Ida, un récit bouleversant et profond
Sélectionné pour représenter la Pologne à l’Oscar du meilleur film en langue étrangère lors des Oscars 2015, Ida nous intrigue. On va tenter de comprendre ce qui se cache derrière ce film aux allures atypiques et au sujet délicat.
Ida est un film dramatique polonais réalisé par Paweł Pawlikowski. C’est son 4ème long métrage, ses autres productions n’ayant, semble-t-il, pas connu un succès aussi grand. Arrivé en février dernier, sa sortie en salles a été très bien accueilli avec plus de 500 000 spectateurs, faisant d’Ida, le film polonais le plus visionné. Coté casting, ses actrices, Agata Kulesza et Agata Trzebuchowska (qui n’est pas actrice de profession), sont inconnues du grand public. Cette dernière a été nominée pour son rôle de Ida au European Film Award dans le rôle de la Meilleure actrice.
Ida, dernière le nom
Le récit se déroule en Pologne en 1962. Ida – Sœur Anna – est l’histoire d’une jeune orpheline pieuse, qui avant de prononcer ses vœux définitifs, se détache de son couvent sous le conseil de la mère supérieure. Elle retrouve une tante inconnue, ancien procureur stalinien. Celle-ci lui révèle ses origines juives. Toutes deux partent à la recherche de réponses quant aux événements arrivés à la famille Lebenstein. Tués, torturés ou déportés sous l’occupation nazie, la vérité sur la fin de vie des parents d’Ida Lebenstein reste un mystère au village natal. Nul ne parle ni ne souhaite avancer d’information. Au fur et à mesure de leurs recherches, Ida découvre le monde extérieur qu’elle n’a pas connue, enfermée entre les 4 murs du couvent depuis qu’elle y a été recueillie.
Ida se veut tourné sur les sentiments et émotions des personnages. Filmé en 4/3 et en noir et blanc, le rythme y est lent, laissant le temps de ressentir les événements et l’ambiance de l’époque. Avec des prises de vues souvent fixes, Paweł Pawlikowski choisira de placer ses acteurs et mouvements aux coins du cadre. C’est un effet assez déroutant qui peut se traduire par une lassitude visuelle ou une reconnaissance artistique du réalisateur.
Passé ses détails techniques, Ida va nous plonger sur la période difficile en cet endroit et à cette époque. Malaise des habitants, non-dits et volonté de noyer le poisson, tout est bon pour vouloir tourner la page, même si l’on a les mains sales.
Ida, un film rempli d’émotions
La confrontation est assez frappante entre les 2 personnalités d’Ida et de sa tante. Elle, pieuse et réservée, se retrouve confronté à une femme active, expérimentée, amère, voire même cynique, qui se réjouit de plaisirs terrestres. Malgré un début difficile, ces deux femmes trouvent une complicité, un partage dans le gouffre de leurs visions du monde, qui devient le moteur du film. Ida reprend les codes du road-movie pendant ces quelques jours partagés par ces deux femmes que tout sépare. Wanda, la tante et Ida, sans vraiment discuter ni se comprendre, sont tentées de répondre à certaines de leurs questionnements personnels sans vraiment vouloir y chercher une réponse.
Suivant en même temps les recherches sur les Lebenstein, on découvre l’ouverture au monde de cette orpheline. Ida ne connait ni le monde extérieur, ni ses magouilles, ni les hommes. Cette innocence est troublante. Face à l’horreur passée et aux difficultés présentes au moment de recoller les morceaux, Ida semble survoler les événements. Nous la suivons dans sa corruption relative de sa vision du monde et de ses oppositions aux dogmes fermés du couvent. Sa tante veut mettre un terme à sa vie de souffrance, alors qu’elle préfère affronter les épreuves de la vie.
Emouvant par l’environnement et par l’expression des sentiments de cette orpheline, Ida froide et discrète découvre ses origines et le monde à la fois horrible et intrigant. Ce récit touchant mérite sa nomination aux Oscars.
Si vous voulez en savoir plus sur Ida, je vous conseille les liens suivants :
http://www.telerama.fr/cinema/films/ida,486501,critique.php
http://next.liberation.fr/cinema/2014/02/11/ida-nonne-stop_979510
- Le clivage des deux femmes
- La focalisation sur les émotions
- Le cadrage qui peut perdre le spectateur