Critique – Cendrillon

Salacadou, la magicabou, Cendrillon renfile ses pantoufles de verre pour son film live-action, produit par Disney. Au rendez-vous dans cette critique, courage, bonté, paillettes et papillons.

Il était une fois les studios Disney qui trouvèrent une poule aux œufs d’or : refaire les classiques d’animations en film live. Après Maléfique l’an dernier et avec un calendrier qui se remplit, les studios adaptent en ce début d’année l’une de leurs plus célèbres princesses, Cendrillon, ici sous les traits de l’actrice britannique Lily James (Lady Rose dans la série Downton Abbey). Overdose de niaiserie ou conte pour enfant revisité ?

Scénario d’origine et personnages originaux

Ne vous attendez pas à beaucoup de nouveautés côté histoire. Ella est une jeune femme ayant perdu sa mère alors qu’elle était enfant et qui vit depuis d’après les derniers conseils de celle-ci : « Sois courageuse et bienveillante ». C’est ainsi qu’elle accueille malgré tout la nouvelle épouse de son père, Lady Tremaine, et ses deux filles Anastasie et Javotte. A la mort de son père, Ella devient servante de sa marâtre et de ses demi-sœurs, et la cendre de ses guenilles lui valent le surnom de Cendrillon (Cinderella en anglais). Sa rencontre avec un bel inconnu et l’annonce du bal princier vont changer son destin.

Si l’histoire reste inchangée, hormis le détail que Cendrillon rencontre son prince une fois avant le bal, l’écriture des personnages, elle, est plus intéressante. Dans la veine de l’écriture des contes pour enfants, le raisonnement de chacun est ici poussé à l’extrême. Explication : dans son leitmotiv « sois courageuse et bienveillante », Cendrillon excelle de patience et de gentillesse, même envers ses geôlières l’ayant assignée à faire la vaisselle et à dormir dans le grenier avec les souris – oui, on retrouve les petites souris, même Gus-Gus. Lady Tremaine, interprétée par l’excellente Cate Blanchett (Blue Jasmine, Le Hobbit), en bonne marâtre cruelle qui se respecte, éprouve clairement un malin plaisir à dicter la nouvelle et misérable vie d’Ella. Anastasie et Javotte, respectivement jouées par Holliday Grainger et Sophie McShera (oui, c’est Daisy de Downton Abbey !), sont plutôt des grandes gamines pourries gâtées qui font une compétition pour la plus belle ombrelle à la mode. Malgré cela, on ne ressent pas de réelle animosité envers Cendrillon, à la différence du dessin animé où elles se montrent bien plus mesquines. Quant au Prince, il gagne ici un prénom, Kit, et un semblant de personnalité. C’est Richard Madden (Robb Stark de Game of Thrones) qui endosse le rôle de cet apprenti-roi cherchant à défier son père, à commencer en ce qui concerne son mariage. Ce sera un mariage d’amour sinon rien, et c’est avec cet amoureux transi que la mystérieuse princesse voit se dessiner son « heureux pour toujours ». Cet aspect excessif des personnages est très réussi et sied parfaitement au genre du conte.

Robe et costume majestueux pour la scène clef du bal entre Cendrillon et son prince Kit

Une « alerte paillettes » presque prévisible

Les visuels et les bandes annonces n’avaient pas menti, Cendrillon est un film rose avec des paillettes et des papillons – aussi belle soit elle, la robe de Cendrillon s’orne de papillons sur le col, c’est vrai que 10.000 strass Swarovski ne devaient pas être assez clinquants. Humour à part, on retrouve tout de même un peu trop de clichés qui peuvent donner une overdose de niaiserie aux plus réfractaires. La direction artistique du film prend ce parti-pris, avec notamment des costumes tous plus scintillants les uns que les autres. Mention spéciale à la robe de bal de Lady Tremaine, qui pourrait presque rejoindre Cruella d’Enfer sur les podiums des couturiers parisiens. Hormis les costumes, les dialogues aussi participent à cette ambiance légère et naïve, notamment les instants privilégiés que partagent Kit et Ella avant les douze coups de minuit. Il faut mettre de côté l’âge réel des acteurs, qui frisent les 30 ans, et remettre les personnages dans le contexte du conte, où ils doivent forcément être plus jeunes que ça pour ainsi glousser et papillonner des cils.

Lady Tremaine et ses filles, prêtes pour la chasse au prince

Un bon moment malgré tout

Pour peu que l’on ait conservé son âme d’enfant, cette niaiserie ambiante n’est absolument pas un défaut du film. Il faut prendre Cendrillon comme un conte avant tout, plutôt ciblé pour les enfants, la preuve avec la devise de Cendrillon qui résonne comme la morale de l’histoire. Les personnages, aux caractères assez unidimensionnels, comblent leur manque de profondeur avec une pointe d’humour. Pour le comique de situation un peu cinglé, on apprécie particulièrement le passage de la transformation de Cendrillon grâce à sa Marraine la Bonne Fée, interprétée par une Helena Bonham Carter gracieusement folle-dingue qui sied au rôle étant donné que le personnage de l’actrice s’accorde au personnage du conte. Pour la touche de second-degré, c’est plutôt Lady Tremaine qui s’y colle, tantôt luciférienne envers Cendrillon, tantôt dépassée avec le management de ses filles dans la course au mariage royal. Avec la narration parfaitement claire, le scénario bien découpé et la mise en scène au petit oignons, le film réalisé par Kenneth Branagh (The Ryan Initiative, Thor) se laisse regarder tout seul, le tout avec humour. Pari réussi pour les studios Disney qui, s’ils ne brillent pas d’inventivité en proposant cette nouvelle version un peu simplette d’un de leurs plus grands classiques d’animation, peuvent garder le mérite de produire un film léger et sympathique devant lequel on passe un très bon moment.

Pour d’autres avis sur la douce Cendrillon, voici les critiques de chez BrainDamaged et JuneTv.