Cloud Atlas
Fresque cinématographique, adaptation du livre du même nom de David Mitchell, Cloud Atlas tente d’illustrer les effets des actes à travers les ages et leurs impacts sur la génération suivante. Sujet difficile à illustrer avec une interaction entre plusieurs époques, c’est le défi de ce dernier film d’Andy et Lana Wachowski
Les Wachowski étaient attendus depuis la référence qu’est maintenant Matrix au cinéma. Malgré des suites de cette trilogie peu intéressantes comparées au premier film, l’écriture et la production de V pour Vendetta nous invitent à croire à la bonne qualité des films des 2 frères. L’adaptation du manga Speed Racer en 2008 confirme l’envie de vouloir réaliser et participer à des films qui sortent des sentiers battus. Ils renouvellent encore une fois une tentative de film « oustider » avec Cloud Atlas et s’associent avec Tom Tykwer (Le Parfum : histoire d’un meurtrier, Heaven) pour la réalisation de celui-ci.
Cloud Atlas est une adaptation d’un roman sur la Théorie du Chaos. A savoir que chaque chose à une répercution sur une autre. Un très bon exemple est illustré avec avec brio dans « L’effet papillon« . Au delà de cette théorie, c’est aussi une philosophie sur la capacité de l’homme à surmonter les difficultés, défendant ses idées, par tout les moyens. Vous notez ici un rapprochement évidement avec Matrix et V pour Vendetta qui sont de très bons exemples. Surement sans doute ici, la raison pour laquelle les Wachowski voulaient tant réaliser ce film.
Ce film est donc un enchevêtrement de six histoires placées à des époques différentes. Elles nous sont présentées comme détachées les unes des autres par une distance temporelle évidente (commençant en 1884 pour terminer en 2200). Mais au fil du récit, on comprend petit à petit que toutes ces histoires sont liées. Sans rentrer dans les détails des six parties, nous devons noter qu’elles ont le point commun d’être jouées par les mêmes acteurs. De renommée ou découverts récemment, ils n’en demeurent pas moins excellents dans les différents rôles. On y retrouve : Tom Hanks (Capitain Philips), Halle Berry (X-Men), Jim Broadbent (Harry Potter), Hugo Weaving (The Hobbit), Hugh Grant (Love Actually), Susan Sarandon (Wall Street : l’argent ne dort jamais), Jim Sturgess (Las Vegas 21), Doona Bae (The Host), Ben Whishaw (Skyfall) et Keith David (Armageddon). Avec des maquillages et des costumes différents, ils interprètent les uniques personnages du film. Jouant même parfois des rôles aux antipodes de ce qu’ils ont l’habitude de jouer. On notera par exemple Hugo Weaving en femme tyrannique, responsable d’une maison de retraite, Tom Hanks en écrivain/parrain de la pègre, ou Hugh Grant en chef de tribu sanguinaire. Un casting varié qui se mélange très bien et demeure convaincant dans quasi toutes les situations. Petit bémol sur certains rôles un peu moins crédibles à mon goût, mais qui restent globalement très bons.
Concernant le scénario maintenant. Et bien, il est torturé, voire compliqué. Oui, un sujet aussi profond est difficile à traiter. Néanmoins, il faut reconnaître l’audace des réalisateurs de vouloir mettre en images ce genre de sujet. Il ne faut pas totalement reprocher alors le travail de ceux ci, mais bien la complexité de l’idée. Un exemple : Le journal du bord du passager du bateau est le journal de lecture du compositeur de musique, lui même amant de l’homme témoin d’une enquête judiciaire, elle même réalisée par une journaliste qui est l’auteure du journal source de l’écrivain qui s’échappe d’une maison de retraite, échappée mise en scène en film, visionné par la future déesse vénérée par le peuple de la dernière histoire. Celà vous donne un aperçu de la complexité. Malgré tout, Cloud Atlas n’en reste pas moins très intéressant et très riche en symboles et représentations d’idées.
Alors pourquoi avec de bons acteurs et un scénario intéressant, ce film n’est pas une référence du genre? La raison est la diffusion catastrophique de Cloud Atlas. Attendu comme le film de fin 2012, il était en salles le 26 octobre au USA alors qu’il était que le 13 mars 2013 en France. Un décalage aussi important crée de la confusion chez le spectateur qui dispose de copies sur internet avant même d’être en salle. La seconde raison est la complexité du scénario. Aussi intéressant soit-il, il demande de l’attention pour suivre toute l’histoire. Plusieurs visionnages sont même parfois nécessaires. De plus malgré un mélange de genres très bien réussi, on notera quelques changements brutaux qui cassent la dynamique de certaines scènes.
Vous l’aurez compris, Cloud Atlas est un challenge relevé et réussi par les frère Wachowski et Tom Tykwer. Une brochette d’excellents acteurs tel que Jim Broadbent et Hugo Weaving, dans des situations différentes rendent le film intéressant à suivre. Un scénario qui reflète très bien le concept de la Théorie du Chaos et de la capacité humaine à défendre une idée. Malheureusement, un gros problème de diffusion du film et un récit compliqué ne montent pas ce film à la place qu’il mérite. Nous attendrons, Jupiter Ascending le prochain Wachowski qui nous promet également une nouvelle épopée fantastique.
- Nombreux et bons. Le changement d'époques et de rôles n'altère en rien l'excellent niveau des comédiens
- Bande originale très bien faite, et très bonne exploitation des techniques numériques.
- Gros bémol sur la diffusion en salles