Wild : Quand la solitude devient une thérapie.
« Si ta volonté te lâche, dépasse ta volonté » voilà ce qu’a écrit Emily Dickinson au XIXème siècle. C’est aussi la vision de Cheryl dans Wild. Et c’est cette phrase qui la poussera à transcender ses limites.
Wild : Un long chemin pour accéder une vie normale
Réalisé par Jean-Marc Vallée, Wild est adapté du roman éponyme de Cheryl Strayed. A travers ce dernier, elle raconte comment elle a tourné le dos à son passé tumultueux. En effet, alors qu’elle n’y était pas parfaitement préparée, elle décide de faire la PCT (Pacific Crest Trail), une rando en solitaire de 1700 km reliant le Mexique au Canada. Dans cette solitude, Cheryl devra affronter ses peurs, ses limites et tourner définitivement la page de ce passé devenue trop lourd.
Wild est un film qui prend son temps : en effet dès les 5 premières minutes on aurait pu nous expliquer les raison du départ de Cheryl, mais Wild préférera vous l’expliquez patiemment pendant 2h que vous ne sentirez pas. Car ce n’est pas une unique raison qui pousse Cheryl à faire ce périple mais une accumulation de plusieurs problèmes que je ne vous dévoilerai pas pour leur ressort scénaristique.
Wild : Un personnage loin d’être seul
L’interprétation de Reese Witherspoon (vue récemment dans Inherent Vice) est remarquable (elle lui a valu une nomination aux oscars). Ce personnage si troublé émotionnellement est parfaitement développé, on finira par comprendre et accepter ses motivations et les raisons de ce départ si brutal. On souffre pour elle dans les moments difficiles, on rigole avec elle, on s’émerveille… Mais comment traiter un personnage à travers une marche en solitaire ? C’est très simple car ce n’est pas à travers cette marche que Cheryl est traitée mais plutôt à travers des flash-back. La solitude, elle, amplifie l’effet de ces souvenir qui remontent car Cheryl ne peut plus les esquiver, elle doit y faire face. Plus Wild avance plus on comprend le besoin et les bienfaits de la solitude. Si bien qu’à la fin du film on est tenté d’aller faire un tour en forêt histoire de se détendre.
Wild : Une image magnifique accompagné par une musique spéciale.
Tout d’abord les paysages sont sublimes (dans une interview l’équipe du film explique qu’ils ont dû se rendre dans des endroits inaccessibles en voiture et qu’ils ont dû monter tout le matériel à dos d’âne). Des paysages boisés de la Californie en passant par des canyons jusqu’au paysage enneigé de l’Oregon, un bonheur pour les yeux. La lumière des flash-back est très jolie aussi. J’en profiterai pour dire que les raccords entre le présent et le passé sont vraiment superbes, c’est très fluide, du très bon travail de ce côté. Au niveau de la musique, elle est absente pour la simple et bonne raison que Cheryl n’avait pas de baladeur quand elle a fait la PCT, et Jean-Marc Vallée a voulu retranscrire au plus proche de la réalité son périple. Ainsi les seules musiques que vous entendrez seront des musiques intradiégétiques. Pour ma part je trouve que c’est un choix très judicieux car il permet de se mettre beaucoup plus facilement dans la peau de Cheryl.
Pour finir j’aimerai revenir sur une chose, Wild est souvent décrit comme un « Into The Wild » féminin, hormis le mot Wild, ces deux films n’ont que très peu de chose en commun. Into The Wild c’est l’histoire d’un homme qui passe par la solitude pour quitter une vie banale et aller vivre une vie spéciale en symbiose avec la nature. Wild au contraire est l’histoire d’une femme ayant une vie très spéciale et qui passe par la solitude pour accéder à une vie normale. De plus Cheryl n’est jamais si loin de la « civilisation ». Et elle était un minimum préparée à ce qui allait lui arriver. Christopher lui fonçait vers l’inconnu dans une insouciance totale. Bref vous l’aurez compris Wild est un très bon film que je vous conseille vivement.
D’autres critique de Wild :
- http://www.telerama.fr/cinema/films/wild,495339,critique.php
- http://www.lesinrocks.com/cinema/films-a-l-affiche/wild/
- Les transitions présent/passé
- La beauté du paysage
- Le scénario un peu trop "simple"
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