Critique – God Help The Girl

God Help The Girl : quand Belle rencontre Sebastian

Patiente d’un hôpital psychiatrique, Eve rêve d’évasion et compose des chansons pour libérer ses sentiments. Sa rencontre avec James, un guitariste mal à l’aise dans un groupe de rock, va les inciter à se lancer dans la création de leur propre groupe avec Cassie, une londonienne un peu bourgeoise et décalée.

Un premier film (autobiographique) pour Stuart Murdoch

God Help The Girl est le premier film de Stuart Murdoch, leader du célèbre groupe Belle & Sebastian. Commençons donc logiquement par le facteur déterminant du film, pour certains : oui, God Help The Girl est une comédie musicale. Il s’agit là d’un parti pris très audacieux et développé sur 1h50 de film, faisant se dérouler les paysages de Glasgow au rythme effréné d’une bande-son très efficace.

Le film est un ressortissant de la sélection Sundance 2014, présentant ainsi au grand public cette première réalisation ambitieuse. God Help The Girl traite de manière sous-jacente l’anorexie de la jeune Eve, interprétée par Emily Browning (Sucker Punch), pour qui la musique est à la fois une vocation et un remède. Il n’est pas très étonnant que Murdoch ait choisi de s’attaquer au sujet difficile de l’hospitalisation, du milieu psychiatrique et de la musique comme thérapie, puisqu’il a souffert lui-même de cette situation. Le film a donc tout d’une volonté autobiographique, chose qu’il a lui-même avouée lors d’un Q&A après une projection. God Help The Girl possède un scénario original, mais on peut ainsi lire entre les lignes une sorte de genèse pour le groupe Belle & Sebastian (qui apparaissent de manière sympathique sur la bande originale).

Le film a remporté le prix du jury au festival Sundance

Un musical entraînant et un trio détonnant

Eve va rencontrer lors d’une escapade hors de son établissement le très maladroit et un peu paumé James (Olly Alexander), guitariste qui ne semble pas à sa place au sein de son groupe de rock. Cherchant la liberté, Eve va s’installer chez lui et le spectateur assistera ainsi à une fascination naissante de James pour Eve. Cependant dans God Help The Girl, cette intrigue amoureuse restera secondaire voire tertiaire, le film étant principalement fondé sur la création d’un groupe, et mettant en scène la musique comme personnage principal. Les intermèdes musicaux très ingénieux assument d’ailleurs totalement le côté « musical » du film, puisqu’ils agissent presque comme des clips musicaux. Les personnages se mettent à danser de manière chorégraphiée, tout est mis en scène, les playbacks sont exagérés pour accentuer encore plus le côté pop. God Help The Girl est une comédie musicale acidulée qui s’assume complètement, et se démarque de tout ce que fournit aujourd’hui l’industrie hollywoodienne. Le film est très décalé (on notera d’ailleurs au générique la présence des crédits aux « Hipsters » et à « Julie Andrews », jouée par une jeune femme déguisée en Maria de La Mélodie du Bonheur dans un des clips).

Emily Browning interprète Eve, une jeune femme désinvolte au talent révoltant

La voix enchanteresse d’Emily Browning, qui avait déjà été prêtée à quelques titres de la BO de Sucker Punch, va résonner aux oreilles du spectateur pendant tout le film, mêlée à celles de Olly Alexander et d’Hannah Murray (Skins). Ces trois personnalités totalement hétéroclites fonctionnent de manière surprenante ensemble, l’alchimie opérant parfaitement. Le personnage loufoque de Cassie va dégager un charme fou, la jeune femme préférant envoyer son chien pour prévenir une amie, plutôt que d’utiliser son téléphone portable. D’une certaine manière, la technologie est absente de God Help The Girl. Même Eve enregistre encore ses chansons sur cassette audio, travaille comme serveuse dans un bar rétro, s’habille comme une pin-up des années 70… L’atmosphère rétro que dégage God Help The Girl va vous emporter.

On reprochera sans doute au film de nombreux temps morts, probablement dûs aux numéros musicaux trop abondants. Certes le film est une comédie musicale et l’action est portée par les chansons, mais quand on constate que l’album du film comporte 28 chansons, on se dit qu’on n’a pas rêvé, finalement. Le scénario ne suit pas toujours, étant assez faible parfois, mais l’accent mis sur la mise en scène est tel qu’on peut l’excuser.

En bref, God Help The Girl est le film à voir si vous souhaitez éviter le blues hivernal et ressortir avec des chansons plein la tête ! En salles le 4 décembre 2014.