Critique – Nymphomaniac : vol. 1
Votre canard en plastique ne vous suffit pas… sachez que vous n’êtes pas la seule, mais que c’est possiblement considéré comme maladif … Film qui se veut une « fresque pornographique » par son réalisateur Lars Von Tier, Nymphomaniac reprend l’histoire d’une femme auto-proclamée nymphomane.
Sachez d’abord que Nymphomaniac est interdit aux mineurs de moins de 16 ans en France. Nous resterons chastes dans cette critique, mais il est important de le noter.
Nymphomaniac est le 13ème long métrage du réalisateur danois. Autant vous dire qu’il n’en est pas à sa première tentative de film « dogmatique » qui correspond à son style général de réalisation. Son dernier film, Mélancolia en est un très bon exemple. Nymphomaniac était dans les cartons depuis quelques années, pour enfin nous arriver en ce début d’année 2014.
Le contexte de Nymphomaniac
Nymphomaniac se voulait, dixit son réalisateur, d’une durée de 4 à 5 heures. Une coupure en deux pour une exploitation en salles s’imposait. On critiquera ici la première partie de ce film. Il commence par un message de Lars von Tier, approuvant cette version (on imagine une autre version en Director’s Cut pour plus tard en Blu-ray ?). On se demande alors comment et pourquoi il a approuvé un découpage aussi mal fait. Déjà au niveau d’une censure qui ne correspond à rien. Certaines scènes sont, avec raison, coupées pour éviter de trop montrer aux spectateurs, mais d’autres ne le sont pas du tout et ne cachent aucunement l’acte sexuel. Il en résulte alors une frustration du spectateur de se retrouver coupé d’effets visuels au plein milieu d’un traveling de caméra.
Le découpage de Nymphomaniac, entre la première moitié (la deuxième sera traitée dans une autre critique, englobant alors l’œuvre entière) et la seconde, n’a également aucun sens. Nymphomaniac Vol. 1 s’arrête sur une tentative de cliffhanger sans grand intérêt. Appréhender le film sans sa deuxième partie est donc très déroutant, tant le découpage est mal fait. A contrario, nous pouvons citer les Kill Bill qui sont deux films pensés et découpés comme deux sections différentes.
Quid de la mise en scène et du style Nymphomanic
Nymphomaniac ne reste pas néanmoins sans intérêt. Sa mise en scène est d’abord très théâtrale. Cette fresque est découpée en chapitres. « Joe » jouée par Charlotte Gainsbourg à l’âge adulte, est recueillie par Seligman, joué ici par Stellan Skarsgård (Thor). Chaque chapitre correspond à un épisode de la vie de cette femme que l’on va suivre tout au long du film. La narration étant rattachée par des analogies à des objets présents dans la pièce où elle relate son récit (une mouche de pêche à la mouche pour illustrer la séduction). Intéressant et dynamique, mais parfois peut être trop artificiel, et pouvant manquer de spontanéité.
Nymphomaniac sans son côté pornographique n’est en rien déstructuré. C’est bien dans le sexe et son excès qu’est la vraie source d’intérêt du film. Il ne se veut non pas excitant, mais bien au contraire répugnant, tant la brutalité de certaines scènes peut être crue. La version porno aurait pu donc simplement renforcer ce sentiment de malaise. Nymphomaniac est une réussite également dans le cumul et l’addition de tons. On se retrouve dans un mélange de malaise et de rire, tant les scènes sont poignantes et décalées.
Nymphomaniac Vol. 1 est intéressant dans sa volonté de poser le récit de cette femme nymphomane. L’utilisation très théâtrale dynamise la narration. La mise en scène est très bien dosée, nous proposant des mélanges de tons poignants. Malheureusement, la censure et le découpage du film nous laissent sur un sentiment de frustration.
Je vous propose deux autres critiques sur Nymphomaniac Vol. 1 :
http://www.metacritic.com/movie/nymphomaniac-volume-i
http://www.lesinrocks.com/cinema/films-a-l-affiche/nymphomaniac-volume-1/
- Le mélange de tons
- La mise en exergue d'un sujet complexe
- La censure sans aucun sens
- Le découpage à la hache rouillée du film