Critique – Saint-Laurent

Yves Saint Laurent est de retour avec un deuxième biopic ! Exercice de style réussi pour Bertrand Bonello ?

Deuxième biopic de l’année sur le couturier Yves Saint Laurent, Saint-Laurent est l’œuvre de Bertrand Bonello, qui nous avait déjà surpris avec L’Apollonide Souvenirs de la maison close. Si une même histoire peut être racontée de mille façons, voir deux réalisateurs proposer leur version d’une même thématique s’avère particulièrement intéressant puisque cela nous permet de comparer deux films, deux castings, et finalement deux visions. Saint-Laurent est-il meilleur qu’Yves Saint Laurent, qui avait reçu l’appui de la marque et de Pierre Bergé ? En quoi est-il différent ? S’il ne fallait en garder qu’un, lequel ?

Saint-Laurent l'affiche

Visuellement, le parti pris de Bertrand Bonello diffère totalement des choix de Jalil Lespert. Au-delà du simple biopic, du récit chronologique, le réalisateur de Saint-Laurent souhaite nous plonger dans un univers où chaque plan est quasiment un tableau, la lumière pensée pour souligner les contrastes de couleurs chatoyantes lors de scènes hypnotiques de boîtes de nuit. Bonello divise même par deux fois l’écran en plusieurs parties à la manière de Mondriaan, en un clin d’œil judicieux à la fameuse robe du même nom créée par Yves Saint Laurent, et qui connut un succès retentissant. Au-delà de la pure performance esthétique, le film s’attache à montrer longuement les petites mains de l’atelier, les gestes précis, les tissus, l’envers du décor derrière le bling bling du défilé. La haute couture est d’abord le métier laborieux d’artisans aux doigts d’or, et cet hommage simple m’a paru aussi touchant qu’appréciable. Pour filmer les défilés, adios Fashion TV. Comme l’explique Bonello lui-même, impossible de garder l’attention du spectateur avec une caméra traditionnellement posée au bout du podium. Les mannequins, la salle, le défilé lui-même est mis en rythme pour devenir l’écrin de superbes robes recréées à l’identique pour le film.

Gaspard Ulliel est Yves Saint Laurent

Au-delà de son aspect visuel et de sa BO sixties-seventies bien sentie, Saint-Laurent c’est aussi un choix de comédiens. Ici la comparaison est absolument inévitable avec le premier biopic de l’année. Gaspard Ulliel, qui ne nous a pas vraiment marqué depuis de nombreuses années, et qu’on attend au tournant avec une moue au début du film, est bluffant. Gaspard Ulliel est un Yves Saint Laurent charismatique, envoûtant, mâle et charmant, là où Pierre Niney (que j’avais pourtant adoré !) était beaucoup plus en fragilité. Il faut d’ailleurs dire que ce deuxième biopic se veut beaucoup (beaucoup !) plus trash dans la démonstration de la vie de débauche du couturier, et pour cela peut-être fallait-il un acteur plus « animal ». Si Ulliel constitue la véritable surprise du film, déployant un jeu aussi varié que juste, Jérémie Renier (Cloclo) en Pierre Bergé est quant à lui extrêmement décevant. On n’y croit pas une seconde. Pas convaincant, pas convaincu, on est très loin de l’assurance protectrice de Guillaume Gallienne pour le même rôle dans le film de Jalil Lespert. De même Léa Seydoux est fidèle à elle-même, toujours un peu fausse. Pour finir Louis Garrel incarne un amant époustouflant, chatoyant, charmeur, jouissif, pour un Saint Laurent des plus amoureux.

Saint-Laurent : Léa Seydoux et Gaspard Ulliel

Dans le match Saint-Laurent contre Yves Saint Laurent, le premier biopic sorti cette année a gagné si on compte le nombre de spectateurs. Le Saint-Laurent de Bonello pêche aussi par une durée excessive (2h30 !), avec une fin bien trop longue notamment. Toutefois tant visuellement que pour les choix de montage, mon choix se porterait sur ce deuxième biopic, qui tente avec audace d’apporter une pierre artistique à un sujet qui pourrait rester uniquement historique. S’il ne devait en rester qu’un, le « Saint Laurent » parfait serait pour moi un mix des deux films : les acteurs du Jalil Lespert, avec la recherche esthétique de Bonello.

Critique - Saint-Laurent
Trop long mais esthétiquement jouissif, avec la belle surprise d'un Gaspard Ulliel brillant
Scénario
Mise en scène
Acteurs
Image et son
On aime
  • Les partis pris esthétiques
  • Gaspard Ulliel
  • La BO
On aime moins
  • Bien trop long !
  • Jérémie Rénier
3.0Note Finale
Note des lecteurs: (0 Vote)
    • http://application-film-en-streaming.webnode.fr/ jerome albert

      Après avoir été séduit par Yves Saint-Laurent que j’ai vu en streaming via l’application https://play.google.com/store/apps/details?id=virgoplay.vod.playvod , je me suis empressé d’aller voir Saint-Laurent pour en savoir plus sur la vie de ce couturier de légende. Je dois avouer que je n’ai pas été déçu. D’ailleurs, j’invite tous ceux qui ne l’ont pas encore vu de le faire au plus vite. Des détails concernant cet opus sont disponibles sur telerama.fr, premiere.fr ou encore https://www.cinefil.fr/ .