Richesse et passion, voilà la vie rêvée du couple que forment Serena et son époux George. Mais gare aux démons qui resurgissent et mettent leur vie en péril. L’amour à tout prix ? Réponse dans notre critique.
Deux ans après Happiness Therapy, et moins d’un an après American Bluff, retrouvez à nouveau Jennifer Lawrence et Bradley Cooper dans Serena, une histoire d’amour passionnée et tumultueuse lors la Grande dépression des années 1930.
L’amour trop beau pour être vrai
Réalisé par Susanne Bier et librement adapté du roman du même nom de Ron Rash, Serena nous emmène au cœur des Etats-Unis, dans l’état de la Caroline du Nord, pour nous raconter son histoire : tout d’abord sa rencontre avec Georges Pemberton, patron d’une entreprise florissante dans le secteur forestier. Puis son arrivée dans une petite ville maintenant son nouveau foyer, où son intégration s’y révèle difficile, autant pour elle que pour son mari. Entre les divers pots-de-vin fournis par Buchanan, son associé, pour corrompre banquiers et administratifs, et un complot contre ce dernier fomenté par sa jeune épouse, la vie de Georges Pemberton est bousculée. Rien ne s’arrange lorsque se révèle son passé, mettant en péril l’équilibre fragile de son mariage avec Serena. Se sentant trahie, celle-ci risque ce qu’elle a tenté de construire au point de tout voir partir en fumée.
Sous le fil rouge romantique de l’histoire de Georges et Serena se cache une trame ramenant le film à la réalité de l’époque, bien loin des clichés fleur bleue dont il pourrait souffrir. C’est ici la grande force du film. Il est équilibré, et ne tombe jamais dans l’excès, que ce soit du côté romance que du côté thriller. On peut néanmoins regretter quelques facilités dans la narration au détriment de la logique. Parfois, les personnages réagissent plutôt par raccourci, comme pour faciliter le déroulement du scénario . Une question se pose : comment croire pleinement au couple de Serena et Georges si celui-ci semble craindre sa femme sans réelle raison ? Simplement parce la fin du film va lui donner raison. Certes, Georges a bien fait de se méfier, mais cela semble tout de même un peu trop facile à mon goût. S’il est censé être éperdument amoureux de Serena, au point de rentrer dans le complot qu’elle a créé, alors pourquoi se méfier d’elle ? Et s’il ne l’aimait pas autant qu’on veut nous le faire croire, et bien pourquoi lui obéir ? Je trouve que le personnage de Georges n’a pas toujours des réactions logiques. Il donne cet aspect un peu « facile » du scénario, que certains pourrait qualifier comme répondant plutôt du téléfilm que du long-métrage. C’est bien dommage, car Bradley Cooper reste largement convaincant dans le rôle.
Un drame porté par ses acteurs
Tout le long, le film se déroule sous la forme d’une poursuite. D’abord comme d’une parade amoureuse, joliment mise en scène pour la rencontre entre Georges et Serena. Puis comme d’une enquête, celle du sheriff Mc Dowell, interprété par le célèbre Toby Jones, qui cherche à mettre au jour les actes de corruption de la société de Pemberton pour limiter la déforestation de la région. Enfin, comme une chasse à l’homme, où Georges se lance aux trousses d’un mercenaire engagé par Serena. Ce thème de la chasse est d’ailleurs ce qui ouvre et conclut le film, où dans chacune de ces deux scènes, Georges traque un puma, comme ultime trophée. Le personnage de Serena est également l’incarnation même de cette thématique. En perpétuelle fuite en avant, Serena recherche l’amour, le bonheur, l’argent, mais aussi la vérité, jusqu’à se retrouver piégée, dos au mur. Jennifer Lawrence confirme ici son Oscar, obtenu pour Happiness Therapy, et nous livre ici l’un de ses plus beaux rôles dans un personnage trouble et en proie au doute, à l’image de Katniss Everdeen, qu’elle incarne en ce moment même dans Hunger Games : La révolte, partie 1 .
Un beau film dans les deux sens du terme
Point de vue réalisation, le film n’est pas prétentieux. Susanne Bier nous offre des paysages magnifiques en simple plans larges, beaux, sans en rajouter. Dans l’ensemble, le film est très réussi visuellement, que ce soit pour les décors ou pour les vêtements d’époque. Chapeau pour les effets sonores et les doublages, au vu des difficultés de post-production. Le tournage en décor réel, notamment à Prague, a parfois été gêné par les bruits ambiants, si bien que certains doublages ont dû être réenregistrés en post-production. En plein tournage d’Hunger Games, Jennifer Lawrence n’était pas disponible, si bien que la sortie du film a été retardée. Cependant, rien ne s’en fait ressentir lors du visionnage du film, qui reste très bon et réellement prenant.
Pour lire d’autres critiques de Serena, c’est ici et ici que ça se passe.
- Jennifer Lawrence
- La beauté des paysages de la Caroline du Nord
- L’aspect un tantinet "téléfilm" du scénario
- Quelques longueurs dans le rythme