Dumb And Dumber De fois plus déjanté ?
Dumb And Dumber De prend place vingt ans après les aventures déjantées du premier épisode. Mais les années semblent ne pas avoir eu d’impact sur Lloyd et Harry, toujours aussi timbrés même avec quelques petites rides en plus. Alors que le duo zone dans leur quartier, plus que jamais à l’affut du moindre gag bien gras, Harry apprend qu’il est père. Ni une ni deux, les deux éternels amis partent à la recherche de l’enfant, semant le chaos et la consternation dans leur sillage, allant jusqu’à plus ou moins se fondre dans un concours pour surdoués.
Dumb And Dumber De arrive juste à temps pour relancer la carrière des frères Farrelly, alors que leur carrière ressemble de moins en moins à celle qu’on leur prédisait. Véritable phénomène dans la deuxième moitié des années quatre-vingt-dix, les deux frangins ont fini par disparaître peu à peu des radars, et ce depuis leur passablement raté L’Amour Extra Large. Dumb And Dumber De est donc un projet salvateur, un as dans la manche, un joker tellement précieux que même Jim Carrey était hésitant à l’utiliser. Mais après quelques tractations, le projet fut mis en production et voici que le résultat se présente à nous aujourd’hui. Alors, aussi bien que le premier, ce Dumb And Dumber De ?
Dumb And Dumber De débute en interpellant tout de suite les amateurs du premier film, tellement culte que même Jennifer Lawrence en est fan. On retrouve Jim Carrey dans la peau de Lloyd, interné en hôpital psychiatrique, visiblement encore terrassé par l’histoire de la mallette du premier film. Vingt année à faire le légume, à se laisser pousser une barbe impressionnante (du bel ouvrage), et surtout à préparer un coup ignoble à son pote Harry, toujours interprété par un Jeff Daniels en grande forme depuis sa nomination aux Emmy Awards 2014. Pour faire la transition avec son prédécesseur, Dumb And Dumber De ne s’arrête pas là et convoque même Billy, le petit garçon aveugle auquel les deux abrutis ont vendu Pistache, leur oiseau mort, vingt ans auparavant. Hilarant, ce come-back finit de dire haut et fort que les frères Farrelly sont certes entrain de réaliser une suite, mais qu’ils sont conscients des attentes qu’elle provoque généralement et particulièrement avec ce Dumb And Dumber De.
Dumb and Dumber De commence pied au plancher, mais on sent tout de même que le côté méchamment drôle du film originel s’est atténué. Ca reste bien gras, que les amateurs de pets ou de gags provoquant un rire à la limite de l’indignation se rassurent : ils en auront pour leur argent. Ca reste bien outrageant, mais quelques fois on sent que les frangins, avec l’âge, ont moins de mordant. Par exemple, c’est très bien ce petit clin d’œil à Breaking Bad (la meilleur série du monde, faut-il le rappeler ?), avec Heisenberg et son bon vieux cristal bleu. Mais les réalisateurs de Dumb And Dumber De n’en tirent qu’un gag limité, amusant mais pas vraiment rentre-dedans. Les deux compères hystériques partent alors en croisade pour retrouver la fille présumée de Harry, les blagues ne semblant pas devoir perdre en rythme et gagnant même en qualité. Quand Harry et Lloyd rejoignent la mère, interprétée par une Kathleen Turner qu’on retrouve avec plaisir, le scénario peut commencer à devenir un peu plus précis. La gamine, débile profonde, a été adopté par une famille richissime. Le père étant un savant reconnu et sa femme, Adèle (Laurie Holden, vu dans la série The Walking Dead), à l’aide de son amant (Rob Riggle, vu récemment dans Let’s Be Cops et 22 Jump Street), manigançant un plan machiavélique pour toucher au plus vite un héritage conséquent. Un paquet, détenant une invention « utile pour l’humanité entière », doit être livré à un concours d’inventions, mais le père, affaibli par le poison de son odieuse femme, ne peut s’y rendre et confie à sa fille adoptive la tâche de le remplacer. Hélas, celle qui tient son intelligence de son père biologique oublie le colis, et son téléphone portable par la même occasion. Manquant de rencontrer la fille présumée de Harry, le duo arrive chez la famille de substitution et se voit confier la mission d’emmener le paquet, en compagnie de l’amant d’Adèle, à la convention pour petits génies. Un scénario qui constitue clairement un prétexte, ne réservant pas vraiment de surprise mais dans la moyenne haute de ce genre de production. Dumb And Dumber De prend alors la route, et comme pour le premier film les véhicules sont aussi stupides que les zigotos au volant.
Et c’est là que les choses se gâtent pour Dumb And Dumber De. Tout se passe plutôt bien jusqu’à un certain point du road trip. Si la première heure du film peut parfois nous faire rire aux éclats, un sentiment de lassitude se fait sentir par la suite, mais surtout ça perd en intensité comique. Disons le tout net, Dumb And Dumber De, tout comme son prédécesseur, ne s’appuie que sur sa paire de personnages farfelus, le contraste entre leur attitude insensée et les individus qui les supportent, atterrés. L’ajout de Penny, la fille présumée de Harry, ne fait pas mouche, et c’est bien triste. Si l’idée est bonne, il est indéniable que le personnage incarné par Rachel Melvin n’a pas profité d’un soin prioritaire à l’écriture. Le talent de cette jeune femme n’est pas en cause, on peut même dire qu’elle réussi très bien à féminiser les grimaces du duo, mais aucune de ses séquences ne réussi à vraiment faire mieux qu’un petit sourire convenu. Un véritable raté qui a des répercussions sur l’impression générale laissée par ce Dumb And Dumber De.
Globalement, Dumb And Dumber De reste une comédie grasse assez satisfaisante, moins scato que le premier film mais aussi moins bien rythmée dans sa seconde moitié. Et aussi moins soignée formellement, avec une foultitude de faux-raccord parfois bien visibles, notamment dans les raccords dans l’axe, problématiques presque à chaque fois. D’ailleurs, la mise en scène est généralement sans relief, mais c’est le lot des comédies portées par un génie du genre, ici Jim Carrey, qui concentre sur lui tout le spectacle donc l’attention du ou des réalisateurs. Bien sûr, certains vont se sentir obligés de hurler que Dumb And Dumber De est vulgaire à souhait, tout en se demandant comment on peut rire d’un humour aussi pipi caca, aussi régressif. Même s’ils ont passablement raison, certains gags étant très au-delà de la limite du bon goût (la séquence de la grand-mère en choquera plus d’un), ils ne feront qu’exciter les amateurs d’un humour qui ne se vit pas la bouche en cul de poule. Dumb And Dumber De est un pet bien bruyant en pleine soirée entre potes : on sait que c’est bête, mais on rit généreusement.
- Jim Carrey à l'aise.
- Vulgaire, mais ça fait du bien.
- Les liens avec le premier film.
- La seconde partie, moins drôle.
- Visuellement baclé.
- Penny, personnage raté.