurs: (0 Vote)
    • Camille LATOUCHE

      Grossomodo c’est un gigolo façon 3eme âge ?

      • Sarafldn

        oui d’une certaine manière, on peut dire ça comme ça^^