Notre critique de Les jardins du roi, une promenade sans trop de majesté.
Les jardins du roi est l’occasion de mettre son réalisateur sur le devant de la scène. Alan Rickman est un nom si charismatique qu’il est honteux qu’il n’ait jamais été nommé aux Oscars. Mais passons, et revenons rapidement, avant d’aborder Les jardins du roi, sur la carrière de cet artiste talentueux. Alan Rickman, c’est un de ces acteurs dont le visage est irrémédiablement associé aux méchants. Dès sa première apparition au cinéma, celui qui passe une deuxième fois à la réalisation avec Les jardins du roi, livre une prestation qui restera éternellement dans l’histoire du cinéma, en incarnant le machiavélique Hans Gruber dans Piège de cristal. Sa prestation y est saluée à sa juste valeur, même si on a du mal à mesurer le caractère exceptionnel du film du malheureusement plus du tout en vogue John McTiernan. Suivront d’autres rôles mémorables pour le metteur en scène des Jardins du roi, notamment en shérif de Nottingham pour le Robin des bois de Kevin Reynolds, ou encore chez Harry Potter où il domine l’écran en Severus Rogue. Privilégiant tout autant sa carrière de comédien au théâtre, Alan Rickman s’essaie aussi à la réalisation en 1997 avec L’invitée de l’hiver, un film passé inaperçu mais en général salué par ceux qui ont pu le voir à l’époque. Les jardin du roi est donc l’occasion pour Rickman de réitérer l’expérience, avec un film mieux soutenu par le marketing.
C’est Versailles !
Les jardins du roi se situe sous le règne de Louis XIV (interprété par Alan Rickman), au dix-septième siècle. Sabine de Barra (Kate Winslet, Divergente 1 et sa suite) est une femme paysagiste. Elle est embauchée par André Le Nôtre (Matthias Schoenaerts, vu dans Suite française ou Quand vient la nuit), le jardinier du roi, afin de chapeauter la création d’une enceinte prestigieuse : la salle de bal extérieure, aussi appelée le bosquet des Rocailles, qui deviendra le lieu de somptueuses fêtes du château de Versailles. Seulement, la tâche attire l’attention sur Sabine de Barra, qui devient par la même occasion la cible des intrigues de la Cour…
Avec Les jardins du roi, la perfide Albion se donne comme objectif de nous parler, en prenant de grosses libertés historiques, de la naissance de l’un des plus beaux joyaux de Versailles : le bosquet des Rocailles. Mais avant d’avoir la main verte, Les jardins du roi s’ouvre sur la couche du roi, où ce dernier se réveille dans de biens jolis draps. Rejoint par ses nombreux enfants et sa femme officielle, Louis XIV est tout de suite décrit comme un homme conscient de ce qu’il est, de ce qu’il représente, et de ce qu’il veut laisser à la postérité. Un début des Jardins du roi qui a le mérite de bien installer une sorte de tension, de respect autour du personnage, interprété avec classe par un Alan Rickman certes théâtral mais tellement charismatique.
Au service du jardinier royal.
Après ce petit prologue savoureux, Les jardins du roi se concentre sur ce qui fait son intrigue : le choix de André Le Nôtre, jardinier du roi, de confier à une femme le soin de créer la salle de bal extérieure la plus paradisiaque possible. Ainsi, le jardinier royal se met en quête d’un talent qui le surpasserait, d’une vision aussi originale que somptueuse. Plusieurs candidats sont conviés, et c’est bien l’architecte paysagiste Sabine de Barra qui sera retenue, au terme d’une séquence qui réussit à exposer avec soin le sexisme de l’époque, toutefois décrit comme étant moins vulgaire que certaines remarques d’aujourd’hui. C’est une constante qu’on retrouvera de temps en temps au fil des Jardins du roi, du moins le temps que Sabine de Barra puisse prouver à tous qu’elle possède toutes les qualités nécessaires pour supporter la pression royale, tout en livrant un travail d’une qualité maximale. Les jardins du roi n’appuie pas trop la charge cependant, et reste avant tout une romance en costume.
Quand il faut couper, il faut couper.
Car Les jardins du roi prend surtout plaisir à jouer avec ses personnages, et leurs rapports. La caméra de Alan Rickman, disons-le clairement, aime beaucoup s’attarder sur les actrices et acteurs. Trop, même. Les jardins du roi est réalisé par un comédien, et comme beaucoup de ceux-ci, quand ils tentent l’aventure de la mise en scène, ne se rend pas compte à quel point ils s’attardent trop sur l’interprétation. Les jardins du roi souffre de ce souci, Alan Rickman semble prisonnier de choix de montage justifiés par l’envie de mettre en valeur une interprétation certes de qualité, avec des plans qui n’en finissent plus, juste pour couvrir l’intégralité d’une belle performance. Kate Winslet est rayonnante, son rôle dans Les jardins du roi lui permet de montrer à quel point elle n’est jamais aussi bonne que quand elle compose un personnage fort en surface, mais fragile sous sa carapace. Mais ce n’est pas une raison pour que certains plans des Jardins du roi soient aussi insistants, au risque de ne pas servir à grand-chose dans la continuité.
Une reconstitution de toute beauté.
On regrette donc que Les jardins du roi aient de ces petits tocs de comédiens devenus réalisateurs, mais ça ne doit pas faire oublier les nombreuses qualités du films. En première place, la reconstitution proposée par Les jardins du roi est une belle réussite. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ce n’était pas gagné pour Les jardins du roi. Parce que bon, entendre Louis XIV s’exprimer en anglais, ça a toujours quelque chose d’un peu surréaliste. Mais la magie prend quand même, tant Les jardins du roi est irréprochable dans ses costumes et décors. Tout est fait pour que la tâche monumentale de Sabine de Barra et André Le Nôtre soit aussi crédible que possible. Les deux fricotent tout au long des Jardins du roi, s’attirent les foudres de la femme du jardinier royal (Helen McCrory, vue dans la série Penny Dreadful), une mégère volage et manipulatrice au point de comploter les pires coups bas. C’est une figure à trois certes classique que celle des Jardins du roi, mais qui fait toujours son petit effet. C’est charmant, parfois amusant et prenant, mais ça a tendance à un peu se regarder le nombril. Un peu à l’image du film.
Les jardins du roi, les bonus.
Pour voir la bande annonce des Jardins du roi, c’est par là.
- Très belle reconstitution.
- Casting de qualité.
- Le personnage Sabine de Barra.
- Beaucoup de superflu.
- Mise en scène parfois plate.