Critique L’homme qu’on aimait trop : quand la réalité devient fiction
André Téchiné nous plonge dans son dernier drame, L’homme qu’on aimait trop, où Guillaume Canet, Catherine Deneuve et Adèle Haenel forment un trio plutôt convainquant.
L’homme qu’on aimait trop s’approprie l’histoire d’Agnès Leroux (Adèle Haenel). Revenant tout juste d’Afrique, Agnès retourne vivre auprès de sa chère mère Renée (Catherine Deneuve), propriétaire du casino « Le Palais de la Méditerranée », à Nice. En plein divorce, Agnès finit par tomber follement amoureuse du beau Maurice Agnelet (Guillaume Canet), avocat et bras droit de Renée. Mais Agnès revient avant tout pour vendre sa part d’héritage. Malheureusement le casino est au plus bas. Sa mère ne peut donc reprendre ses parts pour l’instant. Maurice finit par s’en mêler. Il met en relation Agnès avec Fratoni, un mafioso voulant à tout prix reprendre les rênes du casino. Le contrat : trois millions de francs en échange d’un vote contre sa mère. Agnès accepte. Renée perd le contrôle du casino, Maurice s’éloigne. Agnès supporte mal la situation. Après une tentative de suicide, elle finit par disparaître en 1977. 30 ans plus tard, son corps n’est toujours pas retrouvé et Maurice Agnelet demeure l’unique suspect de sa disparition.
Inspiré de faits réels, L’homme qu’on aimait de trop relate la réelle histoire d’Agnès Leroux qui reste malgré tout énigmatique. Ce n’est pas la première fois qu’André Téchiné entreprend un sujet faits divers. En effet, ce fut déjà le cas avec La fille du RER, où figure également notre chère Catherine Deneuve. Ici, L’homme qu’on aimait trop nous entraine totalement au cœur de ce drame et parvient à semer en nous le doute, au travers de cet amour passionnel non réciproque. Maurice Agnelet est-il vraiment coupable ? Telle est la question que l’on se pose encore et toujours, tant le doute est ancré. La réalisation d’André Téchiné reste tout de même assez sobre et simple, et un poil trop plat dans la succession des évènements. Cependant, cette simplicité apporte un effet réaliste non négligeable et impératif à cette « fiction réelle ». André Téchiné reste également dans une certaine neutralité. Effectivement, il nous fait tanguer entre les différents points de vue des protagonistes, donnant ainsi un effet morcelé au long métrage.
Catherine Deneuve reste fidèle à son réalisateur. Pour leur septième collaboration, elle interprète le rôle de Renée. De nature assez précieuse, Catherine Deneuve s’accapare parfaitement ce rôle. Sous ses airs de bourgeoise pleine aux as, Catherine Deneuve nous montre une fois de plus son talent de femme distinguée. Dans le genre BCBG et le charme en prime, Guillaume Canet (Jappeloup) semble être la référence française. Derrière ce rôle sombre et mystérieux de Maurice, Guillaume Canet se sert de ses atouts physiques et de sa futilité pour nous faire sombrer dans le doute le plus total.
Mais L’homme qu’on aimait trop met avant tout au premier plan le rôle d’Agnès le Roux. Et sans aucun doute, si une chose est sûre, c’est bien le fait que la relève du cinéma est assurée ! Après Adèle Exarchopoulos (La vie d’Adèle), place à Adèle Haenel, tout aussi remarquable et talentueuse à l’écran. Sous son air de garçon manqué accompagné d’une voix rauque, Adèle Haenel fait évoluer son personnage d’une manière épatante. Véritable passionnée, elle nous fait partager son amour destructeur avec une grande intensité. Son jeu est tout simplement magistral, son énergie captivante et envoûtante.
Vous l’aurez bien compris, L’homme qu’on aimait trop s’affirme comme un drame réussi grâce au talent inconditionné de ses acteurs.
Voici ici et ici, deux autres critiques du film L’homme qu’on aimait trop.
- Les acteurs et plus particulièrement Adèle Haenel
- Le doute marqué
- La simplicité de la réalisation
- Cet effet morcelé de la réalisation