Critique du film Le petit prince, adapté du livre de Saint Exupéry par le réalisateur américain Mark Osborne.
C’est le livre dont tout le monde entend parler au moins à un moment de sa scolarité : Le petit prince de l’auteur Saint Exupéry est un monument de la littérature française. C’est le réalisateur américain Mark Osborne qui a réalisé cette adaptation en un film d’animation avec une trame modifiée, mais justement très intéressante à suivre puisque l’on redécouvre l’histoire du petit prince à travers une écolière sérieuse au possible à un moment crucial de sa vie. Le parallèle est d’autant plus approprié que, quand on pense que c’est à la même période que nous avons tous découvert l’existence de ce fameux personnage, on y voit forcément une identification au personnage de cette petite fille si avide de bien faire (comme nous tous à son âge).
Une héroïne intrépide
Au départ, cette petite fille nous est présentée comme un bourreau de travail qui ne pense qu’à se surpasser pour rendre sa mère fière et accomplir ce qu’elles appellent le « projet de vie », c’est-à-dire ni plus ni moins que le plan précis de la suite de son existence. Tout ce marathon éducatif est bien évidemment beaucoup trop pesant pour une enfant de douze ans et, sans s’y attendre, elle fait la rencontre fortuite d’une personne qui bouleversera sa vie à jamais.
Dans cette adaptation du Petit prince, il est donc question de son évolution et l’apprentissage de la vie qu’elle reçoit dans un cadre froid et strict qui n’est clairement pas des plus attrayants pour une enfant.
Cette petite fille se révèle être téméraire et obstinée, à tel point qu’elle décide de tout mettre en œuvre pour retrouver le petit prince, disparu et pourtant indispensable à la survie de son nouvel ami. Une belle image de l’obstination des enfants qui, parfois, peuvent se montrer plus courageux que les adultes robotisés présentés dans ce film puisqu’ils sont asservis par une routine productive et, bien qu’exagérée, dérangeante tant elle est actuelle.
Une société robotisée
Parfois il arrive de ne prendre conscience de notre malheur que lorsque l’on y fait face : c’est le cas dans Le petit prince où le reflet des vices de notre société est si dur qu’il est surprenant que l’on en prenne connaissance dans un film d’animation.
Une impeccable mise en scène apporte un réalisme troublant grâce à une symétrie minutieuse : comme un plan géométrique précis de la ville créée pour le film, où l’on a plus l’impression d’être au milieu d’un jeu vidéo chorégraphié que dans une ville réelle.
La répétition, voire le rabâchage des chiffres de productivité tout au long du film insinuent en notre esprit la constante pression face à laquelle font face les travailleurs et il n’est pas compliqué de se mettre dans leur peau car on vit exactement la même situation.
Tout ces éléments tissent les liens d’une ambiance pesante et annoncent l’aventure incroyable et libératrice dans laquelle cette enfant embarque, afin de décider de sa vie et non pas d’entrer dans le moule que la société et son entourage lui imposent.
Une morale à double sens
Evidemment, Le petit prince est avant tout un film pour un jeune public et ce n’est pas une mauvaise remarque car le message véhiculé y est juste : il faut vivre pour soi, non pas pour les autres. C’est la philosophie de vie de feu Saint Exupéry qui plane autour de ce film.
Le petit prince est l’image d’une existence un peu épicurienne, tantôt enfantine tantôt très sérieuse mais toujours optimiste. C’est le symbole que dans chaque situation on doit vivre nos rêves et ne jamais laisser la routine prendre possession de notre quotidien.
Pour les adultes, la morale est plus sévère: il s’agit d’un constat net sur notre comportement introverti et la perte de l’échange social qui nous dévore de plus en plus.
Enfin esthétiquement, Le petit prince s’approche un peu des productions Pixar mais grâce au stop-motion de papier il offre une expérience visuelle incroyable (non pas que la 3D soit indispensable au visionnage). Que le public soit adulte ou plus jeune, l’avis sera sans doute le même: ce film ne sabote pas l’œuvre de laquelle il s’inspire si ce n’est qu’il la modifie et en offre une version actuelle et touchante.
Présenté au festival de Cannes 2015, le film se voit distribuer une très bonne promo. Vous pourrez donc le découvrir en avant-première parmi les nombreuses prévues dans toute la France avant sa sortie en juillet.
Un avis du film Le petit prince sur le site Paris Match.
- Le graphisme très beau
- La bande originale
- La morale
- Le rythme scindé
- La 3D pas indispensable