Someone You Love, un château au Danemark.
Someone You Love arrive sous nos latitudes, alors que le cinéma Nordique continue à profiter du courant positif sur lequel il navigue depuis quelques années. La réalisatrice danoise du film, Pernille Fischer Christensen, n’en est pas à son coup d’essai, Someone You Love étant son quatrième long métrage, après Soap (Grand Prix du Jury à la Berlinale 2006), Dancers et En Familie. Pas de quoi faire de Someone You Love l’une des plus grosses attentes de 2015, mais assez pour titiller la curiosité.
Someone You Love, c’est l’histoire de Thomas Jacob (Mikael Persbrandt, vu dans Le Hobbit 1, 2 et 3, The Salvation), un chanteur danois célèbre, parti vivre à Los Angeles. Contre son gré, son nouvel album doit s’enregistrer sur le sol enneigé de son pays natal. La fille de Thomas, Julie (Birgitte Hjort Sorensen, déjà très bien dans la série Borgen), que son père a totalement laissé tomber, refait surface et présente au chanteur son petit fils, Noa (Sofus Ronnov). Cette filiation sera-t-elle suffisante pour attendrir le cœur apparemment glacé de Thomas ?
Someone You Love, coeur d’iceberg droit devant.
Someone You Love prend place au Danemark, après une rapide ouverture nous présentant l’incroyable performance de Mikael Persbrandt, qui aura réussi à totalement assumer son rôle de chanteur. Son personnage, Thomas Jacob, n’a visiblement aucune envie de revenir dans le plus petit des pays scandinaves. Son attitude, dans la voiture avec chauffeur qui le conduit vers son domicile temporaire, un château en location, est pourtant étrangement en phase avec la nature qui l’entoure dans Someone You Love : froide, gelée, et pourtant on sent le feu brûlant d’un caractère passionné. La réalisatrice réussit à bien capter ce couple étrange, complémentaire et pourtant très proche. La manager du chanteur le prévient, dans la voiture qui file, de la volonté de sa fille de venir à sa rencontre, ce qui n’arrache aucun sentiment à Thomas, juste un cinglant sarcasme sur l’argent. Ainsi, le décor glacial de Someone You Love, et le personnage qui l’est tout autant, forment un véritable duo, qui se charge de trouver une répercussion, un écho à Thomas.
Someone You Love, une intrigue engourdie par le froid.
Someone You Love dévoile alors une intrigue qui a un peu de mal à véritablement passionner. La réalisation n’est pas en cause, visuellement ce n’est pas mauvais et la direction d’acteurs profite bien du talent de ceux-ci. Mais le scénario de Someone You Love n’arrive jamais à se libérer d’une intrigue plate. La première rencontre entre Thomas et Julie, sa fille, est le meilleur exemple de cette alchimie qui ne prend pas vraiment. Tout est là pour nous émouvoir dans Someone You Love : une interprétation excellente et une mise en scène claire. Pourtant, on ne rejoint pas totalement ce qui se passe à l’écran, et ce même quand on comprend que la jeune femme est accroc à la cocaïne. On a envie de s’émouvoir dans Someone You Love, on est même pris par la relation naissante entre le chanteur et son adorable petit-fils. Mais rien ne vient apporter ce petit truc en plus pour que l’intrigue de Someone You Love décolle, s’envole au-dessus d’un sentiment enquiquinant de petite torpeur qui s’installe tout doucement.
Someone You love, on connait la chanson.
Someone You Love est pourtant le résultat d’un gros travail, comme dans tout film qui aboutit. Ici, Pernille Fischer Christensen s’est attachée à obtenir un résultat probant musicalement et surtout purement scandinave. Le résultat est plaisant à l’oreille, payant pour Someone You Love, bien aidé par un Mikael Persbrandt dont le timbre de voix fait le boulot. Pourtant on a du mal, là encore, à être totalement convaincu par ces séquences de chants. Même si ces dernières sont courtes, il en résulte une impression de gêne à chaque fois. L’intrigue de Someone You Love ne profite pas vraiment de ces interludes, mal intégrés dans l’intrigue. Pire, cette dernière est tout bonnement ralentie par ces chansons dont l’impact symbolique, qui devrait être leur seul intérêt, n’est pas loin du néant absolu. On passe de la salle d’enregistrement au château sans véritable intérêt, on ne fait que suivre les allées et venues sans qu’on ait l’impression que ça forme un tout. On en vient même à être irrité par ces chansons, alors que le scénario de Someone You Love n’arrive toujours pas à nous emballer.
Someone You Love, un amour fugace.
Someone You Love sursaute tout de même grâce à son pivot central, qui donne à Thomas une occasion dramatique de se rapprocher encore plus de son petit-fils, et par-là même de se remettre fondamentalement en question. Malheureusement pour Someone You Love, l’effet ne dure pas tout simplement parce que l’évolution du chanteur n’est pas assez marquée, crédible, pour emporter l’adhésion. La star de la musique traverse un peu tous les états, comme autant de passages obligés d’un film de ce genre, et sans qu’une évolution ne se fasse sentir profondément. Ça donne un résultat sans liant, sans véritable justification autre que celle de donner au spectateur ce qu’il s’attend à voir. Preuve en est, la fin de Someone You Love, qu’on a du mal à bien digérer tant la réaction de Thomas paraît brutale, sans véritable fondement. Et pourtant, on ne ressort pas non plus en ayant l’impression d’avoir assisté à un mauvais film, très loin de là. C’est juste que Someone You Love manque cruellement d’un scénario emballant pour rester dans les mémoires.
Someone You Love, les bonus.
La bande-annonce de Someone You Love, c’est à cette adresse.
N’hésitez pas à lire d’autres critiques de Someone You Love, c’est notamment chez Cineuropa ou A voir à lire.
- Casting de qualité.
- Gros travail sur le son.
- Les décors danois caractérisants Thomas.
- Scénario d'un plat décourageant.
- Les scènes de chant, mal intégrées.
- Fin pas crédible.