Adapté du roman de John Niven, Kill your friends dénonce la corruption de l’industrie musicale à travers un personnage détestable incarné par Nicholas Hoult. Voici notre critique.
La rage de l’ambition
A travers le personnage de Steven Stelfox, Kill your friends livre une attaque à l’industrie musicale dans les années 1990 et ses travers : la corruption, les excès, le favoritisme et l’arrivisme entre autres. Steven accumule ces derniers avec une attitude malsaine et on le voit d’ailleurs éprouver des crises de colère lorsqu’il est submergé par le stress.
Chaque personnage révèle agir en son intérêt puisque l’intrigue principale de cette histoire est l’ambition et les moyens mis en place pour accéder à son but. Les différents protagonistes adoptent un comportement propre à chacun, qu’il soit discret ou évident, mais la démarche demeure la même : être le plus en vu.
Le titre Kill your friends indique jusqu’où l’intrigue se dirigera, bien qu’il soit peu probable d’imaginer une telle situation en réalité. Les personnages vont s’utiliser mutuellement et pousser le vice jusqu’au meurtre sans presque jamais prendre conscience de la gravité des choses (ce qui rend très peu plausible un tel pitch).
Une satire de l’industrie musicale
Le domaine artistique, et musical plus particulièrement, est réputé pour profiter d’un certain privilège. Si cet apanage est moins artistique, il reste en tout cas mondain : milieux huppés, sommes importantes négociées en quelques instants, excès en tous genres.
Au-delà du cliché, une part de ces légendes reste vraie et Kill your friends montre avec abus en quoi ces personnes tirant les ficelles du jeu musical ne comptent pas leurs dépenses ou la consommation de toutes sortes de substances. C’est également dans un moment d’explosion de drogue que l’une des scènes les plus trash se produit, projetant le héros dans un état second où il n’est absolument pas conscient de ses actes. Nicholas Hoult interprète avec brio ce personnage horrible mais attachant qu’est Steven Stelfox, un jeune producteur de musique à l’ego qui n’a d’égal que sa cupidité. Il impressionne franchement dans son attitude et propose un jeu plus mûr et animal que jamais où il rappelle presque un jeune Leonardo DiCaprio(Le Loup de Wall Street).
Pendant plus de la moitié du film, on redoute que l’univers musical (aussi malsain qu’il soit décrit) ne soit uniquement dépeint par l’écrasante présence masculine. Et c’est à ce moment qu’un personnage féminin s’en détache et, même si l’on regrette qu’elle soit décrite comme manipulatrice et tordue, le résultat est là : les femmes aussi savent user de tours pour gravir les échelons puisque les hommes ne semblent pas faire cas de leurs atouts.
Une scène est particulièrement marquante sur le sujet : lors d’un diner, une productrice d’âge mûr livre un discours désolant sur le manque de crédibilité des personnalités féminines dans l’industrie musicale et c’est là que Steven Stelfox intervient pour affirmer son impression. Il beugle littéralement qu’une artiste n’a aucune chance d’être prise au sérieux une fois la fleur de l’âge dépassée, alors qu’un artiste n’aura aucun souci à continuer sa carrière car, par définition, le sexe masculin est porteur de connaissances.
Des inégalités
Malgré tout le bien que l’on peut penser de Kill your friends, il est dommage d’y noter un manque cruel d’esthétique qui n’aurait pas été un luxe pour élever le film au rang de claque cinématographique. Sans quoi il inspire parfois le visionnage d’un documentaire trash sur les vices de l’industrie musicale comme on peut en voir sur la chaîne Arte (qui fait très bien le travail nonobstant).
Les tourments du personnage principal sont évoqués et exprimés vivement par Nicholas Hoult mais il y a, là encore, un manque de profondeur. On imagine une fin alternative un peu plus glauque et moins tranchée à cette intrigue palpitante et rythmée.
Voici un autre avis du film Kill your friends par le Guardian (en Anglais) et par A voir, à lire également.
- Le jeu surprenant de Nicholas Hoult
- Le sarcasme
- L'intrigue
- Le manque de développement
- L'esthétique pas assez étudiée